L’idée d’un parti politique marocain fonctionnant principalement en ligne, reconnu légalement mais organisé virtuellement, s’inscrit dans cette logique.
Des expériences internationales montrent que cette idée n’a rien d’irréaliste. En Argentine, le Net Party (Partido de la Red) propose une forme de « net democracy » : ses membres votent en ligne sur des projets de loi via la plateforme dédiée, et les élus du parti s’engagent à agir conformément aux décisions collectives en ligne. En Espagne, la plateforme municipale Decide Madrid a permis aux citoyens de proposer, débattre et voter des mesures publiques à l’échelle locale, ouvrant la voie à une participation numérique concrète dans la décision publique.
Le Maroc, de son côté, possède un terrain favorable :
On peut aisément imaginer l’effet d’un tel parti capable de rassembler des centaines de milliers de jeunes autour d’un même objectif : reprendre en main leur citoyenneté. À travers une campagne nationale menée entièrement en ligne, ces jeunes pourraient s’inscrire massivement sur les listes électorales, s’informer, se former et participer activement aux élections classiques. Le digital deviendrait alors un outil de mobilisation, de formation et d’encadrement civique — trois missions que les partis traditionnels ont peu à peu délaissées.
Les réseaux sociaux remplaceraient les réunions de section, les plateformes numériques serviraient à débattre et à élaborer les programmes, et chaque smartphone deviendrait un espace d’action politique. Une telle dynamique pourrait redonner du sens au militantisme et reconnecter la jeunesse à la participation publique, en réinventant les fonctions fondamentales du parti : mobiliser, encadrer, former et agir, mais dans un langage et un environnement qui lui ressemblent.
Au-delà de la mobilisation et de la participation électorale, la Génération Z dispose aujourd’hui d’une véritable opportunité historique :
Leur implication ne vise pas seulement à « prendre la parole », mais à revendiquer le droit de vivre dans un pays durablement viable, non accablé par la dette publique, ni prisonnier de choix politiques à court terme qui hypothèquent leur avenir. Dans une société où les grandes orientations budgétaires, économiques et sociales se décident sans toujours mesurer leurs effets sur les générations futures, la participation active des jeunes devient un acte de responsabilité autant qu’un geste d’espoir.
Un tel modèle réduirait les coûts, simplifierait la gouvernance et redonnerait confiance à une génération qui se méfie des partis traditionnels. Il permettrait aussi de rapprocher les citoyens des décisions, en abolissant la distance entre dirigeants et adhérents. Les jeunes ne se limiteraient plus à commenter la politique sur les réseaux : ils en deviendraient acteurs, contributeurs, électeurs et décideurs à part entière.
Bien sûr, la réussite d’un tel projet suppose des garanties fortes.
Mais l’enjeu dépasse la technique. Il s’agit d’un changement culturel : passer d’une politique d’appareil à une politique d’interaction, d’une représentation verticale à une démocratie fluide et collective. Dans un Maroc en pleine transition numérique, cette idée pourrait incarner une nouvelle forme d’engagement, adaptée à la génération des écrans, porteuse de transparence et de confiance.
Transformer l’énergie virtuelle des jeunes en force politique organisée, c’est offrir à la démocratie marocaine une seconde jeunesse. Le parti virtuel n’abolirait pas la réalité, il la prolongerait. Il serait le symbole d’une société qui, enfin, reconnaît que l’avenir du politique se joue aussi en ligne — là où la nouvelle génération pense, agit et rêve déjà.
Par Rachid ESSEDIK












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