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Instagram, TikTok, Discord… Et si la Gen Z y inventait ses partis politiques ?


Rédigé par le Dimanche 21 Septembre 2025

Il y a des coïncidences qui en disent long sur l’air du temps. Tandis qu’au Népal, les jeunes descendent par milliers dans la rue pour contester un système qu’ils jugent verrouillé et incapable de répondre à leurs aspirations, au Maroc, d’autres foules ont battu le pavé, réclamant des hôpitaux dignes de ce nom, des axes routiers sûrs et modernes, ainsi que des réseaux mobiles fiables. Deux contextes différents, deux réalités politiques distinctes, mais un même langage : celui d’une génération qui refuse d’être spectatrice et qui exige que l’État réponde enfin aux besoins concrets de la vie quotidienne.



Des urnes aux écrans : Quand la Gen Z réinvente la politique en 30 secondes

À première vue, tout oppose Katmandou et Casablanca. Et pourtant, dans les cortèges népalais comme marocains, une évidence saute aux yeux : l’organisation et la mobilisation passent moins par les partis politiques classiques que par les réseaux sociaux. Instagram, TikTok, voire Discord, ces plateformes devenues lieux de sociabilité, d’humour et d’expression, se muent désormais en instruments de contestation et en laboratoires politiques informels.

On aurait tort de sourire en imaginant TikTok remplacer les locaux poussiéreux des sections partisanes, ou Discord servir de siège social à un futur mouvement. Car, pour une partie croissante de la jeunesse, c’est déjà le cas. Les discussions y sont quotidiennes, les “lives” remplacent les assemblées générales, les “threads” sont plus lus qu’un tract ou un communiqué. La politique s’y diffuse sous forme de vidéos de trente secondes ou de mèmes qui circulent plus vite qu’un éditorial en première page.

Les manifestations récentes au Népal ont mis en lumière une fracture profonde : les jeunes n’attendent plus rien – ou presque – des partis traditionnels. Les slogans scandés dans la rue ne sont pas repris des programmes officiels, mais remixés à partir de punchlines virales. L’organisation logistique des marches s’appuie davantage sur des groupes privés en ligne que sur des syndicats ou associations historiques.

C’est peut-être là que réside le vrai tournant politique : la politique se désinstitutionnalise. Non pas qu’elle disparaisse, mais elle change de forme, de lieu et de rythme. Les partis, englués dans leurs procédures internes, peinent à suivre la vitesse des réseaux. Ils parlent encore en termes de “plans quinquennaux” quand la génération Z réagit à la minute, au gré d’un hashtag ou d’un live improvisé.

Manifestations 2.0 : des rues aux réseaux, le futur engagement politique

Bien sûr, on peut critiquer la superficialité apparente de ces nouvelles formes d’engagement. Peut-on vraiment remplacer un programme détaillé par une vidéo TikTok ? Une analyse complexe par un meme ironique ? Les sceptiques diront que cette génération confond politique et divertissement, qu’elle surfe sur l’indignation sans proposer d’alternative viable.

Mais il serait tout aussi naïf de croire que cette énergie ne porte pas en germe une nouvelle manière de faire de la politique. Car derrière l’humour et la rapidité se cachent de vraies colères, de vraies aspirations, et surtout une exigence de transparence et d’authenticité. Là où les partis mentent par omission ou noient le poisson dans des rapports techniques, les jeunes réclament des réponses directes, vérifiables, en temps réel.

La question, dès lors, est la suivante : assisterons-nous en 2026 à l’émergence de “partis 2.0” issus directement de ces plateformes ? Des collectifs nés sur Discord, des listes électorales façonnées sur TikTok, des campagnes financées et orchestrées via Instagram ? Cela peut sembler futuriste, mais le mouvement est déjà amorcé ailleurs : en Europe, des partis pirates ou mouvements citoyens nés en ligne ont réussi à s’imposer dans les urnes.

Le Maroc, avec sa jeunesse nombreuse et connectée, pourrait être l’un des prochains laboratoires de ce phénomène. Mais cela suppose une réinvention radicale des cadres légaux, institutionnels et culturels. Les autorités devront accepter que la politique ne se limite plus aux salons ministériels ni aux plateaux télévisés. Les partis traditionnels, eux, devront apprendre à dialoguer avec des communautés qui n’entrent pas dans leurs schémas hiérarchiques.

Le paradoxe est fascinant : jamais la politique n’a paru aussi décrédibilisée aux yeux des jeunes, et jamais elle n’a été aussi présente dans leur quotidien numérique. Peut-être que la prochaine révolution politique ne se fera pas dans une salle de congrès mais dans un fil Discord. Peut-être que les slogans de demain seront inventés par des créateurs de contenu et diffusés à coups de reels et de lives. Et peut-être, surtout, que ce rire ironique qui accompagne chaque meme politique est en réalité la preuve que cette génération refuse le silence et choisit, à sa manière, de s’engager.

Jeunesse, réseaux sociaux, Maroc 2026, politique numérique, Gen Z, manifestations, TikTok, Discord, engagement citoyen






Mohamed Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 21 Septembre 2025

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