Suite à la récente attaque américaine en territoire iranien, le ministère iranien des Affaires étrangères a exprimé sa vive indignation lors d’une interview accordée à la BBC. Qualifiant l’opération de « violation flagrante du droit international et de la souveraineté nationale », le porte-parole du ministère a appelé la communauté internationale à condamner « l’agression américaine qui menace la stabilité et la paix régionales ».

Cette déclaration s’inscrit dans la continuité de la politique iranienne qui, malgré les provocations répétées, cherche à mobiliser le droit international et les forums multilatéraux pour dénoncer l’unilatéralisme américain. Téhéran rappelle que de telles actions, loin d’assurer la sécurité, ne font qu’alimenter les tensions et risquent de plonger la région dans une spirale incontrôlable.

Dans ce contexte explosif, Donald Trump, figure toujours influente de la politique américaine, a laissé entendre lors d’une allocution que « le peuple iranien mérite un gouvernement différent, capable de le libérer de la dictature actuelle ». Cette allusion à un changement de régime n’est pas nouvelle dans la rhétorique américaine, mais elle prend un relief particulier après une attaque militaire directe.

L’histoire récente montre pourtant que les tentatives de changement de régime imposées de l’extérieur, en Irak ou en Libye, ont conduit à des chaos prolongés et à une instabilité durable. L’Iran, fort d’un appareil sécuritaire solide et d’une société mobilisée autour de la défense de sa souveraineté, n’est pas comparable à ces précédents. Toute tentative de déstabilisation externe risque de renforcer le nationalisme iranien et de légitimer encore davantage le pouvoir en place.

La question centrale demeure : l’Iran peut-il faire mieux pour se défendre face à la pression américaine ?

Sur le plan militaire, l’Iran a développé une doctrine de dissuasion asymétrique, misant sur ses missiles balistiques, ses réseaux d’alliés régionaux et sa capacité à répondre rapidement à toute agression. Mais la supériorité technologique américaine reste un défi majeur, notamment en matière de cyberdéfense et de renseignement.

Sur le plan diplomatique, l’Iran pourrait intensifier ses efforts pour sortir de son isolement, en multipliant les alliances avec la Russie, la Chine et les pays non-alignés, et en plaidant pour une médiation internationale. La réouverture du dialogue avec l’Europe, malgré les sanctions, reste une option pour desserrer l’étau économique.

Enfin, sur le plan intérieur, la résilience de la société iranienne est un atout, mais la pression économique et sociale appelle des réformes urgentes pour éviter l’exacerbation du mécontentement populaire. Renforcer la cohésion nationale, lutter contre la corruption et ouvrir davantage d’espaces de dialogue pourraient permettre à l’Iran de consolider sa défense, non seulement face à l’ennemi extérieur, mais aussi face aux défis internes.

L’attaque américaine sur le sol iranien marque une escalade grave, condamnée avec force par les autorités de Téhéran. Les menaces de changement de régime brandies par Donald Trump relèvent d’une logique dangereuse, dont les précédents historiques rappellent l’inefficacité et le coût humain. L’Iran, bien qu’acculé, conserve des marges de manœuvre pour renforcer sa défense et préserver sa souveraineté, à condition d’articuler réponse militaire, diplomatie active et réformes internes.

La communauté internationale doit aujourd’hui agir pour prévenir une nouvelle guerre majeure au Moyen-Orient, en rappelant le respect du droit international et en favorisant le dialogue plutôt que la confrontation.