Le grand oublié de la protection sociale
Actuellement, l’AMO couvre certes une partie des soins dentaires, mais dans des proportions insuffisantes. Beaucoup de traitements (implants, orthodontie, soins esthétiques ou prothèses) sont mal remboursés, voire totalement exclus des barèmes. Résultat : 80 % des soins dentaires au Maroc sont payés de la poche du patient. Et pour les ménages modestes, cela revient à choisir entre se soigner les dents ou remplir le frigo.
Cette situation crée un cercle vicieux : les Marocains ne consultent qu’en cas d’urgence, aggravant les pathologies et les coûts. Une carie banale devient une extraction ; une inflammation devient une infection ; un simple détartrage évité mène à une parodontite chronique.
Une injustice sanitaire et territoriale
Les enfants issus de familles pauvres, les seniors sans couverture ou les habitants des zones rurales sont les premiers sacrifiés. À Casablanca, on se fait poser une couronne en deux jours ; dans l’Atlas, on prie pour qu’un médecin de campagne accepte de vous soulager à mains nues. Cette fracture sanitaire est incompatible avec un pays qui affiche l’ambition d’une santé pour tous à l’horizon 2030.
Créer une CMU dentaire, c’est reconnaître que la bouche fait partie du corps, et que le sourire d’un citoyen compte autant que son taux de glycémie ou sa tension artérielle. C’est aussi un investissement social : une bouche saine, c’est moins d’absentéisme, plus de dignité, de confiance en soi… et moins de maladies chroniques liées.
Une faisabilité à débattre
Évidemment, une telle réforme pose des questions de financement. Peut-on l’intégrer à la réforme actuelle de la généralisation de la protection sociale ? Faut-il créer un fonds dédié, soutenu par les mutuelles et le secteur privé ? Comment intégrer les praticiens dans cette dynamique sans brader leur travail ni créer de soins à bas coût ?
Des pays comme le Brésil ou le Canada ont lancé des programmes de soins dentaires gratuits pour les populations vulnérables, avec des résultats positifs en matière de prévention et de santé globale. Pourquoi pas le Maroc ?
Cette situation crée un cercle vicieux : les Marocains ne consultent qu’en cas d’urgence, aggravant les pathologies et les coûts. Une carie banale devient une extraction ; une inflammation devient une infection ; un simple détartrage évité mène à une parodontite chronique.
Une injustice sanitaire et territoriale
Les enfants issus de familles pauvres, les seniors sans couverture ou les habitants des zones rurales sont les premiers sacrifiés. À Casablanca, on se fait poser une couronne en deux jours ; dans l’Atlas, on prie pour qu’un médecin de campagne accepte de vous soulager à mains nues. Cette fracture sanitaire est incompatible avec un pays qui affiche l’ambition d’une santé pour tous à l’horizon 2030.
Créer une CMU dentaire, c’est reconnaître que la bouche fait partie du corps, et que le sourire d’un citoyen compte autant que son taux de glycémie ou sa tension artérielle. C’est aussi un investissement social : une bouche saine, c’est moins d’absentéisme, plus de dignité, de confiance en soi… et moins de maladies chroniques liées.
Une faisabilité à débattre
Évidemment, une telle réforme pose des questions de financement. Peut-on l’intégrer à la réforme actuelle de la généralisation de la protection sociale ? Faut-il créer un fonds dédié, soutenu par les mutuelles et le secteur privé ? Comment intégrer les praticiens dans cette dynamique sans brader leur travail ni créer de soins à bas coût ?
Des pays comme le Brésil ou le Canada ont lancé des programmes de soins dentaires gratuits pour les populations vulnérables, avec des résultats positifs en matière de prévention et de santé globale. Pourquoi pas le Maroc ?
Le rôle des mutuelles dans l’équité dentaire
Au Maroc, les mutuelles jouent un rôle important mais inégal dans l’accès aux soins dentaires. Certaines prennent en charge jusqu’à 70 % des frais prothétiques, d’autres plafonnent à quelques centaines de dirhams par an. Une harmonisation des pratiques s’impose, accompagnée de contrats transparents et d’une meilleure régulation du marché de l’assurance santé. Une CMU dentaire pourrait s’appuyer sur un partenariat équilibré entre État, mutuelles et praticiens, à condition d’y intégrer une logique de prévention, et pas seulement de remboursement.