La géopolitique : une première étrange omission
Dès lors, M. Benomar, d’origine marocaine et de nationalité britannique, peut librement instruire le procès du Maroc qui aurait marchandé ses succès diplomatiques actuels contre « d’obscures contreparties ». L’assertion surprend venant d’un personnage supposément rodé aux coulisses diplomatiques, laissant penser naïvement que les relations internationales seraient une affaire de bons sentiments ou que les Etats pouvaient être motivés par autre chose que par leurs intérêts.
Une diplomatie marocaine caricaturée
Poursuivant cette approche étrangement asymétrique, il caricature la diplomatie marocaine, l’accusant de privilégier la confrontation et de mobiliser les acteurs internationaux pour « entériner le fait accompli » (Sic). La main tendue du Roi Mohammed VI à l’Algérie n’est alors dans son ‘’analyse’’ à charge qu’une clause rhétorique, vidée de tout sens véritable.
Cette minoration de la volonté royale plusieurs fois réitérée, plusieurs fois restée sans le moindre écho du côté algérien, n’est pas innocente. Elle lui permet de laisser le seul Maroc endosser la mission d’envisager ‘’une solution dans un cadre strictement maghrébin avec trois dimensions : un dialogue inclusif sahraoui-sahraoui, un dialogue direct entre le Maroc et le Polisario et un dialogue entre Rabat et Alger’’. Et peu lui importe si sa trouvaille a été tentée auparavant.
Au-delà du fait que sa démarche élude le préalable désormais évident et incontournable, à savoir que toute issue au conflit suppose la résolution des différends entre le Maroc et l’Algérie, elle jette aux oubliettes les épisodes historiques où le Maroc, avec persévérance, s’est plié à ces échanges qui ont vu les rencontres entre les chefs d’Etat des deux pays se multiplier à la frontière maroco-algérienne, ouvrant la voie au sommet maghrébin de Zeralda en Algérie en juin 1988, et par le suite au sommet constitutif de l’UMA à Marrakech en février 1989.
Dans ce contexte de construction vertueuse, le défunt Roi Hassan II avait reçu un mois avant ce sommet fondateur une délégation de la direction du Polisario dans la ville ocre. Plus tard, il confiera au Roi Mohammed VI, alors Prince héritier, de discuter avec des représentants du mouvement séparatiste, à Tanger. Simultanément, les responsables marocains continueront à rencontrer les représentants du Polisario, en secret ou en public, indifféremment à Genève et à Rabat. Un dialogue sahraoui-sahraoui a même été engagé en 1993 à Laayoune, chef-lieu de Sakiat Alhamra au Sahara.
Pour quel résultat ? Une rencontre de Hassan II avec le président Chadli Benjdid à Bousfer dans la région d’Oran en 1992, qui a tourné court, transformée par la hiérarchie militaire algérienne en une dérisoire démonstration de force pour impressionner le souverain marocain.
Moins d’une année plus tard, tandis que l’Algérie s’embourbait dans sa guerre civile, survenait l’attentat d’Atlas Asni, à Marrakech, ville de la fondation de l’UMA, perpétré par un groupe de jeunes franco-algériens dont la manipulation par la sécurité militaire algérienne est bien plus qu’une forte présomption. Un évènement qui a été déterminant dans l’escalade de la défiance entre les deux voisins maghrébins.
Les années 1970 en 2025
Tant d’occultations finissent par faire de son interview un fouillis de sournoiseries et de fausse candeur qui lui fait dire sur le ton ingénu du sage distancié : ‘’qu’est-ce qui empêche l’un des chefs d’État de décrocher son téléphone et de dire à son homologue : « Mon frère, la semaine prochaine, je viens vous rendre visite. Parfois, le début d’un apaisement ne tient qu’à un geste simple, mais courageux. »
On pourrait indulgemment croire que vingt-cinq ans de diplomatie à l’ONU n’ont pas réussi à apprendre à M. Benomar que le pouvoir en Algérie ne relève pas d’un simple ‘’guichet unique’’ mais d’une mosaïque complexe d’intérêts claniques. Sauf que derrière cet interview que ne renieraient pas la presse inconditionnelle du pouvoir algérien ni le groupuscule gauchiste marocain Annahj, la vérité est beaucoup plus simple : l’ancien détenu politique marocain est toujours prisonnier des prismes idéologiques de ses années 1970 au Maroc.












L'accueil




Guterres snob Attaf à Luanda : l'ONU rompt avec l'impolitesse algérienne sur le Sahara












