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Par Abdelghani El Arrasse
Cette situation survient à un moment particulièrement sensible : les dernières heures du délai légal pour la déclaration mensuelle de la TVA, de l’impôt sur les revenus professionnels, ainsi que le reversement des retenues à la source. Pour des milliers d’entreprises, le non-respect de ces échéances entraîne automatiquement l’application de pénalités, de majorations et d’intérêts de retard, sans distinction entre les cas de négligence et ceux relevant d’un empêchement technique avéré.
Les comptables et experts-comptables, pourtant engagés avec rigueur dans leur mission de représentation fiscale des contribuables, se retrouvent ainsi injustement exposés. En première ligne, ils doivent gérer la pression des clients, l’incertitude opérationnelle et l’absence de communication claire sur l’origine et la résolution du problème. Pire encore, ils risquent d’être tenus pour responsables de retards dont ils ne sont en rien les auteurs.
Il est essentiel de rappeler que cette panne prolongée relève de la responsabilité des services publics. Si cette interruption de service est due à une surcharge du système, à une défaillance technique grave ou, comme certains le redoutent, à une cyberattaque, l’administration fiscale se doit de faire preuve de transparence, de réactivité et de bienveillance.
Dans un contexte où la digitalisation des services publics est présentée comme une avancée majeure, il est impératif que des garanties solides soient mises en place pour sécuriser les plateformes, assurer leur disponibilité continue, et protéger les contribuables comme leurs représentants contre les conséquences de failles techniques imputables à l’État.
À court terme, une prolongation officielle des délais de déclaration et de paiement s’impose. Cette mesure, simple et juste, permettrait de garantir l’équité fiscale et d’éviter une cascade d’injustices administratives. Elle enverrait également un signal fort de reconnaissance du rôle des professionnels du chiffre, trop souvent tenus pour responsables des défaillances d’un système qu’ils subissent autant que les contribuables.
Le silence des autorités face à cette crise numérique silencieuse serait une erreur. Il en va non seulement de la crédibilité de la transition digitale de l’administration fiscale, mais aussi du respect dû aux professionnels qui, au quotidien, assurent le bon fonctionnement du système fiscal marocain.