Fin janvier, les douaniers de Menton, dans les Alpes-Maritimes, ont procédé à une saisie inattendue lors d’un contrôle de routine sur un camion de fret express reliant l’Espagne à l’Italie.
 
À l’intérieur de deux colis destinés à des particuliers italiens, ils ont découvert neuf dents fossilisées de reptiles préhistoriques, en provenance du Maroc.
 
Les contrôles sur l'autoroute A8 sont fréquents, notamment pour détecter le trafic de stupéfiants.

Toutefois, cette fois-ci, c’est un véritable trésor paléontologique qui a été mis au jour, témoignant de l’existence d’un marché noir de fossiles.

Après expertise du Musée de la Préhistoire régionale de Menton, il a été confirmé que ces fossiles appartenaient à trois espèces de reptiles préhistoriques ayant vécu il y a environ 72 à 66 millions d’années :
 
Une dent de Plésiosaure Zarafasaura oceanis, un reptile marin au cou particulièrement long.

Trois dents de Mosasaure, reptile marin rendu célèbre par le film Jurassic World.
Cinq dents de Dyrosaurus phosphaticus, un lointain cousin du crocodile actuel.
 
Ces fossiles, issus du bassin géologique marocain, font partie des biens protégés par la législation sur le patrimoine archéologique.
 
Leur possession, importation et circulation sans justificatif sont interdites, ce qui explique la saisie opérée par les douanes.

Les autorités françaises mènent actuellement une enquête pour identifier les destinataires des colis et établir les responsabilités.
 
Il n’est pas rare que ces fossiles, extraits illégalement, soient vendus sur le marché noir à des collectionneurs privés ou des musées étrangers.
 
En 2020, la France avait déjà restitué 25.000 pièces archéologiques et paléontologiques au Maroc, saisies lors de plusieurs opérations douanières entre 2005 et 2006.
 
Ces pièces provenaient de fouilles clandestines, un phénomène récurrent dans plusieurs pays riches en vestiges préhistoriques.
 
Ce commerce illicite ne concerne pas uniquement les fossiles. Chaque année, les services douaniers interceptent des objets antiques, manuscrits, tableaux et artefacts anciens, majoritairement issus de l’Antiquité gréco-romaine.
 
En 2015, une saisie emblématique avait eu lieu à Lyon, où les autorités avaient récupéré des restes de Tarbosaurus bataar, un dinosaure carnivore provenant de Mongolie.

Le Maroc est une véritable mine d’or paléontologique, avec de nombreux sites renfermant des fossiles exceptionnels.
 
Cependant, l’exploitation illégale de ces trésors menace leur préservation et prive les chercheurs d’éléments clés pour la compréhension de l’histoire de la Terre.
 
Cette nouvelle saisie met en évidence la nécessité de renforcer la législation et les contrôles pour protéger ce patrimoine inestimable.
 
Alors que les enquêtes se poursuivent, une question demeure : comment empêcher la fuite de ces vestiges précieux vers les circuits illégaux du marché de l’art et des collectionneurs privés ?