Génération Z, institutions et méthode : l’équation marocaine
Pour une partie des jeunes mobilisés, la retenue a pu sonner comme une déception. Ils attendaient un geste spectaculaire, un changement d’équipe qui rassure les émotions. Pourtant, la politique adulte consiste moins à changer les noms qu’à forcer les résultats. La stabilité institutionnelle n’est pas un confort ; c’est l’infrastructure du long terme. Elle permet de transformer une colère en politique publique, un slogan en budget, un live Discord en décret d’application.
Le message central tient en trois verbes : écouter, prioriser, exécuter. Écouter, ce n’est pas applaudir tout ; c’est distinguer ce qui relève du justifié (accès aux soins, école utile, dignité de l’emploi, égalité des chances selon les territoires) de ce qui relève du réflexe punitif (l’illusion que changer les visages changera la réalité). Prioriser, c’est accepter qu’on ne fera pas tout à la fois ; l’État stratège tranche et séquence. Exécuter, enfin, c’est l’éthique de la preuve : la politique ne se raconte pas, elle se mesure.
Sur ce terrain, trois chantiers d’urgence peuvent sortir la rue de l’ornière et l’administration de l’abstraction.
Un État à métriques. La promesse sans indicateur est une invitation au soupçon. Il faut un tableau de bord public, mis à jour mensuellement, adossé à des cibles vérifiables : délais d’attente à l’hôpital, absentéisme scolaire, taux d’insertion des jeunes diplômés et des non-diplômés, accès à l’eau et au transport dans les communes rurales. Publier, c’est s’obliger.
Des contrats de territoire. Les inégalités ne se résorbent pas au journal officiel. Il faut des “contrats d’impact” préfectoraux de douze mois, cofinancés État–régions–communes, concentrés sur quelques variables simples : santé primaire (médecin, sage-femme, pharmacie de garde), collège réparable et sûr, bus qui arrive, guichet unique pour l’emploi local (apprentissage, chantiers à haute intensité d’emploi, services à la personne). La République, c’est aussi un horaire de bus qui passe.
Une porte d’entrée pour la Génération Z. La protestation ne vaut que si elle devient proposition. Instaurer un mécanisme d’auditions régulières des collectifs de jeunes au Parlement — calendrier, ordre du jour, suites écrites — ferait basculer l’indignation dans l’institution. À la clé : des “mesures 90 jours” sur lesquelles l’exécutif rend compte, sans storytelling superflu.
Reste la question sensible de la fermeté judiciaire. Les décisions lourdes rendues récemment ont choqué une partie de l’opinion. Qu’on le veuille ou non, l’État dispose d’un devoir de maintien de l’ordre ; la démocratie ne vit pas sans bornes. Mais la fermeté, pour être acceptée, doit être symétrique : intransigeante face aux violences, mais tout aussi intransigeante sur la probité administrative, les délais de justice sociale (bourses, aides, remboursements), et les abus de procédure. L’autorité se légitime quand elle est prévisible et équitable.
Le message central tient en trois verbes : écouter, prioriser, exécuter. Écouter, ce n’est pas applaudir tout ; c’est distinguer ce qui relève du justifié (accès aux soins, école utile, dignité de l’emploi, égalité des chances selon les territoires) de ce qui relève du réflexe punitif (l’illusion que changer les visages changera la réalité). Prioriser, c’est accepter qu’on ne fera pas tout à la fois ; l’État stratège tranche et séquence. Exécuter, enfin, c’est l’éthique de la preuve : la politique ne se raconte pas, elle se mesure.
Sur ce terrain, trois chantiers d’urgence peuvent sortir la rue de l’ornière et l’administration de l’abstraction.
Un État à métriques. La promesse sans indicateur est une invitation au soupçon. Il faut un tableau de bord public, mis à jour mensuellement, adossé à des cibles vérifiables : délais d’attente à l’hôpital, absentéisme scolaire, taux d’insertion des jeunes diplômés et des non-diplômés, accès à l’eau et au transport dans les communes rurales. Publier, c’est s’obliger.
Des contrats de territoire. Les inégalités ne se résorbent pas au journal officiel. Il faut des “contrats d’impact” préfectoraux de douze mois, cofinancés État–régions–communes, concentrés sur quelques variables simples : santé primaire (médecin, sage-femme, pharmacie de garde), collège réparable et sûr, bus qui arrive, guichet unique pour l’emploi local (apprentissage, chantiers à haute intensité d’emploi, services à la personne). La République, c’est aussi un horaire de bus qui passe.
Une porte d’entrée pour la Génération Z. La protestation ne vaut que si elle devient proposition. Instaurer un mécanisme d’auditions régulières des collectifs de jeunes au Parlement — calendrier, ordre du jour, suites écrites — ferait basculer l’indignation dans l’institution. À la clé : des “mesures 90 jours” sur lesquelles l’exécutif rend compte, sans storytelling superflu.
Reste la question sensible de la fermeté judiciaire. Les décisions lourdes rendues récemment ont choqué une partie de l’opinion. Qu’on le veuille ou non, l’État dispose d’un devoir de maintien de l’ordre ; la démocratie ne vit pas sans bornes. Mais la fermeté, pour être acceptée, doit être symétrique : intransigeante face aux violences, mais tout aussi intransigeante sur la probité administrative, les délais de justice sociale (bourses, aides, remboursements), et les abus de procédure. L’autorité se légitime quand elle est prévisible et équitable.
Colère sociale, cap institutionnel : l’épreuve de l’exécution
Le parallèle avec 2011 s’impose à l’esprit, mais la séquence actuelle n’est ni sa copie ni son miroir. Le pays est plus urbanisé, plus numérisé, plus éduqué ; la jeunesse n’attend pas des promesses, elle attend des preuves. Elle ne demande pas la lune : un médecin joignable, une école qui apprend, un premier emploi qui ne méprise pas, une administration qui répond. Le rôle du politique est d’aligner les tuyaux, pas de tenir la lampe torche.
Cette ligne de crête — reconnaître la justesse des demandes, préserver la continuité de l’État — n’est pas une posture, c’est un choix de gouvernance. Elle a un coût : l’impopularité auprès des impatients et la fatigue auprès des décideurs. Mais elle a une vertu : elle fabrique du temps utile. Et le temps utile, en démocratie, c’est celui qui transforme une revendication en service rendu.
Le pays a le capital humain, le capital social et, surtout, le capital institutionnel pour réussir cette traversée. À condition que chacun fasse sa part : la rue en s’organisant et en persévérant dans le pacifique ; l’exécutif en livrant, secteur par secteur, des résultats palpables ; le Parlement en contrôlant, sans théâtre, l’exécution ; l’administration en raccourcissant les délais au lieu d’allonger les formulaires. L’histoire récente le montre : ce qui change un pays n’est pas la flamboyance d’un moment, mais la précision d’une méthode.
La période qui s’ouvre n’est pas celle du grand fracas ; c’est celle des petits miracles quotidiens. Un centre de santé qui rouvre à l’heure, un bus qui dessert un douar oublié, un CFA qui place ses apprentis, une plateforme numérique qui répond en trois jours. Le reste suivra. Toujours.
Cette ligne de crête — reconnaître la justesse des demandes, préserver la continuité de l’État — n’est pas une posture, c’est un choix de gouvernance. Elle a un coût : l’impopularité auprès des impatients et la fatigue auprès des décideurs. Mais elle a une vertu : elle fabrique du temps utile. Et le temps utile, en démocratie, c’est celui qui transforme une revendication en service rendu.
Le pays a le capital humain, le capital social et, surtout, le capital institutionnel pour réussir cette traversée. À condition que chacun fasse sa part : la rue en s’organisant et en persévérant dans le pacifique ; l’exécutif en livrant, secteur par secteur, des résultats palpables ; le Parlement en contrôlant, sans théâtre, l’exécution ; l’administration en raccourcissant les délais au lieu d’allonger les formulaires. L’histoire récente le montre : ce qui change un pays n’est pas la flamboyance d’un moment, mais la précision d’une méthode.
La période qui s’ouvre n’est pas celle du grand fracas ; c’est celle des petits miracles quotidiens. Un centre de santé qui rouvre à l’heure, un bus qui dessert un douar oublié, un CFA qui place ses apprentis, une plateforme numérique qui répond en trois jours. Le reste suivra. Toujours.












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