L’annonce, faite par le Conseil d’administration de la Banque mondiale, révèle qu’un don de 4 millions USD provient du Livable Planet Fund (LPF) pour alimenter le Programme de transformation des systèmes agroalimentaires du Maroc, déjà doté de 250 millions de dollars depuis décembre 2024. Cette somme, bien que modeste à l’échelle globale, joue un rôle stratégique pour lever des obstacles concrets rencontrés par les petits et moyens agriculteurs, notamment ceux du secteur céréalier pluvial, durement touché par les aléas climatiques.
Dans les campagnes marocaines, où l’agriculture demeure un pilier de l’économie et des moyens de subsistance, cette annonce a résonné comme un signe d’espoir. Qui n’a pas, ces dernières années, entendu un agriculteur de la région de Khemisset se plaindre de rendements incertains ou vu des jeunes diplômés renoncer à reprendre les exploitations familiales faute de perspectives viables ? Voilà précisément ce que ce financement cherche à adresser.
Ce renforcement financier cible particulièrement la transition vers l’agriculture de conservation, considérée comme plus durable, résiliente et respectueuse des sols. Près de 1 200 agriculteurs répartis sur environ 20 000 hectares devraient bénéficier de cette initiative. L’une des innovations clés du projet est l’introduction de bons numériques (e-vouchers). Ces bons permettront aux bénéficiaires de réduire les coûts de production en facilitant l’accès à la mécanisation moderne (comme le semis direct) et à des semences adaptées aux conditions climatiques difficiles.
L’approche digitale n’est pas une simple lubie technologique. Elle répond à un besoin réel d’efficacité dans des zones rurales où l’accès aux outils modernes reste coûteux et fragmenté. Les acteurs du terrain y voient une opportunité d’augmenter leurs rendements tout en améliorant l’accès aux marchés. Et ce n’est pas tout : la mutualisation des récoltes via des mécanismes d’agrégation intelligente est conçue pour renforcer le pouvoir de négociation des producteurs, améliorer leur inclusion financière et leur permettre d’accéder à des débouchés plus rémunérateurs.
Dans une logique de transparence et de résultats mesurables, le programme intègre également un renforcement du suivi, de l’évaluation et de la gestion. Suivre l’adoption des pratiques climato-intelligentes, mesurer les gains de rendement et de revenu, ou encore quantifier la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont autant d’indicateurs qui permettront d’ajuster les actions en temps réel.
Pour les femmes et les jeunes agriculteurs, souvent marginalisés, ce soutien représente une fenêtre d’opportunité significative. Le projet inclut des mesures pour faciliter leur accès au financement et aux marchés un élément essentiel dans un pays où la jeunesse rurale cherche de plus en plus à concilier tradition et innovation.
Ce financement additionnel, s’inscrivant dans la continuité de l’effort global entamé l’an dernier, vient ainsi renforcer une démarche déjà ambitieuse du Maroc pour faire face aux défis climatiques et alimentaires. Il illustre aussi l’importance de partenariats solides entre le Royaume et des institutions internationales dans la construction d’un modèle agricole à la fois viable, durable et porteur d’emplois.
Plus qu’un simple soutien financier, cette allocation de 4 millions de dollars est un signal politique fort : elle confirme que, face à un climat de plus en plus imprévisible, une agriculture marocaine résiliente n’est pas une utopie, mais une nécessité stratégique. Et pour beaucoup d’acteurs du terrain, c’est une étape vers une souveraineté alimentaire renforcée, dans une ère où l’innovation, la solidarité et l’agilité deviennent des alliées indispensables.












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