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Akhannouch face au dilemme.. soigner sa ville ou soigner son image ?


Rédigé par le Jeudi 18 Septembre 2025

Il est des tragédies qui deviennent des symboles. Celle d’Agadir en est une. La mort de huit femmes enceintes à l’hôpital de la ville n’a pas seulement endeuillé des familles, elle a déclenché une onde de choc qui dépasse de loin les murs d’un service hospitalier saturé.



Agadir, talon d’Achille d’Akhannouch

Elle a cristallisé le sentiment d’abandon d’une population déjà fragilisée par des années de manquements dans le secteur de la santé publique. Le 14 septembre, les habitants d’Agadir sont descendus dans la rue, transformant leur douleur en colère, leur indignation en marche collective. Le point de rupture était atteint.

Face à la contestation, le ministre de la Santé s’est précipité sur place. Les décisions tombèrent : inspection des structures, licenciement du directeur de l’hôpital, mesures disciplinaires. Mais ces annonces n’ont pas suffi à calmer les esprits. Les habitants n’attendaient pas seulement des sanctions, mais des solutions structurelles : plus de médecins, plus d’équipements, plus de lits, plus d’attention. Ce que la commission a révélé n’avait rien de nouveau : absentéisme, manque de médicaments, équipements vétustes. Des réalités que vivent chaque jour des milliers de Marocains dans d’autres villes. Agadir, cette fois, n’était que le miroir grossissant d’un mal plus vaste.

Le contraste est devenu insupportable. Comment expliquer que l’État trouve des milliards pour des infrastructures sportives, pour préparer la Coupe d’Afrique ou le Mondial 2030, mais peine à équiper un hôpital régional de base ? À Agadir, la question n’est pas que budgétaire, elle est existentielle : que vaut une vie dans la hiérarchie des priorités nationales ? Quand une femme meurt en donnant la vie faute de soins, c’est tout le contrat social qui vacille. Les habitants l’ont compris et exprimé : la dignité commence par l’accès à des soins décents, pas par des gradins flambants neufs.

Agadir, le miroir brisé de la santé publique marocaine..

Cette crise locale renvoie à une équation nationale bien connue. Le Maroc souffre d’un sous-investissement chronique dans la santé. Les hôpitaux régionaux manquent de tout, les grands centres sont saturés, les médecins partent massivement vers l’étranger, attirés par de meilleures conditions. Les citoyens paient cher leurs soins, alors que la couverture sanitaire universelle promise reste incomplète et mal financée. Derrière les chiffres et les slogans, une réalité brute : l’État peine à garantir l’essentiel, et les inégalités d’accès aux soins minent la confiance collective.

Pour Aziz Akhannouch, cette crise tombe au pire moment. Lui qui a bâti une partie de son image sur la transformation d’Agadir, sa ville fief, se retrouve confronté à une colère populaire qui pourrait fissurer son capital politique à l’approche des élections de 2026. Ses ambitions sont claires : santé, éducation, agriculture et Agadir comme vitrines de son projet. Mais comment convaincre que l’on peut transformer le pays quand la vitrine elle-même est fissurée ? Les critiques se multiplient, dénonçant des discours jugés lisses, peu sincères, et un fossé croissant entre les promesses et la réalité.

Akhannouch le sait : la santé sera l’un des juges de paix de 2026. Peut-être plus que l’éducation ou l’agriculture, car elle touche directement à la vie, à la survie. Faire de la santé un pilier de campagne, c’est s’exposer à un retour de bâton si les réformes promises ne suivent pas. La colère d’Agadir a valeur d’avertissement : il ne suffit plus de lancer des projets ou de promettre des budgets, il faut des résultats tangibles, visibles dans le quotidien des Marocains. Sinon, la défiance se transformera en sanction électorale.

Au fond, ce qui se joue aujourd’hui à Agadir dépasse la santé. C’est la crédibilité même de la gouvernance qui est en question. Les citoyens ne croient plus aux grands discours quand les réalités quotidiennes les contredisent.

Le Maroc peut-il continuer à bâtir des stades sans bâtir d’hôpitaux ?
Peut-il viser le rayonnement international tout en laissant ses citoyens mourir faute de soins ?

La réponse se joue dans les rues d’Agadir et, bientôt, dans les urnes de 2026. Mais la bonne réponse est certainement de faire les deux et en mème temps.

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Admin Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 18 Septembre 2025

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