Des pluies centennales dans une région aride
Alors que le Maroc traverse l’une des pires périodes de sécheresse de son histoire, des pluies exceptionnelles ont frappé le sud-est du pays à la fin de l’été 2024, provoquant à la fois des tragédies humaines et un phénomène naturel inattendu : la réapparition du lac Iriqui, disparu depuis un demi-siècle. Entre inondations meurtrières et renaissance d’un écosystème, retour sur un épisode climatique hors norme.
Du 6 au 9 septembre 2024, des pluies diluviennes se sont abattues sur la province de Zagora, avec jusqu'à 170 mm enregistrés en 24 heures à Tagounite. Un record absolu dans cette zone désertique, où la moyenne annuelle ne dépasse guère 50 mm. En quelques heures, les oueds en crue ont tout emporté sur leur passage : routes, maisons, plantations, parfois des vies humaines. Le bilan est lourd : 33 morts, des dizaines de disparus, des centaines de familles sinistrées.
La rareté de l’événement est telle que les météorologues parlent d’un phénomène à période de retour supérieure à 500 ans. En cause, une remontée tropicale exceptionnellement active ayant injecté de l’air chaud et humide jusqu'aux versants sud-est de l'Atlas.
Les images de l’apocalypse circulent sur les réseaux sociaux : oasis submergées, routes effondrées, villages coupés du monde. À Tata, l’eau a détruit des maisons entrièrement construites en pisé, emportant avec elle les espoirs d’une population déjà fragilisée par les années de déficit hydrique.
La brutalité de l’épisode interroge sur l’adaptation des infrastructures aux nouveaux risques climatiques : absence de digues, urbanisation anarchique des lits d’oueds, faiblesse des systèmes d’alerte. Les mécanismes de prévention restent embryonnaires dans ces zones enclavées, où la mémoire des grandes crues s’est éteinte faute de transmission.
Le retour inespéré du lac Iriqui
Mais dans ce chaos, un miracle hydrologique s’est produit : la réapparition du lac Iriqui. Situé à 80 km au sud-ouest de Zagora, ce lac salé asséché depuis les années 1970 est soudainement revenu à la vie. Les crues des oueds Dadès, Draâ et Oum Laachar ont convergé vers cette cuvette naturelle, inondant plus de 100 km² en quelques jours.
Ce retour a provoqué un bouleversement écologique : apparition d’oiseaux migrateurs, germination de végétation, reprise des activités pastorales. Pour les habitants, le spectacle d’un plan d’eau à perte de vue dans une zone de dunes est une renaissance aussi symbolique que vitale. Il rappelle que le désert peut encore surprendre.
Cet épisode doublement extrême – inondation destructrice et miracle naturel – montre que le climat marocain entre dans une phase de contrastes violents. Il impose une révision d’urgence des politiques d’aménagement du territoire : cartographie des zones inondables, réglementation stricte de l’urbanisation, restauration des lits naturels des oueds, renforcement des capacités locales d’intervention.
La réapparition du lac Iriqui restera comme une image forte de 2024. Mais elle ne doit pas faire oublier le prix humain payé pour ce répit hydrique. Le Maroc doit tirer les leçons de cette double leçon du climat : prévoir l’exceptionnel, protéger les plus vulnérables, et penser son développement dans un environnement de plus en plus déréglé.
Du 6 au 9 septembre 2024, des pluies diluviennes se sont abattues sur la province de Zagora, avec jusqu'à 170 mm enregistrés en 24 heures à Tagounite. Un record absolu dans cette zone désertique, où la moyenne annuelle ne dépasse guère 50 mm. En quelques heures, les oueds en crue ont tout emporté sur leur passage : routes, maisons, plantations, parfois des vies humaines. Le bilan est lourd : 33 morts, des dizaines de disparus, des centaines de familles sinistrées.
La rareté de l’événement est telle que les météorologues parlent d’un phénomène à période de retour supérieure à 500 ans. En cause, une remontée tropicale exceptionnellement active ayant injecté de l’air chaud et humide jusqu'aux versants sud-est de l'Atlas.
Les images de l’apocalypse circulent sur les réseaux sociaux : oasis submergées, routes effondrées, villages coupés du monde. À Tata, l’eau a détruit des maisons entrièrement construites en pisé, emportant avec elle les espoirs d’une population déjà fragilisée par les années de déficit hydrique.
La brutalité de l’épisode interroge sur l’adaptation des infrastructures aux nouveaux risques climatiques : absence de digues, urbanisation anarchique des lits d’oueds, faiblesse des systèmes d’alerte. Les mécanismes de prévention restent embryonnaires dans ces zones enclavées, où la mémoire des grandes crues s’est éteinte faute de transmission.
Le retour inespéré du lac Iriqui
Mais dans ce chaos, un miracle hydrologique s’est produit : la réapparition du lac Iriqui. Situé à 80 km au sud-ouest de Zagora, ce lac salé asséché depuis les années 1970 est soudainement revenu à la vie. Les crues des oueds Dadès, Draâ et Oum Laachar ont convergé vers cette cuvette naturelle, inondant plus de 100 km² en quelques jours.
Ce retour a provoqué un bouleversement écologique : apparition d’oiseaux migrateurs, germination de végétation, reprise des activités pastorales. Pour les habitants, le spectacle d’un plan d’eau à perte de vue dans une zone de dunes est une renaissance aussi symbolique que vitale. Il rappelle que le désert peut encore surprendre.
Cet épisode doublement extrême – inondation destructrice et miracle naturel – montre que le climat marocain entre dans une phase de contrastes violents. Il impose une révision d’urgence des politiques d’aménagement du territoire : cartographie des zones inondables, réglementation stricte de l’urbanisation, restauration des lits naturels des oueds, renforcement des capacités locales d’intervention.
La réapparition du lac Iriqui restera comme une image forte de 2024. Mais elle ne doit pas faire oublier le prix humain payé pour ce répit hydrique. Le Maroc doit tirer les leçons de cette double leçon du climat : prévoir l’exceptionnel, protéger les plus vulnérables, et penser son développement dans un environnement de plus en plus déréglé.












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