Mardi 28 octobre 2025, Ahmed Touizi a donc publié une mise au point pour « rétablir les faits ».
Sa défense tient en trois axes, limpides. Un : l’expression relève de la métaphore dans la darija marocaine, et renvoie à des manipulations de pièces administratives — factures, déclarations, justificatifs — destinées à obtenir indûment des subventions. Deux : prise au pied de la lettre, l’idée n’a aucun sens économique. Le papier coûte plus cher que la farine ; personne de rationnel ne songe à en « moudre » pour tromper qui que ce soit. Trois : l’objet de son intervention n’était pas la punchline, mais un appel au contrôle : qualité du farine subventionnée, volumes déclarés par les opérateurs, et mécanismes de versement de l’aide publique. Autrement dit : du fond, pas de la comédie.
Le fond, justement. Derrière le vacarme, il y a un vrai sujet d’intérêt général : la crédibilité de la chaîne du soutien public, en particulier sur des biens sensibles comme la farine ou le gaz butane. Touizi le dit sans détour : il plaide pour une réforme assumée de la caisse des subventions, avec une sortie progressive des aides généralisées au profit d’aides directes et ciblées vers les ménages modestes. C’est à la fois un enjeu de justice sociale — éviter que les rentes et les effets d’aubaine ne captent l’argent public — et un enjeu budgétaire — restaurer des marges de manœuvre pour financer des priorités claires (éducation, santé, emploi, infrastructures).
Le fond, justement. Derrière le vacarme, il y a un vrai sujet d’intérêt général : la crédibilité de la chaîne du soutien public, en particulier sur des biens sensibles comme la farine ou le gaz butane. Touizi le dit sans détour : il plaide pour une réforme assumée de la caisse des subventions, avec une sortie progressive des aides généralisées au profit d’aides directes et ciblées vers les ménages modestes. C’est à la fois un enjeu de justice sociale — éviter que les rentes et les effets d’aubaine ne captent l’argent public — et un enjeu budgétaire — restaurer des marges de manœuvre pour financer des priorités claires (éducation, santé, emploi, infrastructures).
Pourquoi, alors, cette phrase a-t-elle pris une telle ampleur ?
Parce que la politique des mots est devenue un sport de combat. Face au flux tendu des réseaux, la nuance s’évapore : on isole une expression, on la literalise, on la charge d’intentions, on la propulse dans le tourbillon des indignations. L’algorithme adore ce qui choque ; il se moque de ce qui explique. Résultat : un débat nécessaire — comment mieux sécuriser l’argent public ? — se voit parasité par une controverse de surface.
Le parlementaire assume sa part : il regrette que ses propos aient été « détournés de leur sens » et dénonce la course au buzz de certains acteurs. On peut lui retourner, sans malveillance, un principe d’hygiène oratoire que connaissent bien les praticiens de la chose publique : tourner sa langue sept fois avant de parler, surtout lorsqu’on mobilise une expression idiomatique susceptible d’être décontextualisée. Ce n’est ni de la frilosité, ni de l’auto-censure ; c’est l’intelligence du contexte. À l’ère des captures d’écran et des clips de 10 secondes, la formulation n’est plus un détail : c’est une stratégie de survie pour les idées.
Le parlementaire assume sa part : il regrette que ses propos aient été « détournés de leur sens » et dénonce la course au buzz de certains acteurs. On peut lui retourner, sans malveillance, un principe d’hygiène oratoire que connaissent bien les praticiens de la chose publique : tourner sa langue sept fois avant de parler, surtout lorsqu’on mobilise une expression idiomatique susceptible d’être décontextualisée. Ce n’est ni de la frilosité, ni de l’auto-censure ; c’est l’intelligence du contexte. À l’ère des captures d’écran et des clips de 10 secondes, la formulation n’est plus un détail : c’est une stratégie de survie pour les idées.
Reste la question de fond, la seule qui vaille. Si l’on admet — et il faut l’admettre — que le soutien public doit arriver aux bonnes personnes, alors deux impératifs s’imposent
D’abord, tracer : qualité du produit subventionné, traçabilité des volumes, cohérence entre production déclarée, stocks, ventes et aides perçues. Ensuite, cibler : substituer autant que possible des transferts directs (monétaires ou quasi-monétaires) aux subventions généralisées, qui profitent mécaniquement à des ménages qui n’en ont pas besoin autant que d’autres. Ce virage ne se décrète pas d’un tweet : il se prépare, se teste, se calibre socialement, avec des garde-fous pour protéger le pouvoir d’achat dans la transition.
Dans sa clarification, Touizi insiste sur la continuité de son engagement : défendre l’assainissement de la dépense publique, préserver la dignité des bénéficiaires, équilibrer les finances de l’État. On pourra discuter des rythmes, des outils et des priorités, mais on ne devrait pas perdre de vue que l’ambition — mieux cibler, mieux contrôler, mieux servir — fait consensus au-delà des clivages. La vraie ligne de fracture ne passe pas entre « pro-subventions » et « anti-subventions », mais entre statut quo confortable et réforme exigeante, entre opacité et reddition de comptes.
Dans sa clarification, Touizi insiste sur la continuité de son engagement : défendre l’assainissement de la dépense publique, préserver la dignité des bénéficiaires, équilibrer les finances de l’État. On pourra discuter des rythmes, des outils et des priorités, mais on ne devrait pas perdre de vue que l’ambition — mieux cibler, mieux contrôler, mieux servir — fait consensus au-delà des clivages. La vraie ligne de fracture ne passe pas entre « pro-subventions » et « anti-subventions », mais entre statut quo confortable et réforme exigeante, entre opacité et reddition de comptes.
Cet’épisode laisse deux leçons.
Première : les responsables publics doivent parler clairement, préférer les termes explicites aux images locales qui se traduisent mal à l’écran national. Les métaphores voyagent mal ; les malentendus voyagent très vite. Deuxième : nous, médias et citoyens, avons tout à gagner à lire avant de réagir, à interroger la source avant de partager l’extrait, à revenir au texte avant de juger l’homme. C’est à ce prix qu’un pays passe du bruit à la délibération, et d’une polémique de quatre-vingt caractères à une politique publique de long terme.
Au bout du compte, l’important n’est pas de savoir si l’on « moud » des feuilles, mais si l’on renforce les contrôles, si l’on cible mieux le dirham public, si l’on protège à la fois le panier du ménage et la colonne vertébrale budgétaire.
Pour y parvenir, il faudra des mots justes, des procédures solides et un débat adulte. Tourner sa langue sept fois ne tue pas la franchise ; cela sauve la clarté. Et la clarté, dans ces dossiers, vaut davantage que toutes les petites frayeurs virales.
Au bout du compte, l’important n’est pas de savoir si l’on « moud » des feuilles, mais si l’on renforce les contrôles, si l’on cible mieux le dirham public, si l’on protège à la fois le panier du ménage et la colonne vertébrale budgétaire.
Pour y parvenir, il faudra des mots justes, des procédures solides et un débat adulte. Tourner sa langue sept fois ne tue pas la franchise ; cela sauve la clarté. Et la clarté, dans ces dossiers, vaut davantage que toutes les petites frayeurs virales.












L'accueil

















