C’est désormais officiel : Boualem Sansal, 74 ans, restera derrière les barreaux pour encore plusieurs années, à moins d’un rebondissement judiciaire ou politique. La cour d’appel d’Alger a confirmé sa condamnation à cinq ans de prison, prononcée en première instance le 27 mars dernier. L’écrivain, figure engagée et critique des régimes autoritaires, est incarcéré depuis plus de sept mois, dans un climat politique particulièrement tendu entre l’Algérie et la France.
 

Romancier respecté et plusieurs fois récompensé à l’international, Boualem Sansal est l’auteur de romans incisifs comme Le Serment des barbares ou 2084 : La fin du monde, dénonçant l’intégrisme, le totalitarisme et les dérives du pouvoir. Sa plume libre lui a souvent valu la censure, mais jamais une peine aussi lourde.
 

Selon ses avocats, cette condamnation repose sur des accusations floues, liées à ses prises de position politiques, notamment ses interventions à l’étranger et ses écrits jugés subversifs par le régime. Le dossier reste opaque, et les chefs d’accusation exacts n’ont pas été clairement détaillés publiquement.

L'affaire Sansal ne se limite pas aux tribunaux : elle a ravivé une crise diplomatique entre l’Algérie et la France, où l’écrivain possède aussi la nationalité. Depuis son arrestation, plusieurs voix françaises, dont celles d’intellectuels, d’écrivains, d’élus et même de diplomates, ont exigé sa libération, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression.
 

De son côté, Alger rejette toute "ingérence étrangère" et assume pleinement cette condamnation, au nom du respect de la souveraineté judiciaire. Un bras de fer symbolique, dans un contexte où les relations bilatérales oscillent entre refroidissement et tentatives de réchauffement, notamment autour des questions mémorielles et migratoires.

Pour l’instant, les proches de Boualem Sansal n’ont pas annoncé s’ils comptaient saisir la Cour suprême ou les instances internationales. Mais la mobilisation ne faiblit pas dans les milieux culturels. Des appels à la libération circulent sur les réseaux sociaux, avec les hashtags #FreeSansal et #JusticePourBoualem.
 

Cette affaire pourrait devenir un marqueur fort des tensions actuelles entre autoritarisme et liberté d'expression en Algérie, et poser la question du rôle des écrivains dans les sociétés en crise.