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Un patrimoine public à optimiser : que valent vraiment les participations de l’État ?


le Vendredi 18 Juillet 2025



Derrière les sigles et les rapports, c’est une richesse stratégique que l’État marocain cherche désormais à faire fructifier : ses participations dans plus de 340 entreprises.
Combien vaut le patrimoine économique de l’État marocain ? Plus précisément, combien valent les participations directes et indirectes qu’il détient dans des entreprises opérant dans des secteurs aussi variés que l’énergie, les mines, la logistique, l’agriculture, la banque ou les télécoms ? Cette question, longtemps marginale ou traitée à la va-vite, est aujourd’hui au centre de la réforme pilotée par l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l’État (ANGSPE).

Ce n’est pas un hasard. Le Royaume dispose d’un portefeuille public conséquent, mais dont la gestion a longtemps été éclatée, sous-valorisée, et peu optimisée. Le rapport sur l’État actionnaire 2023-2024 change la donne : pour la première fois, une cartographie consolidée est dressée, une politique de valorisation est esquissée, et une stratégie de gestion dynamique est enclenchée.

​Un portefeuille aux multiples visages

Au 31 décembre 2023, le périmètre relevant de l’ANGSPE comprend 57 entités principales (15 établissements publics, 35 entreprises publiques à participation directe, 7 participations minoritaires) totalisant plus de 340 filiales et participations. Ce n’est pas un simple portefeuille financier : il s’agit d’un écosystème complexe, multisectoriel, avec des enjeux de souveraineté, de développement, et de performance.

Ces entreprises réalisent 67 % du chiffre d’affaires de l’ensemble du secteur public, génèrent 96 % de sa valeur ajoutée, et concentrent 75 % de ses investissements. Autrement dit, ce portefeuille est le cœur économique de l’État. Il structure des pans entiers de l’économie nationale, irrigue les territoires, et façonne les relations avec le secteur privé.

Mais cette richesse n’est pas encore pleinement exploitée. Une partie du patrimoine reste sous-utilisée, mal valorisée ou affectée à des activités non stratégiques. C’est ce que la réforme veut changer.

​Une stratégie de valorisation à plusieurs étages

Optimiser ce patrimoine, ce n’est pas le vendre. C’est d’abord en améliorer la gestion. Cela passe par une évaluation fine de chaque participation : est-elle rentable ? Est-elle alignée avec les priorités de l’État ? Est-elle bien gouvernée ? Quel est son potentiel de croissance ou de désengagement ?

Pour cela, l’ANGSPE déploie une méthodologie d’analyse patrimoniale structurée autour de quatre piliers : la rentabilité financière, appréciée à travers les dividendes générés et la valorisation boursière ou estimée des actifs ; la contribution stratégique, qui mesure l’alignement des participations avec les priorités de souveraineté, de service public ou d’inclusion territoriale ; la dynamique sectorielle, intégrant les perspectives de croissance, le niveau de concurrence et l’impact climatique ; enfin, l’état de gouvernance, évalué selon les standards d’efficacité, de transparence et de responsabilité des organes dirigeants.

À terme, le portefeuille public sera structuré autour de secteurs prioritaires (où l’État reste majoritaire), de secteurs d’ouverture partielle (où il se positionne en minoritaire stratégique), et de secteurs de désengagement (où la présence publique n’est plus justifiée).

​Des outils pour passer à l’action

Ce changement d’approche suppose des outils juridiques et financiers adaptés. La transformation de l’ANGSPE en société anonyme et en holding publique, conformément aux dispositions légales, vise à lui conférer une plus grande réactivité et agilité dans la gestion des participations de l’État, qu’il s’agisse de fusions, de regroupements, de cessions, d’acquisitions ou d’ouvertures de capital.

La consolidation des comptes en normes IFRS va également permettre, pour la première fois, une lecture réaliste du bilan de l’État actionnaire, en identifiant clairement les actifs, les passifs, les cash flows et les risques.

Autre levier : l’identification et la valorisation des actifs dormants (fonciers non exploités, participations marginales, titres historiques), qui pourront être cédés ou réaffectés à des projets structurants.

​Un enjeu budgétaire et symbolique

L’optimisation du portefeuille public ne relève pas seulement d’une logique d’investissement. Elle participe aussi d’un enjeu budgétaire : les dividendes issus des entreprises publiques doivent alimenter les ressources de l’État. En 2023, les remontées de dividendes sont encore modestes par rapport au potentiel estimé. L’objectif de l’ANGSPE est de créer les conditions pour doubler, voire tripler ces flux dans les années à venir.

Mais au-delà des chiffres, il y a un enjeu de souveraineté économique. Disposer d’un patrimoine public solide, bien géré, rentable, permet à l’État de financer ses politiques sans dépendre uniquement de l’impôt ou de la dette.

C’est aussi un symbole fort de maturité institutionnelle : un État qui connaît la valeur de ses actifs, qui les gère avec rigueur, et qui en rend compte devant ses citoyens.





Vendredi 18 Juillet 2025

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