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L’après Gaza


Rédigé par le Mardi 28 Novembre 2023



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La récente guerre de Gaza a été particulièrement destructrice pour les illusions de plusieurs intervenants géopolitiques.

Les fanatiques de l’extrême droite israélienne, qui participent actuellement au gouvernement de Benjamin Netanyahou, peuvent dire adieu à « Eretz Israël » (le grand Israël allant du Nil à l’Euphrate). Il n’adviendra jamais.

Ni la Jordanie, ni l’Egypte ne veulent devenir des patries de substitution pour les Palestiniens que les illuminés de Tel-Aviv veulent chassez de Gaza et de Cisjordanie. Et aucun des pays arabes voisins d’Israël n’est trop faible pour être obligé de se plier aux diktats de Tel-Aviv, encore moins de lui céder des territoires.

Les radicaux palestiniens et leurs soutiens régionaux, non plus, ne peuvent continuer de rêver de parvenir, un jour, à « jeter les juifs à la mer ». Ni les Etats-Unis, ni ses adversaires géopolitiques, la Russie et la Chine, n’optent pour le scénario de la destruction d’Israël.

Une solution définitive au conflit israélo-palestinien n’est, toutefois, nullement évidente. Un Etat pour les deux protagonistes n’arrange pas du tout les Israéliens, qui craignent, à terme, un débordement démographique palestinien. 

Quant à la création d’un Etat palestinien voisin d’Israël, désarmé ou pas, cette issue se heurte aux colonies sionistes parsemées en Cisjordanie, rendant impossible une continuité territoriale étatique palestinienne.

Le statuquo au Proche-Orient n’est, actuellement, pas un choix, mais une nécessité. L’autre option étant la guerre, avec un possible Armageddon nucléaire si Israël se sent menacée dans son existence.

Acteurs et sujets géopolitiques

Une autre illusion qui vient de s’évaporer, celle des Etats-Unis qui céderaient leur place à la Chine et à la Russie au Moyen-Orient. Washington a profité de la guerre à Gaza pour démontrer au monde entier que les Américains n’ont pas du tout l’intention d’abandonner leur influence dans cette région stratégique de la planète. Autant Moscou que Pékin en ont pris note.

La Russie est motivée pour défendre bec et ongles sa présence en Méditerranée orientale, à travers sa base navale à Tartous, en Syrie. Alors que la Chine avance patiemment ses pions au Moyen-Orient, en renforçant ses relations avec l’Iran et l’Arabie saoudite. 

La ligne rouge pour Pékin se situe au détroit d’Ormuz, qui donne accès au Golfe persique, et au détroit de Bab El Mandab, qui donne accès à la mer Rouge et, delà, à la Méditerranée, via le canal de Suez. Dans les deux cas, il s’agit plus, pour Pékin, de s’assurer de la fluidité sécurisée des échanges commerciaux que d’exercer une quelconque influence géopolitique.

Les pays arabes ont définitivement enterré leur illusion de peser collectivement sur le cours des évènements au Proche-Orient. Leurs divergences d’intérêts font d’eux des sujets géopolitiques plutôt que des acteurs. Les décisions sont prises à Washington, Moscou, Pékin, Ankara et Téhéran. 

Les Turcs et les Iraniens savent mieux jouer leurs cartes géopolitiques pour renforcer leur puissance régionale, avec suffisamment de pragmatisme pour ne pas chercher à contrecarrer ouvertement les intérêts des grandes puissances au Moyen-Orient.

L’Europe, pour sa part, se rend désormais compte qu’elle a également cessé de peser sur le cours des évènements, pour s’être totalement alignée sur la volonté de Washington. Plus personne n’écoute les décideurs européens au Moyen-Orient. 

De toute manière, les Européens ont beaucoup à faire pour nettoyer la casse en Ukraine, à leurs frais, même si ce sont les Etats-Unis qui ont provoqué ces dégâts. Un peu à l’image des Arabes, qui auront à payer la facture de la reconstruction de la bande de Gaza.

Dans le monde multipolaire en cours d’érection, les vielles querelles mortifères du Proche-Orient sont de moins en moins supportables pour les acteurs géopolitiques émergents.

Soit les pays arabes en prennent conscience et cessent leurs petits calculs d’épiciers, soit ils vont continuer à être relégués au rôle de spectateurs de leur propre destin, décidé ailleurs.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 28 Novembre 2023

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