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Par Aziz Boucetta
Le ministre a répondu que les précipitations que notre pays a connues ont eu un impact très positif, surtout sur la production des céréales et les cultures d’automne et printanières, les arbres fruitiers, de même qu’elles avaient aussi un impact positif sur le couvert végétal et le bétail dans les différentes régions du Royaume.
Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, a donné Ses Hautes Orientations afin de veiller à ce que l’opération de reconstitution du cheptel soit réussie à tous les niveaux et menée avec professionnalisme, conformément à des critères objectifs, et à ce que l’encadrement de l’opération de gestion du soutien soit confiée à des commissions sous la supervision des autorités locales ».
Bien des points ont été examinés lors de ce conseil des ministres, le statut des magistrats, des militaires, la situation hydrique, mais la question du cheptel, donc des viandes, a été abordée en premier. La forme retenue dans le communiqué est intéressante : le roi interpelle le ministre et s’enquiert de la réalité agricole actuelle, cultures et cheptel, le ministre répond, et le roi réagit dans deux directions : il impose une obligation de résultat pour la reconstitution du cheptel (« veiller à ce que l’opération de reconstitution du cheptel soit réussie à tous les niveaux ») en insistant sur le « professionnalisme » (ce qui indique en creux que ce n’est pas nécessairement le cas), puis il ‘dépayse’ la gestion du soutien du ministère de l’Agriculture au ministère de l’Intérieur.
En langage clair, cela signifie que les explications fournies au roi par le ministre de l’Agriculture n’étaient ni concluantes ni convaincantes, conduisant le chef de l’Etat à prendre sa décision de dépayser ce dossier d’un département à l’autre, l’Intérieur, libre de toute considération politicienne ou de calculs électoraux (ce ministère en a, mais d’une autre nature, et seulement le moment venu). Les informations, débats, polémiques et controverses, imprécisions et indélicatesses qui ont par la suite trituré la question des subventions ont fait le reste. Le Roi, aussi, s’informe, et il est même très et mieux informé que le commun. Une fois que le département d'Abdelouahed Laftit aura décortiqué la qujestion et débroussaillé les choses, une suite judiciaire serait tout à fait possible.
Des milliards de DH (on ne sait pas trop combien, les chiffres diffèrent selon les partis et les intentions) ont en effet été dépensés pour reconstituer le cheptel, permettre la fête du sacrifice et maintenir les prix des viandes à des niveaux supportables. Las… les prix demeurent élevés et le chef de l’Etat, Commandeur des croyants, s’est vu contraint d’annoncer la suspension du sacrifice cette année. Il fallait s’attendre à une réaction car une décision de cette portée a une raison et une explication, et quand cette explication n’est pas convaincante, c’est que quelqu’un, quelque part a failli, et qu’il faut donc prendre des décisions en conséquence. Au vu de la décision prise sur le dépaysement du dossier, on peut dire que le ministre Bouari et son chef d’aujourd’hui et de (presque) toujours Aziz Akhannouch (le premier a fait une grande partie de sa carrière au ministère de l’Agriculture, sous le long mandat du second) s’en sortent (pour l’instant ?) honorablement.
Mais le boulet n’est pas passé loin, et son souffle résonne encore dans les oreilles des concernés. Hors métaphore, le désaveu de la politique agricole est aussi clair que la viande chère. Deux jours après le conseil des ministres, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté un avis sur la petite et moyenne agriculture familiale, appuyant en creux sur les revers du Plan Maroc Vert et les manquements de son successeur, « Generation green 2020-2030 »…
L’argent est donc sorti, par milliards de DH, des gens se sont enrichi mais les prix des viandes sont toujours aussi élevés, les Marocains ne procéderont pas cette année au sacrifice rituel et la classe politique patine et tourne en rond. Il fallait une décision royale. Elle est intervenue, et si elle évoque un désaveu de la politique publique dans ce domaine, eh bien tant pis pour les responsables.
Face à ce rugueux coup de semonce, les responsables politiques de l’opposition sont soulagés et ceux de la majorité soufflent d’aise, sans le dire. Le RNI, lui, a du bleu à l’âme et quelques bleus sur le corps…
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost












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