La fin du calendrier sacré
Les fashion weeks autrefois sacrées, avec leurs programmations rigides et leurs six mois d’avance sur les vitrines, vacillent. En 2025, de plus en plus de marques grandes ou indépendantes ont décidé de rompre avec le cycle saisonnier.
Pourquoi attendre six mois pour vendre ce qu’on montre aujourd’hui ? Le public veut tout, tout de suite.
Et les créateurs suivent cette logique : des drops spontanés, des capsules limitées, des collections intemporelles.
Même les géants du luxe s’y adaptent. Balenciaga, Gucci, ou encore Rabanne proposent désormais des collections modulables, pensées pour évoluer tout au long de l’année. L’idée ? Créer des pièces qui vivent plus longtemps, qui échappent à la contrainte de la “tendance du moment”.
Ce glissement s’explique aussi par un ras-le-bol général : celui de la fast fashion et de son épuisement créatif. Le rythme frénétique a laissé place à une envie de sincérité, de durabilité, de mode émotionnelle. Les marques qui séduisent aujourd’hui ne sont plus celles qui sortent le plus de collections, mais celles qui ont quelque chose à dire.
Le Maroc dans le nouveau tempo
Au Maroc, cette déconnexion des saisons résonne d’une manière très particulière. Notre pays n’a jamais suivi à la lettre les calendriers occidentaux : ici, la mode se mêle à la culture, au climat, à l’artisanat.
Des créateurs marocains comme Artsi Ifrah, Maison ARTC, ou encore de jeunes labels émergents de Casablanca et Marrakech, réinventent le rapport au temps vestimentaire. Leurs pièces ne sont pas pensées pour une saison, mais pour une ambiance, un état d’esprit. Un caftan en soie porté en décembre, un gilet en lin en plein automne peu importe, tant que le style parle.
Les nouvelles générations, elles, jouent encore plus librement avec les codes. Elles achètent sur Vinted, sur Instagram, dans des pop-ups, ou directement auprès de créateurs locaux. Elles n’attendent plus les soldes ni les nouvelles collections : elles mixent, détournent, réinventent. L’idée de “saison” n’a plus vraiment de sens à l’ère du climat changeant et du scroll infini.
Et dans les rues de Casablanca, Marrakech ou Tanger, la mode vit désormais au rythme du mood, pas de la météo.
Une mode sans saison, mais pas sans émotion
La déconnexion des saisons pourrait sembler synonyme de chaos créatif. Pourtant, elle ouvre une ère passionnante : celle d’une mode plus personnelle, plus consciente, plus libre.
Les vêtements cessent d’être périssables pour redevenir des compagnons d’expression. Un pantalon fluide qu’on porte toute l’année, un blazer oversized qui traverse les mois, un foulard réinventé selon l’humeur. Ce sont les émotions, plus que le calendrier, qui dictent désormais le style.
Et si la mode perd un peu de sa structure, elle y gagne en authenticité. Car au fond, ce que 2025 consacre, c’est le retour d’une mode instinctive : une mode qui suit la vie, pas la saison.
L’époque des vitrines qui changent quatre fois par an est révolue. Aujourd’hui, la seule saison qui compte, c’est celle que l’on ressent.












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