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Le secteur immobilier marocain en 2026 : vers l’ère du “Zero Cash, zéro arrangement” ?


Rédigé par La rédaction le Dimanche 23 Novembre 2025

L’année 2026 marque un virage brutal, certains diront salutaire, pour l’immobilier marocain. Les règles changent, les marges se resserrent, les arrangements du passé se dissipent comme un vieux souvenir. Une question traverse désormais tout le secteur : sommes-nous en train d’entrer dans l’ère de la transparence totale, ou dans une zone de turbulences qui risque de freiner l’investissement ?

Entre espoir, inquiétude et réalités fiscales, plongée dans un marché sous haute tension.



​Surveillance renforcée : l’immobilier devient un “secteur à risque fiscal”

Image IA
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Le PLF 2026 ne tourne pas autour du pot : l’immobilier est désormais classé parmi les secteurs à “fort risque fiscal”. Le message est limpide : fini les zones grises, les interprétations souples, et les marges de manœuvre discrètes qui, pendant longtemps, ont servi de soupape à un marché souvent fragmenté.

Dans les faits, cela veut dire davantage de contrôles, de justificatifs, de dossiers vérifiés ligne par ligne. Le promoteur marocain, petit, moyen ou grand, se retrouve au cœur d’un nouveau pacte implicite : la transparence comme obligation, pas comme option.

Un promoteur de Rabat nous glissait récemment : « On ne nous demande plus seulement de construire, on nous demande de prouver qu’on l’a fait proprement. » Une phrase qui résume bien l’état d’esprit général.

​Zero cash, zéro arrangement : le couperet tombe

C’est probablement le changement le plus percutant. Presque brutal.
Désormais, tout paiement immobilier non traçable — qu'il s'agisse d’un acompte, d’une avance symbolique ou même d’un arrangement ponctuel — expose l’acheteur à une pénalité de 2 % du prix total du bien.

La règle est simple. La sanction aussi.
Un terrain à 5 millions ?
Un seul paiement en liquide ou non justifié, et la pénalité file directement à 100 000 dirhams.

Cette mesure vise les situations qui, depuis des décennies, nourrissaient les zones d’ombre : indivisions mal réglées, héritages rancis, transactions partiellement déclarées ou “ajustées” pour réduire taxes et droits.

La fin d’un système parallèle ? En théorie, oui.
Dans la pratique, il faudra voir comment les acteurs, du promoteur au notaire en passant par les familles, s’adaptent à ce nouveau mur réglementaire.

​Auto-liquidation de TVA : le promoteur devient responsable de ses fournisseurs

Autre révolution, plus silencieuse mais tout aussi lourde : le mécanisme d’auto-liquidation.

Concrètement :
Le promoteur paie désormais la TVA à la place des fournisseurs qui ne sont pas entièrement en règle. Autrement dit, si une entreprise de menuiserie, un artisan, un sous-traitant traîne des irrégularités, ce n’est plus elle qui se fait rattraper… mais vous, promoteur.

Pourquoi ?
Parce que l’État transfère volontairement la responsabilité vers l’acteur qui a la plus grande capacité d’organisation, de contrôle et de traçabilité : le promoteur immobilier.

Une sorte de “caution fiscale” imposée.
Une manière, aussi, d’obliger tout l’écosystème à se formaliser en cascade.
Mais au quotidien, c’est une épine de plus dans un secteur déjà saturé d’obligations administratives.

Mainlevée bloquée en un clic : le nouveau pouvoir de la conservation foncière

C’est une petite ligne dans le PLF 2026, mais un séisme pour le métier.

Désormais, la conservation foncière peut refuser d’inscrire une vente si le promoteur présente : un retard d’impôts, un problème de TVA, un différend lié à la CSS (Contribution Sociale) ou toute irrégularité fiscale en suspens.

En clair :
Vous construisez. Vous vendez. Vos clients arrivent pour inscrire leur bien…
Et tout bloque à cause d’un dossier fiscal non réglé.

Cette disposition change la relation entre promoteurs, acheteurs et administration. Elle introduit une forme de responsabilité conjointe où le client devient, malgré lui, une sorte de garant indirect de la conformité fiscale du promoteur.

​Indivisions, héritages, transactions familiales : la fin des “zones d’ombres”

L’État avance ici avec une logique implacable : plus de 60 % des fraudes immobilières détectées proviennent d’histoires d’héritage, d’indivisions mal déclarées, de ventes partielles ou d’arrangements internes aux familles.

Ce qui change en 2026 ?

– croisements automatiques de données,
– redressements simplifiés,
– notaires tenus responsables en cas d’incohérence.

Le message est clair : les “habitudes familiales” qui contournaient les registres officiels ne passeront plus entre les mailles du filet.
On entre dans un système où le papier doit coller au réel, pas l’inverse.

​Loyers : prélèvement automatique de 5 %, même pour les petits propriétaires

Les bailleurs qui possèdent un ou deux appartements pensaient passer sous le radar ?
Ce temps est révolu.

Désormais, la règle est simple : Celui qui verse le loyer — locataire, société, plateforme — retient automatiquement 5 % et le reverse directement au fisc.

Le bailleur n’a plus la possibilité de “différer”, de “régulariser plus tard” ou d’oublier d'inclure un revenu locatif dans sa déclaration.

Le marché locatif informel, qui représentait une large portion de la réalité marocaine, se retrouve enfin cartographié. Certains y verront une mesure juste ; d’autres une rigidité qui risque de décourager l’investissement locatif.

​CSS prolongée jusqu’en 2028 : une pression supplémentaire

La Contribution Sociale de Solidarité, censée être temporaire, joue les prolongations jusqu’en 2028.
Pour les promoteurs, c’est un impôt de plus qui réduit un peu plus la marge, déjà compressée par les hausses de matériaux, le coût de la main-d’œuvre, et les nouvelles obligations fiscales.

Dans un marché où les prix de vente ne peuvent pas augmenter indéfiniment — faute de solvabilité des ménages — cette CSS prolongée ressemble à un poids supplémentaire sur une mécanique déjà fragile.

Alors, que devient l’immobilier marocain ? Espoirs, craintes et responsabilités partagées

Impossible d’ignorer la dureté de ces nouvelles règles. Les mots qui reviennent le plus souvent dans les conversations du secteur ?

“Violent”, “radical”, “soudain”, mais aussi “nécessaire”, “inéluctable”, “assainissement”.

Parce que, soyons honnêtes :
Le secteur immobilier marocain avait besoin d’un nettoyage profond.
Trop de flou, trop d'arrangements, trop d’informalité entravaient sa crédibilité.

Mais à l’inverse, une fiscalité trop rigide peut freiner l’offre, augmenter les prix, décourager les investisseurs et accentuer la crise du logement.

La vérité se trouve sans doute entre les deux : un secteur régulé, mais accompagné ; structuré, mais encouragé ; assaini, mais soutenu. Car un Maroc moderne, inclusif et ambitieux ne peut se permettre un immobilier figé ou asphyxié. Le défi pour 2026 et au-delà, c’est de trouver l’équilibre.

Le Maroc entre dans une nouvelle ère immobilière : celle où rien ne peut plus se faire “à côté”, où la transparence devient une obligation citoyenne, et où la responsabilité n’est plus seulement individuelle, mais collective.

Si cette transformation est bien accompagnée, elle peut devenir une chance — un moteur pour une économie plus saine et une société plus équitable.
La question reste ouverte : comment transformer ce choc fiscal en opportunité durable ?





Dimanche 23 Novembre 2025

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