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Silence, on calomnie ! La presse algérienne face à la diplomatie mauritanienne

Quand le mépris déguisé en indignation trahit une obsession : réponse à la presse algérienne


Rédigé par Maghreb Intelligence le Lundi 14 Juillet 2025

La presse algérienne s’en prend à Ghazouani : derrière l’indignation, un mépris mal dissimulé et une vision caricaturale de la diplomatie africaine :
Une tribune algérienne attaque violemment la visite du président mauritanien à Washington, révélant un malaise profond.
La critique du silence diplomatique de Ghazouani trahit une incompréhension des subtilités politiques.
Derrière l’indignation affichée, un paternalisme déguisé et une jalousie mal assumée.



Le faux procès de Ghazouani ou l’art algérien de parler au nom des autres

Il y a parfois, dans certains textes qui prétendent défendre la dignité africaine, un relent de paternalisme condescendant qui frôle l’indécence. La tribune signée par Mohamed Rachid Cherfaoui, publiée le 10 juillet 2025 dans Le Matin d’Algérie, en est l’illustration parfaite.

Sous couvert d’un lyrisme enflammé, l’auteur s’en prend à la récente visite du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à Washington, dénonçant ce qu’il appelle une « scène impériale ». Il dépeint Ghazouani comme un homme effacé, quasiment humilié, incapable de tenir tête au pouvoir américain. Mais à lire entre les lignes, on comprend rapidement que cette attaque ne parle ni de diplomatie, ni de la Mauritanie, encore moins des enjeux régionaux. Elle est l’expression d’une frustration politique algérienne qui cherche des exutoires, fût-ce au prix d’une déformation grotesque de la réalité.

Car en vérité, ce texte est moins une analyse qu’un fantasme. Un théâtre d’ombres où chaque geste, chaque silence est réinterprété à charge, sans nuance ni recul. Une scène reconstituée pour servir un narratif victimaire, dans lequel les dirigeants africains ne seraient que des marionnettes, sauf s’ils répondent aux critères d’orgueil que s’est fixé l’auteur.

​Le silence diplomatique n’est pas de la soumission : c’est de la stratégie

Il faut avoir une connaissance superficielle du langage diplomatique pour confondre retenue et capitulation. Ceux qui ont écouté Ghazouani à Addis-Abeba ou à Riyad savent qu’il est tout sauf passif. C’est un homme d’État sobre, attentif au contexte, qui choisit ses mots avec soin et mesure ses silences avec précision.

Dans le monde de la diplomatie, le silence peut être plus éloquent qu’un discours mal calibré. Il peut signifier la prudence, l’indépendance ou encore une volonté de ne pas tomber dans les jeux de posture. En affirmant que le président mauritanien « a collaboré avec son propre effacement », Cherfaoui ne fait que projeter ses propres obsessions sur une scène qu’il ne maîtrise pas.

Cette formule, d’une violence gratuite, illustre parfaitement la tentation de certains chroniqueurs algériens à vouloir parler à la place des autres dirigeants africains. Mais parler au nom de l’Afrique ne donne pas le droit d’en humilier les représentants.

​Ce que cache vraiment cette indignation algérienne

Ce qui gêne véritablement, dans cette tribune, ce n’est pas la critique — légitime dans toute démocratie — mais l’intention qui la sous-tend : une instrumentalisation de la mémoire coloniale au service d’un ressentiment contemporain.

Plutôt que de contribuer à l’élévation du débat politique africain, l’article verse dans le ressentiment théâtralisé, un besoin de spectacle où la dignité ne se mesure qu’en coups de menton. Cette indignation de façade, loin de défendre l’Afrique, la fige dans un imaginaire postcolonial binaire : les puissants contre les dominés, les voix fortes contre les présences silencieuses. Or, le réel est infiniment plus complexe.

Le respect d’un partenaire ne se mesure pas à la hauteur du ton employé. Il se construit dans la durée, par des actes, des accords, une coopération équilibrée. Le déplacement de Ghazouani à la Maison-Blanche s’est inscrit dans cette logique, avec à la clé des discussions concrètes sur la sécurité au Sahel, la coopération énergétique et le développement régional.

Mais ce type de diplomatie pragmatique ne fait pas vendre de papier. Elle est trop subtile pour ceux qui préfèrent les envolées indignées.

​Une presse qui prétend défendre l’Afrique en la caricaturant

Le plus paradoxal dans ce genre de tribune, c’est qu’en prétendant libérer les voix africaines, elle les enferme dans des stéréotypes coloniaux inversés. Car refuser à un dirigeant africain le droit au silence, à la stratégie, à la nuance, c’est refuser de le considérer comme un véritable chef d’État.

On ne peut d’un côté appeler à une Afrique souveraine et, de l’autre, infantiliser ses présidents dès qu’ils ne se comportent pas comme des héros de cinéma. Gouverner, ce n’est pas faire du théâtre. Ce n’est pas répondre aux exigences émotionnelles de chroniqueurs blessés dans leur fierté nationale.

La presse algérienne ferait mieux de balayer devant sa porte, plutôt que de distribuer les bons et mauvais points aux autres. Car cette posture donne à voir une chose : derrière la prétendue défense de l’Afrique, se cache souvent une jalousie mal contenue face aux dynamiques diplomatiques de pays voisins, plus stables ou plus écoutés.

​Une indignation hors sujet et dangereuse

En définitive, ce genre de tribune ne fait qu’alimenter les divisions et les malentendus. Elle oppose les Africains entre eux, décrédibilise leurs dirigeants et mine les efforts de coopération régionale.

La Mauritanie n’a pas besoin qu’on la défende contre elle-même. Elle a des institutions, une diplomatie, une stratégie claire. Elle n’est ni naïve ni soumise. Et si elle choisit de ne pas hausser le ton devant les caméras, c’est sans doute parce qu’elle comprend que l’avenir ne se joue pas en slogans, mais dans les actes concrets.

Il est temps, peut-être, pour une partie de la presse algérienne, de reconnaître ses propres angles morts. De comprendre que toutes les critiques ne sont pas éclairées, que toutes les postures ne sont pas héroïques. Et qu’à force de vouloir incarner la voix des sans-voix, on finit parfois par étouffer les voix légitimes.

​La dignité, ce n’est pas crier plus fort que les autres

Le président Ghazouani n’a pas manqué de dignité. Il n’a pas été effacé. Il a simplement refusé de se prêter au jeu du spectacle.

Et c’est peut-être cela, la vraie grandeur diplomatique : savoir quand il faut parler, et surtout quand il faut se taire. C’est une leçon que certaines plumes, trop empressées de jouer les consciences africaines, feraient bien de méditer.

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Lundi 14 Juillet 2025

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