L’évolution des dépenses des ménages marocains entre 2014 et 2022 révèle une tendance préoccupante : une augmentation des charges essentielles (alimentation, logement, énergie), couplée à une réduction des dépenses liées au bien-être, à la culture et aux loisirs. Cette mutation des habitudes de consommation traduit un resserrement budgétaire qui témoigne d’un affaiblissement du pouvoir d’achat des ménages, en particulier au sein de la classe moyenne. Comment cette reconfiguration des priorités impacte-t-elle l’économie et quelles en sont les implications à long terme ?
L’enquête nationale du Haut-Commissariat au Plan (HCP) souligne une augmentation des dépenses incompressibles au sein du budget des ménages.
Un recul spectaculaire des dépenses discrétionnaires
À l’inverse, certaines catégories de dépenses ont connu un effondrement inquiétant, traduisant une dégradation des conditions de vie et un arbitrage budgétaire défavorable aux loisirs et à l’éducation :
Cette réallocation budgétaire met en lumière une forme de précarisation silencieuse, où la part croissante des dépenses contraintes réduit la marge de manœuvre des ménages.
Plusieurs facteurs expliquent cette transformation :
Quelles solutions pour redonner du souffle aux ménages ?
Afin de rééquilibrer la structure des dépenses et préserver le pouvoir d’achat des familles marocaines, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
Face à cette réalité, les politiques publiques doivent être repensées pour alléger la pression économique sur les ménages et rétablir un équilibre entre dépenses contraintes et dépenses discrétionnaires. La capacité des familles à consommer librement est un pilier fondamental du dynamisme économique, et sa préservation constitue un enjeu majeur pour le Maroc des prochaines années.
L’enquête nationale du Haut-Commissariat au Plan (HCP) souligne une augmentation des dépenses incompressibles au sein du budget des ménages.
- La part des dépenses alimentaires est passée de 37% en 2014 à 38,2% en 2022. Cette hausse, bien que modérée, illustre une pression inflationniste sur les produits de base, notamment les céréales, les huiles et les produits laitiers.
- Les dépenses liées au logement et à l’énergie ont également progressé, passant de 23% en 2014 à 25,4% en 2022, conséquence directe de la hausse des loyers et du coût des services publics.
- Les dépenses d’hygiène ont suivi une trajectoire similaire, passant de 2,7% à 3,9%, probablement sous l’effet de la crise sanitaire de 2020 qui a renforcé les besoins en produits d’hygiène et de prévention.
Un recul spectaculaire des dépenses discrétionnaires
À l’inverse, certaines catégories de dépenses ont connu un effondrement inquiétant, traduisant une dégradation des conditions de vie et un arbitrage budgétaire défavorable aux loisirs et à l’éducation :
- Les dépenses de loisirs et culture ont chuté de 1,9% en 2014 à 0,5% en 2022, un effondrement de près de 75%. Cette tendance révèle une restriction drastique des dépenses non essentielles et un repli sur les besoins primaires.
- Les dépenses de transport sont passées de 7,1% à 5,8%, illustrant une probable baisse de mobilité des ménages, liée notamment à l’augmentation du coût des carburants et des transports en commun.
- Les dépenses en équipements ménagers ont également reculé, passant de 3,2% à 2,3%, signe d’un ralentissement du renouvellement des biens durables, essentiel à la croissance du secteur industriel.
- Même les dépenses de santé, pourtant cruciales, ont enregistré une diminution, passant de 6,1% à 5,9%, ce qui peut indiquer un accès plus difficile aux soins en raison de leur coût élevé.
Cette réallocation budgétaire met en lumière une forme de précarisation silencieuse, où la part croissante des dépenses contraintes réduit la marge de manœuvre des ménages.
Plusieurs facteurs expliquent cette transformation :
- L’érosion du pouvoir d’achat sous l’effet de l’inflation, notamment sur les produits alimentaires de base.
- L’augmentation du coût du logement et de l’énergie, qui capte une part plus importante des revenus.
- L’absence d’ajustement des salaires à la hausse du coût de la vie, en particulier pour la classe moyenne.
- Les effets de la pandémie de Covid-19, qui ont exacerbé la fragilité financière des ménages, contraignant leurs choix de consommation.
Quelles solutions pour redonner du souffle aux ménages ?
Afin de rééquilibrer la structure des dépenses et préserver le pouvoir d’achat des familles marocaines, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Encadrer l’inflation alimentaire en renforçant la régulation des prix des produits de base et en développant des mécanismes de soutien aux agriculteurs pour limiter la volatilité des prix.
- Instaurer un plafonnement des loyers dans les zones urbaines à forte tension immobilière afin de limiter la pression exercée par le logement sur les revenus des ménages.
- Développer un soutien direct au pouvoir d’achat, notamment via une revalorisation des salaires minimums et une baisse ciblée de la TVA sur les produits de première nécessité.
- Faciliter l’accès aux soins en renforçant la couverture médicale universelle et en subventionnant les médicaments essentiels pour les ménages les plus fragiles.
- Soutenir les secteurs du loisir et de la culture, en favorisant l’accès aux infrastructures publiques (musées, bibliothèques, centres culturels) à des tarifs subventionnés.
Face à cette réalité, les politiques publiques doivent être repensées pour alléger la pression économique sur les ménages et rétablir un équilibre entre dépenses contraintes et dépenses discrétionnaires. La capacité des familles à consommer librement est un pilier fondamental du dynamisme économique, et sa préservation constitue un enjeu majeur pour le Maroc des prochaines années.












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