Climat : la Banque mondiale muscle la défense du Maroc
Selon les estimations reprises dans le projet, le Maroc fait partie des pays les plus exposés de la région MENA. Chaque année, les catastrophes naturelles entraînent des pertes équivalentes à 0,6 % du PIB, avec un poids écrasant des inondations : près de 450 millions de dollars de dégâts annuels. L’urbanisation croissante – plus de 60 % des Marocains vivent en ville – amplifie la vulnérabilité du pays. Les centres urbains concentrent la richesse, les investissements et les emplois, mais aussi les risques hydriques et côtiers.
Les projections climatiques sont alarmantes. Deux tiers de la population et la quasi-totalité du tissu industriel pourraient être exposés à la montée des eaux ou aux inondations côtières. Tanger verrait ses infrastructures portuaires fortement menacées en cas de hausse du niveau marin, tandis que Casablanca pourrait perdre plus d’un milliard de dollars par an dans le scénario climatique le plus prudent. Une situation qui impose d’anticiper, planifier et agir vite.
Le programme soutenu par la Banque mondiale repose sur un mécanisme basé sur les résultats, parfaitement aligné avec la Stratégie nationale de gestion des risques. Il s’articule autour de cinq grandes priorités : protéger les infrastructures essentielles, mieux gérer les inondations, étendre les systèmes d’alerte précoce, accompagner les villes dans leurs politiques d’adaptation et renforcer la qualité des données climatiques.
Une grande partie de l’effort portera sur les infrastructures stratégiques. Le Maroc prépare un cadre national d’identification des actifs critiques afin d’éviter des interruptions majeures des services publics en cas de choc. Le volet “inondations” adoptera une approche intégrée mêlant ouvrages traditionnels, solutions vert-gris et dispositifs fondés sur la nature, afin de protéger davantage tout en respectant les écosystèmes.
Autre axe fort : la généralisation des systèmes d’alerte précoce, actuellement limités à quelques provinces. Le but est de couvrir tout le territoire, avec la capacité de détecter plusieurs risques : tempêtes, crues soudaines, mouvements de terrain… Sur le terrain urbain, les collectivités bénéficieront d’un accompagnement technique pour intégrer l’adaptation climatique dans leurs stratégies locales, comme l’ont déjà fait Fès et Mohammedia.
Ce programme s’inscrit dans une dynamique de long terme. Depuis 2017, le Fonds de réduction des risques a remplacé l’ancien Fonds catastrophes, et une direction nationale dédiée a vu le jour en 2020. Plus de 270 projets ont été cofinancés. Mais au vu de l’ampleur des menaces, un changement d’échelle était indispensable. Le nouvel appui de la Banque mondiale, adossé à des indicateurs de performance, permettra de consolider cette architecture et d’accélérer la mise en œuvre de solutions innovantes, notamment basées sur l’intelligence artificielle et les solutions naturelles.












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