Quand on évoque les barrages au Maroc, les projecteurs se braquent aussitôt sur les géants hydrauliques : Ratba, Kheng-Grou, Al Massira ou Bin El Ouidane. Mais dans l’ombre de ces mastodontes, une armée discrète d’ouvrages plus modestes joue un rôle tout aussi crucial, voire plus vital à l’échelle locale : les petits barrages et les retenues collinaires. Moins médiatisés, souvent construits dans l’indifférence, ils constituent pourtant la première ligne de défense des campagnes face à la sécheresse.
L’étude publiée récemment par le Policy Center for the New South le confirme : 15 des 29 barrages actuellement en construction ou en programmation ont une capacité de stockage inférieure à 10 millions de m³, certains ne dépassant même pas le million. C’est le cas d’Idaougnidif (0,8 Mm³), Tassa (3 Mm³), ou encore Azrou Nait Lehassen (1,29 Mm³). À première vue, ces chiffres paraissent dérisoires face aux géants capables de stocker mille fois plus. Et pourtant, dans les zones de montagne, les douars enclavés, les vallées isolées, ces petits barrages font la différence entre la survie et l’abandon.
Ils ne cherchent pas à irriguer des plaines de milliers d’hectares. Leur mission est plus modeste mais essentielle : alimenter les nappes phréatiques, stocker les eaux de crue, protéger contre les inondations subites, et fournir de l’eau d’appoint pour l’irrigation de proximité ou l’abreuvement du bétail. Ils jouent un rôle de tampon hydrique, régulant le cycle de l’eau dans des micro-bassins souvent oubliés par les grands réseaux d’interconnexion.
Leur coût est aussi un atout. Là où un grand barrage nécessite plusieurs centaines de millions de dirhams et des années de travaux, un petit barrage peut être opérationnel en moins de deux ans pour un budget parfois inférieur à 10 millions de dirhams. Leur implantation, plus souple, permet une adaptation fine aux besoins des territoires. Le barrage de Boulaouane, par exemple, dans la région de Chichaoua, vise à sécuriser l’irrigation de la plaine de Metjat, approvisionner la petite ville d’Imintanoute en eau potable, et limiter les risques d’inondation. Trois objectifs en un, à une échelle humaine.
Cette logique de proximité rejoint aussi la stratégie royale de désenclavement rural. En investissant dans des infrastructures hydriques de taille moyenne ou modeste, le Maroc renforce les conditions de vie des populations rurales, souvent confrontées à un triple isolement : hydrique, économique et social. Ces ouvrages deviennent des leviers d’inclusion, évitant l’exode vers les villes, maintenant l’activité agricole, et consolidant la souveraineté alimentaire à l’échelle locale.
Mais ce modèle reste fragile. Trop souvent, ces petits barrages souffrent d’un manque d’entretien, de désensablement rapide, ou d’une gouvernance floue entre agences de bassin, communes et exploitants locaux. Certains sont construits sans plan de suivi, d’autres n’intègrent pas suffisamment les besoins réels des populations bénéficiaires. Pour qu’ils remplissent pleinement leur rôle, il faudrait les intégrer dans une politique nationale dédiée aux micro-hydraulique rurale, avec des budgets, des normes et des formations adaptés.
En les considérant non comme des ouvrages accessoires mais comme des cellules vivantes de l’aménagement du territoire, le Maroc pourrait faire des petits barrages une grande stratégie. Celle qui, loin des regards, permet à des villages entiers de continuer à vivre, à cultiver, à exister.
L’étude publiée récemment par le Policy Center for the New South le confirme : 15 des 29 barrages actuellement en construction ou en programmation ont une capacité de stockage inférieure à 10 millions de m³, certains ne dépassant même pas le million. C’est le cas d’Idaougnidif (0,8 Mm³), Tassa (3 Mm³), ou encore Azrou Nait Lehassen (1,29 Mm³). À première vue, ces chiffres paraissent dérisoires face aux géants capables de stocker mille fois plus. Et pourtant, dans les zones de montagne, les douars enclavés, les vallées isolées, ces petits barrages font la différence entre la survie et l’abandon.
Ils ne cherchent pas à irriguer des plaines de milliers d’hectares. Leur mission est plus modeste mais essentielle : alimenter les nappes phréatiques, stocker les eaux de crue, protéger contre les inondations subites, et fournir de l’eau d’appoint pour l’irrigation de proximité ou l’abreuvement du bétail. Ils jouent un rôle de tampon hydrique, régulant le cycle de l’eau dans des micro-bassins souvent oubliés par les grands réseaux d’interconnexion.
Leur coût est aussi un atout. Là où un grand barrage nécessite plusieurs centaines de millions de dirhams et des années de travaux, un petit barrage peut être opérationnel en moins de deux ans pour un budget parfois inférieur à 10 millions de dirhams. Leur implantation, plus souple, permet une adaptation fine aux besoins des territoires. Le barrage de Boulaouane, par exemple, dans la région de Chichaoua, vise à sécuriser l’irrigation de la plaine de Metjat, approvisionner la petite ville d’Imintanoute en eau potable, et limiter les risques d’inondation. Trois objectifs en un, à une échelle humaine.
Cette logique de proximité rejoint aussi la stratégie royale de désenclavement rural. En investissant dans des infrastructures hydriques de taille moyenne ou modeste, le Maroc renforce les conditions de vie des populations rurales, souvent confrontées à un triple isolement : hydrique, économique et social. Ces ouvrages deviennent des leviers d’inclusion, évitant l’exode vers les villes, maintenant l’activité agricole, et consolidant la souveraineté alimentaire à l’échelle locale.
Mais ce modèle reste fragile. Trop souvent, ces petits barrages souffrent d’un manque d’entretien, de désensablement rapide, ou d’une gouvernance floue entre agences de bassin, communes et exploitants locaux. Certains sont construits sans plan de suivi, d’autres n’intègrent pas suffisamment les besoins réels des populations bénéficiaires. Pour qu’ils remplissent pleinement leur rôle, il faudrait les intégrer dans une politique nationale dédiée aux micro-hydraulique rurale, avec des budgets, des normes et des formations adaptés.
En les considérant non comme des ouvrages accessoires mais comme des cellules vivantes de l’aménagement du territoire, le Maroc pourrait faire des petits barrages une grande stratégie. Celle qui, loin des regards, permet à des villages entiers de continuer à vivre, à cultiver, à exister.












L'accueil

















