Rage, morsures et fourrières : le Maroc face à une crise silencieuse
Face à l’ampleur du phénomène, le ministère de l’Intérieur a activé un dispositif national inédit, articulé autour de la construction et la mise en service de centres de collecte et d’accueil pour animaux errants. À fin août 2024, plus de 20 centres avaient été programmés dans tout le pays. Un centre régional opérationnel existe déjà dans la commune d’Amr, tandis que cinq fourrières à Casablanca, Tanger, Marrakech, Agadir et Oujda affichent un taux d’avancement de 95 %.
D’autres chantiers avancent à Ifrane et Sidi Slimane, et dix nouvelles fourrières ont obtenu leur financement dans plusieurs villes, dont Kénitra, Dakhla, Errachidia, Larache et Tinghir. Six projets supplémentaires sont à l’étude, élargissant encore le réseau national.
Pour répondre aux besoins urgents, une expérience pilote a été lancée à Kénitra : un complexe vétérinaire mobile, capable d’être déployé rapidement dans les zones dépourvues d’infrastructures. Ce dispositif assure la vaccination, la stérilisation, les soins et l’hébergement temporaire des chiens et chats errants.
Au cœur de cette stratégie se trouve le centre régional de Bled “Dandoun”, considéré comme le premier établissement du genre au Maroc. Construit sur un hectare, il peut accueillir jusqu’à 600 chiens, pris en charge par des vétérinaires et des spécialistes. Il assure stérilisation, traitement et hébergement, au service des communes de Rabat, Salé et Témara. La gestion de ce centre est confiée à l’Association marocaine de protection des animaux et de l’environnement, dans une logique de partenariat entre autorités publiques et acteurs associatifs.
Le ministère a également diffusé des circulaires aux communes, les incitant à créer leurs propres infrastructures, à améliorer les conditions de collecte et à veiller au bien-être animal. Ces directives rappellent l’obligation de ne pas capturer les animaux stérilisés et identifiés, afin d’éviter les doublons et de maximiser l’efficacité des campagnes. Sur le plan légal, le projet de loi 19.25 ambitionne de créer un cadre clair pour la gestion des animaux errants, conciliant sécurité des citoyens, droit à la vie animale et prévention des maladies.
Le Maroc semble enfin enclencher une riposte structurée face à un phénomène devenu sanitaire et social. Mais au-delà des centres d’accueil et des lois en préparation, c’est la mise en œuvre quotidienne collecte continue, stérilisation massive, suivi vétérinaire, contrôle des maladies qui déterminera l’efficacité réelle du dispositif. Face à une courbe d’attaques qui ne cesse de grimper, 2025 devra être l’année où la stratégie passera du papier au terrain.












L'accueil

















