Lors de sa dernière intervention médiatique, Abdellilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a une fois de plus opté pour le spectaculaire au détriment de la substance politique. Fidèle à son style provocateur, il attire régulièrement l’attention non pas par des propositions concrètes ou un programme structuré, mais par des déclarations qui font l’effet d’une bombe.

Lors de cette prise de parole, il exhorte les parents à marier leurs filles avant qu’il ne soit « trop tard ». Selon lui, si elles ne se marient pas, leurs études ne leur serviront à rien. Ces propos, teintés d’un conservatisme assumé, plongent le débat public dans une époque que beaucoup espèrent révolue. Une fois encore, la femme est réduite à un rôle matrimonial, comme si son avenir dépendait exclusivement de son statut marital.

Cette rhétorique, bien loin des aspirations d’une société marocaine en pleine mutation, semble devenir une constante dans les prises de parole de Benkirane. Mais ce choix de discours soulève des interrogations bien plus profondes : s’agira-t-il d’une stratégie populiste visant à galvaniser une base électorale conservatrice, ou simplement d’un manque criant de vision politique ?

Les réactions à ces propos ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, une vague d’indignation émergea, portée par des citoyens, des militants et des figures publiques. Dans une société marocaine qui lutte chaque jour pour renforcer l’égalité des chances et promouvoir l’éducation, de telles déclarations sont perçues comme un retour en arrière.

Elles freinent les avancées réalisées par la société civile et les politiques publiques en matière d’émancipation des femmes.Dans un pays où l’accès à l’éducation reste un défi majeur pour de nombreuses jeunes filles, reléguer leur avenir à une question de mariage semblait non seulement désolant, mais également irresponsable.

Les propos de Benkirane, au-delà du buzz médiatique qu’ils génèrent, remettent en question des valeurs fondamentales, comme la place de l’éducation dans le développement personnel et professionnel, ainsi que le rôle des femmes dans la société moderne.

 

Il serait peut-être temps pour Abdellilah Benkirane de recentrer le débat sur des enjeux réels. Dans un contexte où le Maroc fait face à des défis majeurs, tels que le chômage des jeunes, les inégalités sociales et les questions environnementales, les discours populistes ne suffisent plus à convaincre.

La population marocaine, notamment les jeunes femmes, aspire à des politiques qui valorisent l’éducation, favorisent l’émancipation et garantissent l’égalité des chances.  Les propos du secrétaire général du PJD, bien qu’ils génèrent une attention médiatique immédiate, risquent de ternir l’image de son parti et de fragiliser sa crédibilité politique.

En effet, dans une société marocaine où les aspirations progressistes gagnent du terrain, ces discours rétrogrades pourraient éloigner une partie de l’électorat, notamment les jeunes et les femmes, qui représenteront une force incontournable dans le paysage politique.

Au-delà de la polémique, les déclarations de Benkirane soulèvent des questions essentielles sur l’avenir de la jeunesse marocaine. Dans un pays où l’éducation est souvent perçue comme le principal levier de développement, réduire son importance au profit du mariage est un message dangereux.

Cela revient à nier les efforts de milliers de familles qui investissent dans l’éducation de leurs filles, souvent au prix de sacrifices considérables.  De nombreux experts et militants rappellent que l’éducation des femmes n’est pas seulement un droit fondamental, mais aussi un pilier du développement économique et social.

Les études montrent que les pays investissant massivement dans l’éducation des filles enregistrent des progrès significatifs en matière de santé, de croissance économique et de réduction des inégalités. Ignorer ces réalités revient à priver le Maroc d’une opportunité de transformation profonde.

En somme, les déclarations d’Abdellilah Benkirane reflètent une stratégie populiste qui, bien que bruyante, semble déconnectée des aspirations réelles de la société marocaine. À l’heure où le pays cherche à consolider ses avancées en matière de droits des femmes et d’égalité, ces discours rétrogrades risquent de freiner cet élan.

Le secrétaire général du PJD, en privilégiant le buzz médiatique au détriment d’un programme politique solide, pourrait bien perdre la confiance d’une population de plus en plus exigeante.  Il est temps pour les responsables politiques de se concentrer sur des solutions concrètes aux défis du Maroc moderne, plutôt que de s’accrocher à des rhétoriques dépassées.

La jeunesse marocaine, portée par ses rêves d’émancipation et de liberté, mérite mieux que des discours simplistes. Elle mérite une vision politique ambitieuse, capable de répondre aux enjeux du présent tout en construisant un avenir inclusif et équitable.