Dr Anwar CHERKAOUI : Expert en communication médicale et journalisme de santé
Ce n’est pas seulement une folie incontrôlée : c’est une décharge brute, une vérité nue, le cri d’un cœur qui cherche à toucher son étoile.
L’envoûtement de la légende
Messi, Ronaldo et d’autres géants du ballon rond ne sont plus, pour leurs admirateurs, de simples athlètes courant derrière un ballon.
Ils sont devenus symboles, incarnations vivantes d’un rêve d’enfance.
Celui qui surgit des tribunes ne voit pas un joueur ordinaire ; il aperçoit sa propre légende, celle qui l’a accompagné sur l’écran du téléviseur ou dans les récits enflammés des amis et des voisins.
À cet instant, la frontière entre réalité et imaginaire se dissout.
Le débordement des émotions
Sur le plan psychologique, cette irruption traduit un phénomène de l’identification affective.
Le supporter vit à travers son idole : il triomphe avec ses victoires, tremble avec ses défaites.
Quand le joueur est devant lui, de chair et d’os, toutes les émotions éclatent d’un coup : gratitude, admiration, amour, ferveur.
Alors certains embrassent la tête du joueur, d’autres s’inclinent devant lui, comme on s’inclinerait devant un poète ou un saint.
La quête d’éternité
Descendre sur le terrain n’est pas toujours chercher une signature ou une accolade.
C’est, en vérité, tenter de voler un instant d’éternité.
Effleurer l’épaule de Messi ou poser son front sur la main de Ronaldo, c’est avoir le sentiment d’entrer, ne serait-ce qu’une seconde, dans la grande légende du football universel.
Un geste qui, immortalisé par une photo ou gravé dans la mémoire, peut valoir une vie entière.
La beauté humaine
Si l’acte reste risqué sur le plan sécuritaire, il possède une charge de beauté indéniable.
C’est l’expression d’un besoin humain essentiel : celui d’approcher les figures qui nous inspirent, d’effleurer l’idéal que l’on s’est choisi.
Car ces stars ne mesurent pas toujours l’ampleur de la mission psychologique qu’elles portent dans le cœur des millions.
Elles ne sont plus seulement des sportifs, elles sont devenues les réceptacles des rêves et des désirs des peuples.
Ce n’est donc pas une simple folie.
C’est une révélation émotionnelle, un moment de clarté, une rencontre fragile entre l’homme ordinaire et l’icône vivante, entre la quête de sens et l’incarnation d’un idéal.
La prière des foules
Entre les gradins et la pelouse, il y a des barrières, des grilles, des gardiens.
Mais le cœur ne connaît ni frontières ni verrous.
Le fan, lorsqu’il aperçoit son idole, redevient l’enfant du quartier populaire, celui qui rêvait, pieds nus dans la poussière, de courir à ses côtés.
Alors il se jette, sans calcul ni raison, vers ce qu’il croit être une bénédiction : un regard, une étreinte, une caresse de lumière.
Le stade devient temple, le joueur se fait icône, et l’élan du supporter prend des allures de prière.
Ce n’est plus une transgression : c’est une liturgie improvisée, une foi en mouvement, une marche éperdue vers l’éternité.
Du Maroc au fin fond de l’Afrique
De Casablanca à Dakar, de Rabat à Bamako, les stades vibrent de la même fièvre.
Les tambours africains répondent aux chants des « ultras » marocains, les cris populaires s’unissent en un torrent d’ivresse.
Dans ce vacarme, le supporter retrouve l’âme de son enfance : le ballon de chiffons frappé dans les ruelles, les courses effrénées sur les terrains vagues, les étoiles rêvées au-dessus du ciel du continent.
Alors, quand il embrasse le front de son héros ou s’agenouille devant lui, ce n’est pas seulement un geste de fan.
C’est une prière qui rappelle les invocations des mères dans les zaouïas de Fès, ou les chants des grands-mères au bord du fleuve Niger.
Une seconde suffit : un sourire, une accolade, une larme.
Et la vie entière semble transfigurée, emplie de sens.












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