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Tel-Aviv s’oxygène africain à Rabat

Il serait peut être temps de penser à étendre l’opération ‘Marhaba’ à nos compatriotes sépharades résidant en Israël.


Rédigé par le Mercredi 11 Août 2021

La visite au Maroc du chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, est un évènement en soi. Non qu’elle ait un quelconque effet sur les évènements au Moyen Orient, mais plutôt pour sa portée africaine.



A chaque fois qu’il est question des relations entre le Maroc et Israël, nombre de commentateurs se sentent obligés de faire nécessairement le lien avec la question palestinienne, ce qui constitue une vision plutôt réductrice desdites relations.

Pendant les deux jours que dure la visite de Yaïr Lapid dans le royaume, il est essentiellement question de la signature de trois accords bilatéraux et de l’inauguration de la délégation diplomatique israélienne à Rabat.

Il est à noter qu’il ne s’agit pas encore d’une ambassade.

Psychiatre schizophrène

Dix huit ans après la rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv et sept mois après leur reprise, la venue du chef de la diplomatie israélienne vient surtout mettre à la lumière du jour des rapports entre les deux pays restés longtemps discrets.

Aussi, quand le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, fait l’intéressant en criant sur les toits qu’il ne va pas recevoir Yaïr Lapid, ce n’est évidemment que du populisme de bas étage.

C’est quant même ce même El Othmani qui a signé la déclaration conjointe entre le Maroc, Israël et les Etats-Unis, en décembre 2020. A moins que le psychiatre ne soit devenu schizophrène.

Après avoir accueilli, de manière très médiatisée en juin dernier, le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, il aurait plus utile à la cause palestinienne qu’El Othmani prenne langue également avec le chef de la diplomatie israélienne.

Alternative au conflit

Il faut être réaliste. Mis à part jouer un rôle d’intermédiation entre les Palestiniens et les Israéliens, ce dont les deux parties ont bien besoin, même si aucune n’est prête à le reconnaître publiquement, qu’est-ce que l’on peut bien faire pour mettre un terme à ce conflit ?

Les sept jours de confrontations entre l’armée israélienne et les factions palestiniennes à Gaza, en mai dernier, ont clairement démontré qu’il n’y a pas de solution militaire à leur antagonisme.

La force de frappe israélienne n’a jamais pu venir à bout de la résilience palestinienne. Comme les Palestiniens payent très chers chaque guerre avec les Israéliens.

Les pays du Moyen Orient qui jettent de l’huile sur le feu du conflit israélo-palestinien ne servent que leurs propres agendas.


La dimension africaine

Une autre manière d’analyser la visite de Yaïr Lapid au Maroc est l’ambition d’Israël d’intégrer un espace de coopération qui ne lui soit pas foncièrement hostile comme le Moyen Orient. L’adhésion d’Israël à l’Union africaine, en tant que membre observateur, s’inscrit dans ce sens.

Plutôt que de jouer aux pitres comme les caporaux d’Alger, qui font semblant de chercher à annuler cette adhésion, alors que 48 pays africains sur 54 entretiennent déjà des relations avec Israël, Rabat exploite plutôt la situation à son profit.

D’abord, le Maroc, qui capitalise sur ses années d’efforts diplomatiques et ses milliards d’investissements sur le continent pour conforter son ambition de ‘Porte de l’Afrique’, a tout intérêt à attirer les opérateurs économiques israéliens.

Autant le Maroc peut mettre à la disposition d’Israël son solide réseau de relations avec les pays africains, outre ses infrastructures et moyens logistiques aux normes internationales, autant cette dernière peut le faire bénéficier du sien auprès des investisseurs internationaux.

Nouveaux horizons de partenariat

Déjà, depuis le 1er janvier, les relations économiques entre le Maroc et la Grande-Bretagne sont régies par un nouvel accord post-Brexit, avec une volonté affichée d’aller jusqu’au libre-échange.

Privés des accès préférentiels sur les marchés de l’Union européenne, les Britanniques lorgnent du côté de l’Afrique, le seul continent dont les perspectives démographiques offrent d’intéressantes perspectives de croissance économique.

Comme le Maroc tient à élargir ses horizons de partenariat, pour sortir de son tête-à-tête avec les pays d’Europe continentale, qui ne lui veulent pas tous que du bien, développer des liens économiques et politiques avec Israël est une opportunité qu’il serait bête de sous-estimer.

Cerise sur le gâteau, la présence d’Israël au sein de l’Union africaine permettrait, par ailleurs, d’accélérer le renvoi de la pseudo-république sahraouie de l’instance continentale.

Dépasser le raisonnement binaire

En quoi de meilleures relations entre le Maroc et Israël saperaient-elles la cause palestinienne ? En rien !

Les Israéliens ont beau entretenir de très bonnes relations avec tous les pays occidentaux, ainsi qu’avec la Russie et la Chine, sa sécurité ne s’en est pas trouvée pour autant améliorée.

Leur problème avec les Palestiniens, ils ne pourront les résoudre qu’avec ces derniers.

Inversement, en quoi des relations maroco-israéliennes améliorées peuvent-elles être en faveur de la paix au Proche-Orient ?

Les Palestiniens gagneraient beaucoup à avoir un pays arabe intermédiaire avec Israël qui ne soit pas directement impliqué dans les conflits du Proche-Orient, et donc moins susceptible d’instrumentaliser leur cause pour servir ses intérêts.

P.S : Opération ‘Marhaba’

Une petite remarque, en post-scriptum, il serait peut être temps de penser à étendre l’opération ‘Marhaba’ à nos compatriotes sépharades résidant en Israël.

Et bienvenue aux touristes ashkénazes, qui vont sûrement apprécier le royaume aux milles royaumes, ou ils peuvent trouver mêmes des restaurants palestiniens.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 11 Août 2021

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