L'ODJ Média

Portail L'ODJ Média



​Dette privée : une hausse de 16,8 % en 2024… mais qui profite vraiment de cette manne ?


Rédigé par La Rédaction le Lundi 12 Mai 2025



En 2024, les levées de fonds sur le marché de la dette privée au Maroc ont connu une croissance soutenue. Selon le rapport de l’AMMC, le montant global levé par émissions obligataires et instruments de dette négociable (TCN) a atteint 60,4 milliards de dirhams, en progression de 16,8 % par rapport à 2023. À première vue, cette dynamique semble témoigner de la vitalité du financement non bancaire. Mais à y regarder de plus près, le marché reste très concentré et déséquilibré.

Des banques omniprésentes
Le secteur financier continue de dominer outrageusement les levées de dette : les banques et organismes financiers représentent 70 % des montants levés. Ce sont eux qui ont le plus souvent recours aux obligations subordonnées, aux TCN ou aux placements privés pour optimiser leur structure de capital ou financer leur croissance.

À l’inverse, la part des entreprises industrielles, commerciales ou technologiques dans ces opérations reste marginale. L’usage du marché obligataire demeure une affaire d’initiés, souvent réservé aux grands groupes structurés, avec notation de crédit et relations solides avec les investisseurs.

Des instruments techniques, peu accessibles au grand public
La montée en puissance de produits comme les obligations perpétuelles ou les TCN à court terme illustre la sophistication croissante du marché. Mais cette complexité éloigne les PME ou les collectivités locales, qui pourraient pourtant bénéficier de ce mode de financement désintermédié.

De plus, ces instruments sont rarement ouverts à l’épargne des particuliers, ce qui accentue la déconnexion entre les besoins de financement de l’économie réelle et les circuits disponibles pour l’investissement citoyen.

Vers une meilleure structuration ?
Pour rendre le marché plus inclusif, certains appellent à :

Créer des fonds spécialisés dans la dette privée des PME, garantis partiellement par l’État.
Simplifier l’émission de mini-obligations ou de TCN dédiés aux collectivités.
Améliorer la lisibilité des offres de dette pour les non-initiés, y compris via la cotation.

Une modernisation réglementaire est également attendue, notamment en ce qui concerne la transparence des risques liés à ces titres, et les obligations de reporting pour les émetteurs.

Et si cette hausse des émissions de dette privée n’était qu’un reflet des faiblesses du crédit bancaire ? Plutôt qu’un signe de vitalité, on pourrait y voir une forme de contournement opportuniste par les grandes institutions, qui disposent de moyens pour lever des fonds à bas coût sur des marchés peu concurrentiels.

Le paradoxe est cruel : alors que l’économie marocaine peine à financer ses PME, le marché de la dette privée reste captif des mêmes acteurs puissants, dans une logique d’optimisation financière bien plus que d’investissement productif. Sans un rééquilibrage volontaire, cette dette privée ne servira pas à réindustrialiser le Maroc… mais à accroître l’effet levier d’un système financier déjà surconcentré.






Lundi 12 Mai 2025

Breaking news | Analyses & Finance & Bourse | Gaming | Communiqué de presse | Eco Business | Digital & Tech | Santé & Bien être | Lifestyle | Culture & Musique & Loisir | Sport | Auto-moto | Room | L'ODJ Podcasts - 8éme jour | Les dernières émissions de L'ODJ TV | Last Conférences & Reportages | Bookcase | LODJ Média | Avatar IA Live


Avertissement : Ces analyses sont fournies à titre purement informatif et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement. Elle a été réalisée par la rédaction de L'ODJ Média, sur la base des données publiées par la société et des tendances du marché. Les investisseurs sont invités à effectuer leurs propres recherches et à consulter des experts financiers avant toute prise de décision.


Bannière Lodj DJ

Bannière Réseaux Sociaux




News Finance & Bourse

Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html

Last publication

Parution de L'Eco Business du 01 décembre 2025

Passer du bruit des chiffres à la musique de la puissance

Ce numéro de l'Eco Business du 01-12-2025 fournit un diagnostic approfondi du tissu des Entreprises Privées Marocaines (EPMA) en 2023, révélant une économie qui excelle dans la création de structures mais peine à les faire grandir. Le défi structurel principal est la « tyrannie de la petite taille », où près de 99% des nouvelles immatriculations formelles sont des micro-entreprises, ce qui entrave la formation d’un Mittelstand stable. Le financement bancaire accentue cette asymétrie en favorisant massivement les grandes entreprises et en concentrant plus de 60% de l’encours de crédit dans l’axe de Casablanca-Settat, isolant les jeunes structures et celles situées en région. L'analyse met également en lumière des secteurs dynamiques comme le transport et l’entreposage, ainsi qu’un besoin urgent de réorienter le financement massif de l’énergie vers l’efficacité énergétique et le renforcement du réseau. De plus, les entreprises dirigées par des femmes sont confrontées à un biais de genre et de localisation, capturant seulement 11,3% de l’encours total qui leur est attribué. En conclusion, l’article propose une feuille de route pour transformer cette dynamique, notamment en finançant les contrats plutôt que les bilans et en exigeant des délais de paiement rapides pour stabiliser la trésorerie des PME.


À feuilleter en ligne sans modération, la version PDF à télécharger ci-dessus







Vos contributions
LODJ Vidéo