Par Ismael Zniber, historien spécialiste de l'histoire contemporaine et diplomatique du Maroc
C’est avec une immense tristesse que j’apprends la disparition de Ssi Yahia Benslimane, figure éminente du Maroc, ancien ministre, gouverneur, directeur de cabinet du roi Hassan II et ambassadeur à Rome. Son départ marque la fin d’une époque et la perte d’un grand serviteur de l’État.
J’ai eu le plaisir de lui rendre visite en 2023, accompagné de mon père. Je garde le souvenir d’un homme à l’affabilité rare, à l’humilité sincère, doté d’une culture remarquable et d’une mémoire impressionnante. Au fil de notre conversation, nous avons parcouru ensemble des photographies et des souvenirs d’une lignée familiale intimement liée à l’histoire du Maroc. Il parlait avec fierté de son père, le Pacha de Fès et Président du Conseil du trône Hajj Fatmi Benslimane, ambassadeur auprès de plusieurs États arabes, de son grand-oncle Abdelkrim Benslimane, ministre des Affaires étrangères et ambassadeur à Paris et à Saint-Pétersbourg en 1901, de son grand-père maternel le Grand Vizir Mohammed Guebbas, ainsi que de son cousin Mhammed Boucetta.
Bien au-delà de ces attaches, Ssi Yahia nourrissait une passion profonde pour l’histoire et la culture. Il me parlait avec admiration de Cosme de Médicis, symbole de mécénat et de raffinement, et d’Henri Terrasse, qu’il considérait comme l’un des plus grands historiens du Maroc, de diplomatie et du Makhzen. Ces échanges révélaient un homme d’une érudition rare animé par le désir de transmettre.
La disparition de Yahia Benslimane emporte avec elle la mémoire d’un grand commis de l’État, d’un homme qui a su conjuguer compétence, dévouement et sagesse dans toutes les fonctions qu’il a occupées. Son parcours force l’admiration et demeure un exemple de service loyal et discret, trop souvent méconnu du grand public et des médias. Son ouvrage "Nous, Marocains" qui offre une analyse pénétrante du Maroc et de ses habitants, mériterait d’être réédité et lu par tous ceux qui s’intéressent à l’âme de notre pays.
Je regrette que les générations actuelles ne prêtent pas davantage attention à ces figures, trop souvent ignorées et qui disparaissent dans une indifférence regrettable, alors que d’autres, moins méritantes, monopolisent l’attention. Puissent ces lignes rappeler l’importance de recueillir les témoignages de ceux qui ont œuvré, avec intégrité et abnégation, pour le bien commun, et de transmettre cet héritage exemplaire aux générations futures. Hélas, ce Maroc disparu n’a plus de voix pour le raconter et les jeunes générations en ignorent tout.
Je me permets de rappeler cette citation de Mohammad Larbi Ben Youssef el Fassi, mentionnée par Yahia Benslimane en ouverture de son livre "Nous, Marocains" :
« Que d’hommes de valeur ont été oubliés par manque d’intérêt des Marocains. »
Triste et lucide constat.
J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille de Yahia Benslimane, à son épouse Madame Ababou, à leurs enfants et leurs petits-enfants.
إنا لله وإنا إليه راجعون
J’ai eu le plaisir de lui rendre visite en 2023, accompagné de mon père. Je garde le souvenir d’un homme à l’affabilité rare, à l’humilité sincère, doté d’une culture remarquable et d’une mémoire impressionnante. Au fil de notre conversation, nous avons parcouru ensemble des photographies et des souvenirs d’une lignée familiale intimement liée à l’histoire du Maroc. Il parlait avec fierté de son père, le Pacha de Fès et Président du Conseil du trône Hajj Fatmi Benslimane, ambassadeur auprès de plusieurs États arabes, de son grand-oncle Abdelkrim Benslimane, ministre des Affaires étrangères et ambassadeur à Paris et à Saint-Pétersbourg en 1901, de son grand-père maternel le Grand Vizir Mohammed Guebbas, ainsi que de son cousin Mhammed Boucetta.
Bien au-delà de ces attaches, Ssi Yahia nourrissait une passion profonde pour l’histoire et la culture. Il me parlait avec admiration de Cosme de Médicis, symbole de mécénat et de raffinement, et d’Henri Terrasse, qu’il considérait comme l’un des plus grands historiens du Maroc, de diplomatie et du Makhzen. Ces échanges révélaient un homme d’une érudition rare animé par le désir de transmettre.
La disparition de Yahia Benslimane emporte avec elle la mémoire d’un grand commis de l’État, d’un homme qui a su conjuguer compétence, dévouement et sagesse dans toutes les fonctions qu’il a occupées. Son parcours force l’admiration et demeure un exemple de service loyal et discret, trop souvent méconnu du grand public et des médias. Son ouvrage "Nous, Marocains" qui offre une analyse pénétrante du Maroc et de ses habitants, mériterait d’être réédité et lu par tous ceux qui s’intéressent à l’âme de notre pays.
Je regrette que les générations actuelles ne prêtent pas davantage attention à ces figures, trop souvent ignorées et qui disparaissent dans une indifférence regrettable, alors que d’autres, moins méritantes, monopolisent l’attention. Puissent ces lignes rappeler l’importance de recueillir les témoignages de ceux qui ont œuvré, avec intégrité et abnégation, pour le bien commun, et de transmettre cet héritage exemplaire aux générations futures. Hélas, ce Maroc disparu n’a plus de voix pour le raconter et les jeunes générations en ignorent tout.
Je me permets de rappeler cette citation de Mohammad Larbi Ben Youssef el Fassi, mentionnée par Yahia Benslimane en ouverture de son livre "Nous, Marocains" :
« Que d’hommes de valeur ont été oubliés par manque d’intérêt des Marocains. »
Triste et lucide constat.
J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille de Yahia Benslimane, à son épouse Madame Ababou, à leurs enfants et leurs petits-enfants.
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