On veut la Coupe du Monde 2030 et les villages avec routes, hôpitaux et réseaux mobiles ?
Le Maroc se targue d’accueillir la Coupe du Monde 2030, de planifier le lancement de la 5G, de rêver de smart cities et d’intelligences artificielles. Pendant ce temps, dans ses replis montagneux, dans ses artères rurales, ses veines sociales se vident de leur sang. Une hémorragie lente et sourde, mais irréversible si rien n’est fait. Loin des conférences et des discours ministériels, les peuples de la montagne marchent. Pieds nus dans une modernité qui les a oubliés, le dos voûté sous le poids de décennies de promesses non tenues.
Quand on n’a ni 2G ni goudron, que signifie un rêve de souveraineté numérique ? La question peut sembler ironique, mais elle traduit l’abîme. Les habitants de Wamndant, comme ceux d’Aït Bouguemez avant eux, n’ont pas de couverture téléphonique. Ils ne peuvent pas appeler un médecin en urgence. Ils ne peuvent pas suivre leurs enfants grâce à un simple appel. Ils vivent littéralement en zone morte.
Et pourtant, le Maroc ne cesse d’annoncer ses ambitions numériques. L’ANRT évoque fièrement la 6G en prévision de 2030. Mais pour qui ? Pour les casques connectés des VIP ou pour les femmes enceintes de la montagne qui accouchent encore à la lumière des bougies ? La fracture n’est plus numérique, elle est politique, morale, existentielle.
À quoi rêvent les habitants de ces douars quand ils dorment ? À une route. Une simple route. Un ruban d’asphalte qui les relierait à l’hôpital, à l’école, au marché, au monde. Leurs enfants marchent parfois deux heures pour atteindre une salle de classe. Leurs malades sont transportés sur des mulets jusqu’au centre de santé le plus proche. Les femmes enceintes prient pour que la pluie ne transforme pas les sentiers en pièges mortels.
Et pourtant, ce ne sont ni des islamistes, ni des séparatistes, ni des révolutionnaires. Ce sont des citoyens marocains, paisibles, patients, qui ne demandent ni privilèges ni subventions. Ils réclament simplement leur place dans la République, dans la Nation. Une route. Un signal. Une école. Rien de plus.
Le drame, c’est qu’on commence à parler du “syndrome d’Aït Bouguemez”. Comme s’il fallait toujours une marche, une caméra, un scandale pour déclencher la moindre réaction des autorités. La logique est renversée : ce n’est plus l’État qui va au-devant des besoins des citoyens, ce sont les citoyens qui doivent marcher pour réveiller l’État.
Ce phénomène révèle une vérité plus cruelle : la montagne doit supplier pour exister. Elle doit crier, hurler, marcher sur trente kilomètres pour qu’un gouverneur daigne écouter. Ce n’est plus une démocratie décentralisée, c’est une bureaucratie du silence, où seule l’insistance du corps devient argument.
Ce que vivent les habitants de Wamndant et d’autres douars du Moyen Atlas, c’est l’invisibilité. Ils ne votent pas en masse, ils ne manifestent pas de violence, ils ne bloquent pas d’autoroutes. Alors, on les oublie. Mais leur marche pacifique est un acte de résistance d’une puissance inouïe. Ils ont décidé de redevenir visibles. Ils ne crient pas vengeance. Ils demandent justice.
La montagne ne veut pas de pitié. Elle ne veut pas de caméras ou d’aides ponctuelles. Elle exige des politiques publiques durables, une inclusion réelle dans le modèle de développement. Comme le disait le communiqué de la Coalition pour la Montagne : “La montagne n’a pas besoin de compassion, mais de justice”.
Il faut entendre cette colère montante. Pas celle qui casse ou insulte, mais celle qui s’accumule, jour après jour, au fond des cœurs. Elle est plus dangereuse, car elle débouche sur le désespoir. Quand un État oublie ses citoyens, ces derniers peuvent finir par oublier l’État. Et cela, c’est le début de l’effondrement.
La cohésion nationale n’est pas un slogan, c’est une construction lente, faite de routes, de soins, de classes, de connexions. On ne peut pas bâtir un pays juste sur Casablanca et Rabat. Le Maroc est un tout. Et s’il abandonne la montagne, il abandonne une part de lui-même
Quand on n’a ni 2G ni goudron, que signifie un rêve de souveraineté numérique ? La question peut sembler ironique, mais elle traduit l’abîme. Les habitants de Wamndant, comme ceux d’Aït Bouguemez avant eux, n’ont pas de couverture téléphonique. Ils ne peuvent pas appeler un médecin en urgence. Ils ne peuvent pas suivre leurs enfants grâce à un simple appel. Ils vivent littéralement en zone morte.
Et pourtant, le Maroc ne cesse d’annoncer ses ambitions numériques. L’ANRT évoque fièrement la 6G en prévision de 2030. Mais pour qui ? Pour les casques connectés des VIP ou pour les femmes enceintes de la montagne qui accouchent encore à la lumière des bougies ? La fracture n’est plus numérique, elle est politique, morale, existentielle.
À quoi rêvent les habitants de ces douars quand ils dorment ? À une route. Une simple route. Un ruban d’asphalte qui les relierait à l’hôpital, à l’école, au marché, au monde. Leurs enfants marchent parfois deux heures pour atteindre une salle de classe. Leurs malades sont transportés sur des mulets jusqu’au centre de santé le plus proche. Les femmes enceintes prient pour que la pluie ne transforme pas les sentiers en pièges mortels.
Et pourtant, ce ne sont ni des islamistes, ni des séparatistes, ni des révolutionnaires. Ce sont des citoyens marocains, paisibles, patients, qui ne demandent ni privilèges ni subventions. Ils réclament simplement leur place dans la République, dans la Nation. Une route. Un signal. Une école. Rien de plus.
Le drame, c’est qu’on commence à parler du “syndrome d’Aït Bouguemez”. Comme s’il fallait toujours une marche, une caméra, un scandale pour déclencher la moindre réaction des autorités. La logique est renversée : ce n’est plus l’État qui va au-devant des besoins des citoyens, ce sont les citoyens qui doivent marcher pour réveiller l’État.
Ce phénomène révèle une vérité plus cruelle : la montagne doit supplier pour exister. Elle doit crier, hurler, marcher sur trente kilomètres pour qu’un gouverneur daigne écouter. Ce n’est plus une démocratie décentralisée, c’est une bureaucratie du silence, où seule l’insistance du corps devient argument.
Ce que vivent les habitants de Wamndant et d’autres douars du Moyen Atlas, c’est l’invisibilité. Ils ne votent pas en masse, ils ne manifestent pas de violence, ils ne bloquent pas d’autoroutes. Alors, on les oublie. Mais leur marche pacifique est un acte de résistance d’une puissance inouïe. Ils ont décidé de redevenir visibles. Ils ne crient pas vengeance. Ils demandent justice.
La montagne ne veut pas de pitié. Elle ne veut pas de caméras ou d’aides ponctuelles. Elle exige des politiques publiques durables, une inclusion réelle dans le modèle de développement. Comme le disait le communiqué de la Coalition pour la Montagne : “La montagne n’a pas besoin de compassion, mais de justice”.
Il faut entendre cette colère montante. Pas celle qui casse ou insulte, mais celle qui s’accumule, jour après jour, au fond des cœurs. Elle est plus dangereuse, car elle débouche sur le désespoir. Quand un État oublie ses citoyens, ces derniers peuvent finir par oublier l’État. Et cela, c’est le début de l’effondrement.
La cohésion nationale n’est pas un slogan, c’est une construction lente, faite de routes, de soins, de classes, de connexions. On ne peut pas bâtir un pays juste sur Casablanca et Rabat. Le Maroc est un tout. Et s’il abandonne la montagne, il abandonne une part de lui-même
Le syndrome d’Aït Bouguemez : Des villages à l’agonie, quand la montagne marche..
Le Maroc a les yeux tournés vers 2030. Il veut accueillir le monde entier. Mais avant de construire des stades, peut-être faudrait-il construire des routes vers les villages qui vivent encore au rythme des siècles passés. Avant de penser à la 5G, peut-être faudrait-il couvrir les zones blanches de la 2G. Avant de rêver de la scène mondiale, peut-être faudrait-il regarder sous ses pieds.
L’image est forte : pendant que certains planifient l’avenir en drones et en big data, d’autres marchent pieds nus sur des sentiers de poussière pour demander un signal téléphonique.
La souveraineté, ce n’est pas seulement protéger ses frontières ou ses ressources. C’est garantir à chaque citoyen, où qu’il soit, l’accès aux services de base. La souveraineté commence par une école de qualité à Chaour, une ambulance à Aït Amahmed, une route goudronnée à Wamndant. Sans cela, le discours sur l’émergence n’est qu’une façade. Un écran de fumée.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Une hémorragie. De confiance, d’espoir, de dignité. Le Maroc se vide de ses forces vives, de ses territoires oubliés, de ses enfants qui marchent trop loin pour être entendus. Cette marche n’est pas un fait divers. Elle est le symptôme d’un mal profond : le déséquilibre structurel du développement territorial.
Qui arrêtera l’hémorragie ? Ce ne sera pas une subvention de dernière minute. Ni une visite de gouverneur suivie de promesses en l’air. Ce sera une décision politique ferme, lucide et courageuse. Celle de dire : la montagne est le cœur du Maroc. Et on ne laisse pas son cœur saigner.
L’image est forte : pendant que certains planifient l’avenir en drones et en big data, d’autres marchent pieds nus sur des sentiers de poussière pour demander un signal téléphonique.
La souveraineté, ce n’est pas seulement protéger ses frontières ou ses ressources. C’est garantir à chaque citoyen, où qu’il soit, l’accès aux services de base. La souveraineté commence par une école de qualité à Chaour, une ambulance à Aït Amahmed, une route goudronnée à Wamndant. Sans cela, le discours sur l’émergence n’est qu’une façade. Un écran de fumée.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Une hémorragie. De confiance, d’espoir, de dignité. Le Maroc se vide de ses forces vives, de ses territoires oubliés, de ses enfants qui marchent trop loin pour être entendus. Cette marche n’est pas un fait divers. Elle est le symptôme d’un mal profond : le déséquilibre structurel du développement territorial.
Qui arrêtera l’hémorragie ? Ce ne sera pas une subvention de dernière minute. Ni une visite de gouverneur suivie de promesses en l’air. Ce sera une décision politique ferme, lucide et courageuse. Celle de dire : la montagne est le cœur du Maroc. Et on ne laisse pas son cœur saigner.












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