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L’ONU à 80 ans vacille entre idéal fondateur et impuissance tragique...


Par Aziz DAOUDA

Comme chaque année, fin septembre, l’ouverture de l’Assemblée Générale se veut solennelle, et l’on dit souvent historique. Mais le monde est-il vraiment ici réuni pour décider de son avenir ? Est-ce bien dans ce hall que se prennent les décisions qui comptent ? Comme à chaque fois, il revient au Secrétaire général de dresser les constats et de faire le bilan.



Devant l’Assemblée générale réunie à New York, le Secrétaire général des Nations Unies a une fois encore rappelé avec gravité le sens premier de l’Organisation, née il y a 80 ans comme rempart contre le chaos, la guerre et la barbarie.

Aziz DAOUDA
Aziz DAOUDA
L’ONU, a-t-il insisté, n’a jamais été un idéal abstrait, mais un outil pragmatique pour préserver la survie de l’humanité grâce à trois piliers : la coopération, le droit et la paix. Mais le ton, les mots et la mimique du vaillant secrétaire général ne laissent aucun doute : il est impuissant et son organisation agonise. On sent qu’il est lui-même affecté par le diagnostic sombre qu’il dresse sur notre époque.
 

À ce rappel fondateur a succédé un constat implacable : les principes de la Charte des Nations unies sont de plus en plus bafoués. Guerres, invasions, famines et crises climatiques se multiplient. Du Soudan à l’Ukraine, de Gaza au Sahel, au cœur de l’Afrique, les conflits s’enracinent et s’enlisent, presque sans lueur d’espoir d’un règlement équitable. Cela marquera des générations entières. Les cicatrices profondes ne s’effaceront pas de sitôt. La vérité et la dignité humaine sont instrumentalisées, tandis que les fractures sociales et environnementales s’aggravent.


Dans une tonalité mêlant lucidité et inquiétude, le Secrétaire général a posé la question qui sous-tend tout son discours : « Quel monde allons-nous choisir ? »

Puis il s’est lancé dans un discours plus diplomatiquement convenable, teinté d’un brin d’optimisme. Fidèle à son rôle, il a développé cinq choix cruciaux pour l’avenir. Sera-t-il entendu ? Il sait pertinemment que non.
 

1. La paix ancrée dans le droit international.

Il a appelé à condamner les violations de la Charte et l’impunité des agresseurs. Il a plaidé pour des cessez-le-feu, la fin des ingérences extérieures et une réforme du Conseil de Sécurité. Mais dès le soir même, des bombes tomberont encore, des corps d’innocents joncheront le sol.
 

2. Les droits humains comme socle de la paix.

L’égalité, la dignité et la justice sociale ont été placées au cœur du discours. Mais sommes-nous vraiment égaux devant le droit ? Qui y croit encore ?
 

3. La justice climatique.

Fatigué, le vieil homme a rappelé l’urgence d’accélérer la transition énergétique, dénonçant les subventions aux énergies fossiles et soulignant les besoins financiers colossaux du Sud : 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Mais que vaut ce mot « juste » dans un monde où le président de la première puissance scientifique, économique et militaire dénonce les énergies renouvelables comme une «arnaque» ? Qui croire alors ?
 

4. La technologie au service de l’humanité.

L’intelligence artificielle a été évoquée comme un défi majeur : promesse d’innovation, mais aussi risque d’armes autonomes, de surveillance de masse et de nouvelles fractures numériques. Il a réclamé un cadre universel de gouvernance. Mais qui le respectera, sinon les mêmes qui respectent déjà les règles ?
 

5. Renforcer l’ONU pour le XXIe siècle.

Le Secrétaire général a dénoncé le déséquilibre criant entre dépenses militaires et investissements pour la paix, appelant à un multilatéralisme rénové et efficace. Mais dans ce hall conçu pour rassembler l’humanité autour de valeurs universelles, qui écoute encore ? Le multilatéralisme n’est-il pas en train de mourir de sa belle mort, puisque les grands n’en veulent plus ?


Le style du discours se voulait solennel et mobilisateur.

Les mots étaient minutieusement choisis : impunité, chaos, famine, horreurs. Les questions rhétoriques et oppositions binaires (« force brute ou lois ? », « droit du plus fort ou droits universels ? ») ont rythmé son allocution. Par le « nous » collectif, António Guterres a rappelé le préambule de la Charte : « Nous, peuples des Nations Unies ».
 

Mais, tel un sage fatigué, il a surtout esquissé une feuille de route politique et morale. En homme lucide, il sait que son discours ne changera rien. Il aura fait son devoir. Il se dédouane.
 

Ce discours à qui seules des larmes ont manqué, n’était pas seulement un bilan, mais un appel à l’action. Il visait à réaffirmer le rôle central de l’ONU et à souligner que les défis de notre temps: guerres, climat, intelligence artificielle, droits humains, dépassent les frontières.


En filigrane, le message central est clair : revitaliser le multilatéralisme n’est pas une option idéologique, mais une nécessité vitale. Mais vitale pour qui ?

Face à la fragmentation du monde, l’ONU veut redevenir la voix de l’unité et de l’espérance. Mais à qui s’adresse ce message, sinon aux puissants qui n'écoutent plus depuis longtemps ? Le reste du monde applaudira. Les générations futures jugeront.
 

« Le machin », comme l’appelait déjà De Gaulle, n’a jamais semblé aussi impuissant.
 

Maintenant place aux beaux discours de ceux présents. Des discours savamment écrit pas des scribes et "joués" par quelques acteurs et beaucoup de comparses. En tous cas rendez vous l'an prochain sans doute avec davantage d'injustices, de malheurs, de non droit, de drames et de morts pour rien.

Par Aziz DAOUDA




Mercredi 24 Septembre 2025

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