La jeunesse marocaine n’est pas désintéressée.
Or ce que le Maroc lui offre aujourd’hui, c’est un labyrinthe : des procédures interminables, des guichets fermés, des programmes d’insertion sans lendemain. Il faut changer de paradigme. La jeunesse n’est pas une variable d’ajustement, c’est le moteur central du développement. Ce n’est pas une dépense sociale, c’est un investissement stratégique. Le Maroc a longtemps cru qu’il suffisait de construire des routes et des zones industrielles pour se moderniser.
Mais un pays ne se modernise pas seulement par ses infrastructures ; il se modernise par ses citoyens. Une société qui ne donne pas la parole et la responsabilité à sa jeunesse se condamne à tourner en rond, prisonnière de son passé.
La clé du changement, c’est d’abord la liberté.
Deuxième verrou : le capital. Les jeunes Marocains regorgent d’idées, mais se heurtent à la muraille du financement. Les institutions bancaires ne leur parlent pas ; elles leur opposent le langage du risque et des garanties. Il faut créer un véritable Fonds générationnel, alimenté par l’État, les régions, les entreprises et la diaspora, pour cofinancer les projets des jeunes, qu’ils soient économiques, culturels ou technologiques.
Ce fonds, inspiré des modèles asiatiques, permettrait de transformer les idées en entreprises, les rêves en emplois. Parallèlement, il faut réserver 10 % des marchés publics aux jeunes entrepreneurs, non par charité, mais par lucidité : c’est là que naît la croissance du futur. Quand un pays croit en sa jeunesse, il n’attend pas qu’elle réussisse ailleurs pour la célébrer ; il lui donne les moyens de réussir ici.
Mais aucune politique de jeunesse ne réussira sans repenser le rapport entre formation et emploi.
À cela s’ajoute l’urgence d’une révolution éducative. Le Maroc continue de produire des diplômés sans débouchés, au lieu de former des citoyens capables d’apprendre à apprendre. Il faut enseigner à coder, à gérer, à inventer, à collaborer, à oser. Chaque jeune devrait disposer d’un Passeport Compétences numérique : un CV vivant, certifié, reconnu par les entreprises, intégrant ses savoirs formels et informels. L’école du XXIe siècle doit être un lieu d’éveil, pas d’attente. Mais une société ne se reconstruit pas uniquement par le travail ou la formation.
Elle se refonde aussi par le sens du collectif. C’est pourquoi il faut instaurer un service civique volontaire, de six mois, au service de la nation dans les écoles, les hôpitaux, le patrimoine, l’environnement. Servir, c’est grandir. Donner de soi, c’est apprendre à aimer ce que l’on reconstruit. Ce service ne doit pas être une conscription forcée, mais un contrat moral avec la patrie.
Le Maroc ne pourra se relever sans sa jeunesse, parce que la jeunesse, c’est sa force vive, sa mémoire en devenir, sa chance d’échapper à la répétition des erreurs.
Il manque de clés, d’audace et de confiance. Occupez-vous de la jeunesse. Non pour la surveiller ni pour la distraire, mais pour la libérer. Le Maroc n’a pas besoin d’un plan d’urgence ; il a besoin d’un pacte de confiance. La jeunesse n’attend pas d’être encadrée. Elle attend d’être écoutée, reconnue, responsabilisée. Ce pays n’a pas de problème de talent. Il a un problème de clés. Donnons-les aux jeunes, et l’avenir s’ouvrira.
PAR RACHID BOUFOUS/FACEBOOK.COM












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