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Des enseignants en blouse bleue


Rédigé par le Lundi 20 Novembre 2023

Quel est l’avenir d’une nation dont les enseignants manifestent dans la rue, pendant que leurs élèves voient s’envoler des jours d’instruction non-reçue ?



A lire ou à écouter en podcast:


Le statut accordé à l’enseignant dans une société est le reflet de son ambition pour l’avenir

Quand la France a voulu disposer de soldats opérants pour coloniser d’autres pays et soumettre d’autres peuples, Jules Ferry, ministre de l’instruction publique, a fait voter l’enseignement obligatoire, fin 19ème siècle, et les instituteurs, en blouses noirs, ont été appelés les « hussards noirs », en référence au corps de cavalerie.

Il a existé, en ce monde, des écoles et des enseignants bien avant que la fonction de ministre de l’éducation nationale ne soit inventée.

Le statut accordé à l’enseignant dans une société est le reflet de son ambition pour l’avenir. La précarité ne saurait générer que plus de précarité. Un enseignant à tout faire ne peut pas former des calibres pointus.

Les enseignants font généralement partie de la classe moyenne, garante de la stabilité sociopolitique de la nation et socle de la démocratie. Cette catégorie sociale a été fragilisée, au Maroc, par le renchérissement du coût de la vie.

Le 26 octobre, lors d’une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement a déclaré que l’exécutif allait porter une attention particulière à la classe moyenne dans les années à venir. D’ici 2025, il faudra prier pour que la hausse de l’inflation ne finit pas de paupériser de larges franges de la population.

Du projet de loi des finances 2024, la classe moyenne n’a, de toute évidence, rien à attendre.

La prochaine leçon donnée par les enseignants, en classe, devrait porter sur l’application de l’article 22 : débrouilles toi comme tu peux !

Il est étrange de constater une telle dissonance entre la conception, misérabiliste, que l’on forge du statut du corps enseignant, incubateur des citoyens productifs de demain, et celle, plus prestigieuse, cultivée au plus haut sommet de l’Etat, du Maroc de demain.

Après la glorieuse Marche verte initiée par son auguste père, feu Hassan II, le roi Mohammed VI veut sa Marche bleue, qui verra le Maroc valoriser les 3600 kms de côtes et le million de kms2 de zone économique exclusive dont la géographie l’a généreusement doté.

Les pays du Sahel, rongés par le terrorisme jihadiste et le sous-développement, sont enclavés ? Qu’à cela ne tienne, les côtes sahariennes du Maroc, le futur port de Dakhla en particulier, sont là pour leur procurer une bouffée d’air marin frais.

L’Europe manque de gaz ? Le Nigéria se ferait un plaisir de lui en procurer, en transitant par le Maroc. Pour 25 milliards de dollars et le long d’un gazoduc de 5.665 kms, 11 pays africains, outre le Nigéria et le Maroc, vont également en profiter.

Le polisario, on n’en parle plus. Il s’est suicidé à Smara, le 28 octobre. Ses débris sont restés à Tindouf, en Algérie.

La Marche bleue nécessite de la matière grise, cultivée des années durant par des enseignants qui doivent, pour ce faire, voir la vie en rose. S’ils broient du noir, les Marocains de demain resteront sur le rivage à regarder des chalutiers étrangers racler les fonds de leurs pêcheries.

Maître, puis-je rêver d’un avenir meilleur pour mes enfants ?





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Lundi 20 Novembre 2023

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