Mais qui sont ces Marocains qui peuplent l’économie de l’ombre ? Et pourquoi y viennent-ils ?
Dans le Maroc d’aujourd’hui, le secteur informel demeure bien plus qu’un simple angle mort de l’économie nationale. Il est, pour des millions de citoyens, un refuge, parfois choisi mais le plus souvent subi. D’après le dernier rapport de l’Enquête Nationale sur le Secteur Informel 2023-2024, près de 2,03 millions d’unités de production informelles (UPI) jalonnent le paysage socio-économique, avec une écrasante majorité de micro-entreprises unipersonnelles (85,5%), souvent sans local fixe ni reconnaissance institutionnelle.
Mais qui sont ces Marocains qui peuplent l’économie de l’ombre ? Et pourquoi y viennent-ils ?
Selon les données du Haut-Commissariat au Plan, près de 68,3 % des chefs d’UPI déclarent avoir intégré l’informel par nécessité, faute d’alternative viable dans le marché du travail formel. Derrière cette proportion se cachent plusieurs réalités sociales. Une première catégorie, majoritaire, regroupe ceux qui n’ont pas trouvé d’emploi salarié stable ou qui ont cherché à échapper au chômage, parfois après des années d’inactivité ou de petits boulots discontinus. Une autre catégorie, minoritaire mais significative (31,7 %), revendique un choix personnel, motivé par la quête d’indépendance ou la poursuite d’un métier familial.
La dimension genrée du phénomène est tout aussi révélatrice. Près de 72 % des femmes présentes dans le secteur informel y accèdent par contrainte, contre 65 % des hommes. Nombre d’entre elles étaient auparavant inactives ou au chômage, et l’informel représente souvent pour elles une première incursion dans le monde économique. Mais ce saut vers l’indépendance cache un coût : 30 % des femmes cheffes d’UPI déclarent avoir des difficultés à concilier leur activité économique avec leurs obligations familiales, un chiffre qui contraste fortement avec les 8 % rapportés chez les hommes.
Ce refuge de l’informel se révèle aussi le théâtre d’un entrepreneuriat fragile. L’autofinancement représente 72 % des modes de création des UPI, avec un recours au crédit bancaire quasi inexistant (moins de 1 %). Cette marginalisation financière, combinée à une absence de protection sociale (seulement 9,8 % affiliés à la CNSS), place ces entrepreneurs dans une précarité structurelle : leurs revenus sont instables, leurs charges sociales inexistantes, et leur avenir incertain.
Pour certains, créer une activité dans l’informel est un moyen de « tenir », un jour après l’autre, de nourrir une famille, de se donner une illusion de contrôle sur leur quotidien économique. Mais cette autonomie est souvent factice. La majorité ne dispose ni de filets de sécurité, ni de leviers de croissance. Près de 98 % des chefs d’UPI n’ont jamais eu recours à un crédit bancaire pour développer leur activité, faute de garanties, de statut juridique adapté ou de confiance dans les institutions.
Cette informalité, massive et durable, soulève ainsi une interrogation sociale et politique centrale : peut-on encore parler d’entrepreneuriat lorsque l’essentiel des motivations relève de la survie ? L’absence de perspectives dans le marché du travail formel, les barrières à l’accès au financement, la lourdeur administrative et la faible valorisation des compétences non diplômées créent un écosystème de débrouillardise institutionnalisée.
Loin des récits héroïques d’auto-entrepreneurs conquérants, la réalité du secteur informel est celle d’un monde de petites mains invisibles, qui bricolent des existences à la marge du droit, sans accompagnement, sans protection, souvent sans avenir assuré. Si le Maroc veut faire de l’emploi un véritable levier de développement, il lui faudra repenser les conditions d’entrée, de sortie et de reconnaissance de ces millions de citoyens qui, chaque jour, œuvrent dans l’ombre.
Mais qui sont ces Marocains qui peuplent l’économie de l’ombre ? Et pourquoi y viennent-ils ?
Selon les données du Haut-Commissariat au Plan, près de 68,3 % des chefs d’UPI déclarent avoir intégré l’informel par nécessité, faute d’alternative viable dans le marché du travail formel. Derrière cette proportion se cachent plusieurs réalités sociales. Une première catégorie, majoritaire, regroupe ceux qui n’ont pas trouvé d’emploi salarié stable ou qui ont cherché à échapper au chômage, parfois après des années d’inactivité ou de petits boulots discontinus. Une autre catégorie, minoritaire mais significative (31,7 %), revendique un choix personnel, motivé par la quête d’indépendance ou la poursuite d’un métier familial.
La dimension genrée du phénomène est tout aussi révélatrice. Près de 72 % des femmes présentes dans le secteur informel y accèdent par contrainte, contre 65 % des hommes. Nombre d’entre elles étaient auparavant inactives ou au chômage, et l’informel représente souvent pour elles une première incursion dans le monde économique. Mais ce saut vers l’indépendance cache un coût : 30 % des femmes cheffes d’UPI déclarent avoir des difficultés à concilier leur activité économique avec leurs obligations familiales, un chiffre qui contraste fortement avec les 8 % rapportés chez les hommes.
Ce refuge de l’informel se révèle aussi le théâtre d’un entrepreneuriat fragile. L’autofinancement représente 72 % des modes de création des UPI, avec un recours au crédit bancaire quasi inexistant (moins de 1 %). Cette marginalisation financière, combinée à une absence de protection sociale (seulement 9,8 % affiliés à la CNSS), place ces entrepreneurs dans une précarité structurelle : leurs revenus sont instables, leurs charges sociales inexistantes, et leur avenir incertain.
Pour certains, créer une activité dans l’informel est un moyen de « tenir », un jour après l’autre, de nourrir une famille, de se donner une illusion de contrôle sur leur quotidien économique. Mais cette autonomie est souvent factice. La majorité ne dispose ni de filets de sécurité, ni de leviers de croissance. Près de 98 % des chefs d’UPI n’ont jamais eu recours à un crédit bancaire pour développer leur activité, faute de garanties, de statut juridique adapté ou de confiance dans les institutions.
Cette informalité, massive et durable, soulève ainsi une interrogation sociale et politique centrale : peut-on encore parler d’entrepreneuriat lorsque l’essentiel des motivations relève de la survie ? L’absence de perspectives dans le marché du travail formel, les barrières à l’accès au financement, la lourdeur administrative et la faible valorisation des compétences non diplômées créent un écosystème de débrouillardise institutionnalisée.
Loin des récits héroïques d’auto-entrepreneurs conquérants, la réalité du secteur informel est celle d’un monde de petites mains invisibles, qui bricolent des existences à la marge du droit, sans accompagnement, sans protection, souvent sans avenir assuré. Si le Maroc veut faire de l’emploi un véritable levier de développement, il lui faudra repenser les conditions d’entrée, de sortie et de reconnaissance de ces millions de citoyens qui, chaque jour, œuvrent dans l’ombre.












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