Une trajectoire ascendante, malgré les crises
Depuis le début des années 2000, le Maroc a accompli des avancées notables. Le revenu disponible brut par habitant a plus que doublé en deux décennies, passant d’environ 11 000 dirhams en 2000 à près de 27 000 dirhams en 2023. Cette évolution a soutenu une amélioration tangible du pouvoir d’achat, même si les rythmes de croissance se sont essoufflés après 2014 et que la pandémie de Covid-19 a provoqué une chute brutale du niveau de vie en 2020
Le pays a aussi franchi un cap historique en 2023 en intégrant, pour la première fois, la catégorie des pays à développement humain élevé, avec un indice (IDH) de 0,710. Ce bond de plus de 50 % depuis 1990 traduit des efforts constants dans l’éducation, la santé et la protection sociale
Quasi-éradication de l’extrême pauvreté
Sur le front de la pauvreté, le Maroc affiche des résultats impressionnants. L’extrême pauvreté – définie par un seuil international de 1,9 dollar par jour – est aujourd’hui quasiment éradiquée, ne touchant plus que 0,3 % de la population en 2022. En milieu urbain, elle frôle désormais l’insignifiance (0,04 %)
La pauvreté absolue, qui touchait encore 15 % des Marocains en 2001, est tombée à 1,7 % en 2019, avant de remonter à 3,9 % en 2022 sous l’effet conjugué de la pandémie, de l’inflation et de la sécheresse. Cette remontée a particulièrement affecté les villes : le nombre de pauvres urbains a été multiplié par cinq entre 2019 et 2022
Vulnérabilité et fragilisation de la classe moyenne
La vulnérabilité économique, c’est-à-dire le risque de basculer dans la pauvreté, est devenue une réalité prégnante, surtout en milieu urbain. En 2022, près de 4,7 millions de Marocains étaient considérés comme vulnérables, contre 2,6 millions en 2019. Près de la moitié de cette population vit désormais en ville, un basculement inédit dans l’histoire sociale du pays
Cette dynamique interroge la solidité de la classe moyenne, longtemps moteur de la consommation et de la stabilité. Les crises successives ont fragilisé son pouvoir d’achat, réduisant sa capacité à jouer son rôle d’amortisseur social.
Les inégalités, un défi persistant
L’évolution des inégalités sociales au Maroc peut se lire en trois temps. Entre 2001 et 2014, elles ont reculé modérément grâce à une croissance plus inclusive. Entre 2014 et 2019, la tendance s’est accentuée, l’indice de Gini passant de 39,5 % à 38,5 %. Mais la crise de 2020 a inversé la courbe : en 2022, l’indice est remonté à 40,5 %, proche du niveau du début des années 2000
Cette dégradation s’est surtout traduite dans les dépenses alimentaires. Les ménages les plus modestes ont dû réduire davantage leur consommation de base, creusant un écart avec les plus aisés. La vulnérabilité urbaine et la fragilité des classes moyennes illustrent cette nouvelle géographie de l’inégalité.
Une pauvreté multidimensionnelle en recul
Si les inégalités monétaires persistent, la pauvreté dite « multidimensionnelle » – qui inclut l’éducation, la santé et les conditions de vie – a reculé. Entre 2014 et 2024, elle est passée de 11,9 % à 6,8 % au niveau national. Le milieu rural reste cependant le plus concerné : 13 % des habitants y sont encore affectés, contre seulement 3 % en zone urbaine
Les progrès enregistrés s’expliquent principalement par l’amélioration du capital scolaire, suivie des conditions de vie et de la santé. Mais les déficits éducatifs demeurent la principale source de pauvreté multidimensionnelle, représentant près de la moitié des privations subies.
Des avancées contrastées pour les femmes
Le Maroc a aussi progressé sur l’équité de genre. L’indice d’inégalité de genre (GII) est passé de 0,444 en 2010 à 0,438 en 2023. La représentation féminine au Parlement atteint désormais 21 %, contre moins de 1 % dans les années 1990. La scolarisation des filles a bondi, au point qu’elles achèvent désormais le collège plus souvent que les garçons
Mais ces avancées restent incomplètes. Le taux d’activité des femmes plafonne à 19 %, l’un des plus bas de la région. Leur IDH n’atteint encore que 86 % de celui des hommes. En d’autres termes, malgré des lois progressistes et des réformes ambitieuses, la participation économique des femmes demeure le talon d’Achille du développement marocain.
Un appel à une nouvelle génération de politiques territoriales
Face à ces contrastes, le discours royal insiste sur la nécessité de dépasser les approches sectorielles cloisonnées pour adopter une vision territoriale intégrée. La régionalisation avancée, la solidarité entre territoires et l’évaluation participative des politiques publiques apparaissent comme les clés d’un développement équitable.
Le Maroc a prouvé qu’il pouvait éradiquer l’extrême pauvreté et rejoindre le club des pays à développement humain élevé. Le défi est désormais de consolider ces acquis et d’empêcher les reculs, en particulier dans les villes et parmi les classes moyennes. Plus que jamais, le pays doit conjuguer croissance, équité et durabilité pour éviter de devenir cette nation à « deux vitesses » que redoute son Souverain.
Le pays a aussi franchi un cap historique en 2023 en intégrant, pour la première fois, la catégorie des pays à développement humain élevé, avec un indice (IDH) de 0,710. Ce bond de plus de 50 % depuis 1990 traduit des efforts constants dans l’éducation, la santé et la protection sociale
Quasi-éradication de l’extrême pauvreté
Sur le front de la pauvreté, le Maroc affiche des résultats impressionnants. L’extrême pauvreté – définie par un seuil international de 1,9 dollar par jour – est aujourd’hui quasiment éradiquée, ne touchant plus que 0,3 % de la population en 2022. En milieu urbain, elle frôle désormais l’insignifiance (0,04 %)
La pauvreté absolue, qui touchait encore 15 % des Marocains en 2001, est tombée à 1,7 % en 2019, avant de remonter à 3,9 % en 2022 sous l’effet conjugué de la pandémie, de l’inflation et de la sécheresse. Cette remontée a particulièrement affecté les villes : le nombre de pauvres urbains a été multiplié par cinq entre 2019 et 2022
Vulnérabilité et fragilisation de la classe moyenne
La vulnérabilité économique, c’est-à-dire le risque de basculer dans la pauvreté, est devenue une réalité prégnante, surtout en milieu urbain. En 2022, près de 4,7 millions de Marocains étaient considérés comme vulnérables, contre 2,6 millions en 2019. Près de la moitié de cette population vit désormais en ville, un basculement inédit dans l’histoire sociale du pays
Cette dynamique interroge la solidité de la classe moyenne, longtemps moteur de la consommation et de la stabilité. Les crises successives ont fragilisé son pouvoir d’achat, réduisant sa capacité à jouer son rôle d’amortisseur social.
Les inégalités, un défi persistant
L’évolution des inégalités sociales au Maroc peut se lire en trois temps. Entre 2001 et 2014, elles ont reculé modérément grâce à une croissance plus inclusive. Entre 2014 et 2019, la tendance s’est accentuée, l’indice de Gini passant de 39,5 % à 38,5 %. Mais la crise de 2020 a inversé la courbe : en 2022, l’indice est remonté à 40,5 %, proche du niveau du début des années 2000
Cette dégradation s’est surtout traduite dans les dépenses alimentaires. Les ménages les plus modestes ont dû réduire davantage leur consommation de base, creusant un écart avec les plus aisés. La vulnérabilité urbaine et la fragilité des classes moyennes illustrent cette nouvelle géographie de l’inégalité.
Une pauvreté multidimensionnelle en recul
Si les inégalités monétaires persistent, la pauvreté dite « multidimensionnelle » – qui inclut l’éducation, la santé et les conditions de vie – a reculé. Entre 2014 et 2024, elle est passée de 11,9 % à 6,8 % au niveau national. Le milieu rural reste cependant le plus concerné : 13 % des habitants y sont encore affectés, contre seulement 3 % en zone urbaine
Les progrès enregistrés s’expliquent principalement par l’amélioration du capital scolaire, suivie des conditions de vie et de la santé. Mais les déficits éducatifs demeurent la principale source de pauvreté multidimensionnelle, représentant près de la moitié des privations subies.
Des avancées contrastées pour les femmes
Le Maroc a aussi progressé sur l’équité de genre. L’indice d’inégalité de genre (GII) est passé de 0,444 en 2010 à 0,438 en 2023. La représentation féminine au Parlement atteint désormais 21 %, contre moins de 1 % dans les années 1990. La scolarisation des filles a bondi, au point qu’elles achèvent désormais le collège plus souvent que les garçons
Mais ces avancées restent incomplètes. Le taux d’activité des femmes plafonne à 19 %, l’un des plus bas de la région. Leur IDH n’atteint encore que 86 % de celui des hommes. En d’autres termes, malgré des lois progressistes et des réformes ambitieuses, la participation économique des femmes demeure le talon d’Achille du développement marocain.
Un appel à une nouvelle génération de politiques territoriales
Face à ces contrastes, le discours royal insiste sur la nécessité de dépasser les approches sectorielles cloisonnées pour adopter une vision territoriale intégrée. La régionalisation avancée, la solidarité entre territoires et l’évaluation participative des politiques publiques apparaissent comme les clés d’un développement équitable.
Le Maroc a prouvé qu’il pouvait éradiquer l’extrême pauvreté et rejoindre le club des pays à développement humain élevé. Le défi est désormais de consolider ces acquis et d’empêcher les reculs, en particulier dans les villes et parmi les classes moyennes. Plus que jamais, le pays doit conjuguer croissance, équité et durabilité pour éviter de devenir cette nation à « deux vitesses » que redoute son Souverain.












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