Quand on déambule dans les allées du palais des congrès de Marrakech, la diversité des participants est frappante : chefs d’entreprise, responsables publics, jeunes startupers africains et délégations ministérielles de plus de 30 pays ont convergé vers la ville ocre avec une intention claire faire de la ZLECAf un instrument réel de transformation économique.
C’est dans ce contexte que Mehdi Tazi, vice-président général de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), a pris la parole aux côtés de Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce. Tazi n’a pas ménagé ses mots en rappelant que l’Afrique est soumise à une transition démographique et urbaine sans précédent. Une jeunesse qui cherche du travail, des villes en plein boom, une demande accrue en biens, services modernes et infrastructures… autant de facteurs qui exigent une réponse économique structurée.
Pourtant, malgré cet énorme potentiel, le continent reste encore trop fragmenté : le commerce intra-africain ne représente qu’une faible partie des échanges totaux, souvent estimé à moins de 15 %, un chiffre qui témoigne de freins persistants à la circulation des biens et services.Tazi l’a répété sans détour, « la ZLECAf n’est pas seulement un accord commercial ; c’est une opportunité historique pour bâtir un Made in Africa compétitif, capable de valoriser les ressources locales et de renforcer les chaînes de valeur régionales ».
Dans les coulisses des sessions plénières et des panels, plusieurs leviers concrets ont été mis en avant : la nécessité d’investir massivement dans les infrastructures logistiques et énergétiques, de renforcer l’accès au financement pour les PME, de combler le fossé numérique par l’adoption des technologies et de faciliter la libre circulation des personnes et des biens. En matière de formation, l’accent a été mis sur l’acquisition de compétences adaptées aux métiers de demain, condition sine qua non pour que les jeunes Africains puissent tirer profit de ce vaste marché.
Plus qu’un simple événement, ce forum a permis de mettre en lumière une dimension politique et stratégique. Une réunion ministérielle tenue en marge du forum a réaffirmé la volonté des pays africains de coordonner leurs positions pour la 14ᵉ Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue en mars 2026 à Yaoundé. Cette convergence montre que les ambitions africaines ne se limitent pas à la ZLECAf, mais s’inscrivent dans un cadre multilatéral plus large.
Le Maroc, grâce à ses infrastructures logistiques (Tanger Med, Dakhla Atlantique, Nador West Med), sa connectivité aérienne et la présence de ses institutions financières dans de nombreux pays africains, se présente comme un catalyseur naturel pour ces échanges.
Au terme de ces deux jours de discussions intenses, Marrakech n’est plus seulement une ville touristique : elle est devenue un carrefour stratégique pour repenser l’économie africaine. Si la mise en œuvre effective de la ZLECAf reste encore un chantier complexe, l’élan porté par ce forum donne une nouvelle dynamique à une intégration qui, jusqu’ici, était trop souvent restée théorique. Pour les acteurs économiques, publics et privés, c’est une invitation à dépasser les obstacles ensemble pour écrire une nouvelle page de prospérité partagée.












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