Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de publier les résultats de son enquête trimestrielle de conjoncture auprès des ménages.

Mais au-delà des courbes et des soldes d’opinions, le rapport du T1 2025 résonne comme un appel au secours silencieux.
Il dresse le portrait d’une population épuisée financièrement, inquiète pour son avenir, et désengagée économiquement.

Avec un Indice de Confiance des Ménages (ICM) qui stagne à 46,6 points, bien loin du seuil de neutralité (100), le HCP met en lumière une société crispée, résignée et paralysée.

Avec un solde d’opinion de –76,5 points, le sentiment de recul du niveau de vie reste massif. Pire, 53 % des ménages anticipent une nouvelle détérioration dans l’année à venir.

Même en l’absence de licenciements massifs, la peur du chômage persiste. Le solde d’opinion reste à –73,4 points, reflétant une anxiété profonde et continue du marché du travail.

Le report des achats non essentiels est structurel. Le solde d’opinion sur l’opportunité d’achat est à –72,0 points, signe que l’économie domestique est en repli défensif.

Le solde d’opinion est à –77,6 points. Autrement dit, près de 9 foyers sur 10 ne se projettent pas dans l’avenir avec une capacité de réserve.

Avec un solde à –39,8 points, la réalité quotidienne est faite de compromis douloureux, voire de sacrifices.
H3. 6. Prix alimentaires : 97,6 % perçoivent une hausse, 81,6 % redoutent qu’elle continue

Le solde atteint –97,4 points. Plus qu’un ressenti, c’est une peur devenue réflexe, qui structure les achats, les repas, les projets.

Seuls 14,6 % espèrent une amélioration de leur situation financière dans l’année. La majorité parie sur le statu quo ou la dégradation.

Ce que ces chiffres révèlent n’est pas seulement un ralentissement économique. Ils traduisent un climat national de doute, de fatigue, d’attentisme. Un risque latent guette : celui de la banalisation de la précarité, où l’on n’attend plus de solution, mais simplement que "ça ne s’aggrave pas".

C’est le cœur du danger : la rupture entre gouvernants et gouvernés, entre discours d’optimisme et vécu de lassitude.

Ce rapport ne dit pas seulement que les Marocains consomment moins ou épargnent peu. Il montre que le pacte de confiance s’effrite.Chaque indicateur pris isolément est préoccupant. Pris ensemble, ils racontent un pays qui souffre en silence.

Le rôle de cette enquête est devenu central : elle est le miroir brut du quotidien marocain, sans filtre idéologique ni manipulation. Et ce miroir, aujourd’hui, renvoie un visage inquiet.

Le HCP a fait son travail : documenter sans juger. Aux décideurs désormais de répondre.
Cela suppose plus qu’un chèque ciblé ou une mesure symbolique. Il faudra reconstruire une confiance sociale autour de : La stabilisation des prix, Le renforcement des filets sociaux, Une politique économique lisible et adaptée et Une écoute active des signaux de détresse