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Le niveau de vie des Marocains : un déficit criant d’investissement culturel


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 14 Mars 2025



Une bourgeoisie sans projet culturel ?

Les chiffres du niveau de vie des Marocains en 2022-2023 sont éloquents : la culture reste une préoccupation marginale dans le budget des ménages. Avec seulement 0,5% des dépenses annuelles consacrées à ce secteur, soit l’équivalent de 103 dirhams par an et par foyer, la consommation culturelle apparaît comme un luxe que peu peuvent se permettre. À l’inverse, l’alimentation et le logement accaparent 63% du budget des ménages, laissant peu de place aux loisirs et aux activités intellectuelles.

Les réformes successives de l’éducation et de la santé ont contribué à une hausse significative de leur part dans le budget des foyers. En 2001, ces deux secteurs représentaient 9,2% des dépenses totales, contre 12,9% en 2022. L’essor des écoles privées et la précarisation des services de santé publique poussent de plus en plus de familles à investir dans ces domaines, au détriment d’autres postes budgétaires. Résultat : la culture, souvent considérée comme secondaire, est reléguée au rang de dépense non prioritaire.

Au-delà des considérations budgétaires, le mode de vie de la bourgeoisie marocaine reflète une absence de véritable projet culturel. Le consumérisme et l’ostentation dominent, avec une priorité donnée aux biens de luxe, aux voitures haut de gamme et aux voyages à l’étranger, au détriment du développement d’une véritable scène artistique et intellectuelle. Contrairement à d’autres élites dans le monde qui investissent dans des musées, des théâtres ou des fondations culturelles, la bourgeoisie marocaine peine à jouer ce rôle de mécène et de moteur de la création artistique.

L’implication de l’État reste, elle aussi, timide. Avec seulement 1,2% du budget national dédié à la culture, le Maroc investit bien moins que d’autres pays émergents qui ont compris l’importance de ce secteur dans le rayonnement d’une nation. Cette faiblesse budgétaire se traduit par un manque criant d’infrastructures culturelles accessibles : peu de bibliothèques, de théâtres ou de cinémas en dehors des grandes villes, et une offre culturelle souvent élitiste et déconnectée des réalités locales.

Face à ce constat alarmant, une "révolution culturelle" s’impose. Mais celle-ci ne peut être portée uniquement par l’État. Un engagement conjoint du secteur privé, du système éducatif et des familles est nécessaire pour changer les mentalités et redonner à la culture sa place dans la société. Cela passe par une intégration plus forte de l’éducation artistique dans les écoles, une démocratisation des lieux culturels, et une prise de conscience collective de l’importance de la culture dans le développement humain et économique du pays.

Le faible investissement dans la culture, tant au niveau des ménages que de l’État, pose un réel problème pour le développement intellectuel et social du Maroc. Une société qui ne valorise pas son patrimoine artistique et ne stimule pas la créativité de ses citoyens prend le risque d’une stagnation culturelle et d’une dépendance aux influences extérieures. L’urgence est donc de repenser la place de la culture dans notre modèle de société et de la considérer non plus comme un luxe, mais comme un levier essentiel de progrès et d’émancipation.





Vendredi 14 Mars 2025


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