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Le soleil, ami ou ennemi ? Le Maroc face au paradoxe de la vitamine D


Un pays de lumière… en carence :

Il suffit d’observer un après-midi à Marrakech ou à Ouarzazate pour comprendre à quel point le Maroc baigne dans la lumière. Le soleil y est presque un personnage national : il dicte les horaires, influence les humeurs, structure la vie quotidienne. Et pourtant, derrière cette apparente abondance solaire se cache un paradoxe inquiétant : près de 80 % des Marocains souffriraient d’une carence en vitamine D, selon plusieurs études locales.
Comment expliquer qu’un pays où le ciel bleu est quasi permanent soit confronté à une telle situation ?

Cette contradiction révèle quelque chose de plus profond : notre rapport contemporain à la nature, à la santé et à la prévention.



Quand la modernité fait de l’ombre au soleil

La vitamine D est souvent surnommée “la vitamine du soleil” car elle est synthétisée naturellement par la peau sous l’effet des rayons UVB. Mais depuis quelques décennies, notre mode de vie a changé. Les villes marocaines se verticalisent, les emplois se sédentarisent, et les journées se passent derrière des vitres ou des écrans.

L’exposition naturelle au soleil diminue, même dans un pays ensoleillé. Ajoutons à cela des facteurs culturels et esthétiques : la recherche d’une peau claire, la peur du vieillissement cutané ou du cancer de la peau conduisent beaucoup de personnes à éviter le soleil.

Les vêtements couvrants, la pollution atmosphérique et même certaines crèmes solaires réduisent encore davantage la capacité du corps à produire cette précieuse vitamine. Ainsi, le soleil, autrefois symbole de vitalité, devient paradoxalement un objet de méfiance.

La vitamine D, un pilier invisible de notre santé

Longtemps sous-estimée, la vitamine D joue pourtant un rôle essentiel. Elle contribue à l’absorption du calcium, au maintien des os, au bon fonctionnement du système immunitaire et même à l’équilibre hormonal. Un déficit chronique peut entraîner fatigue, douleurs musculaires, dépression saisonnière ou fragilité osseuse, notamment chez les femmes et les enfants.

Les médecins marocains observent depuis plusieurs années une hausse des troubles liés à ces carences. Mais le plus inquiétant est que la plupart des gens ignorent totalement leur niveau de vitamine D. C’est une “carence silencieuse” : elle progresse sans symptômes évidents, jusqu’à ce qu’elle affecte la santé sur le long terme.

L’alimentation peut-elle compenser le manque de soleil ?

Certains aliments sont naturellement riches en vitamine D : poissons gras (sardine, saumon, maquereau), œufs, foie, champignons… Mais dans le régime marocain traditionnel, ces produits ne sont pas consommés en quantités suffisantes pour couvrir les besoins quotidiens.

De plus, la vitamine D est une vitamine liposoluble, elle a besoin de graisses pour être absorbée efficacement or beaucoup de régimes modernes se veulent “allégés”, ce qui réduit encore son assimilation. Les nutritionnistes plaident donc pour une rééducation alimentaire douce, sans perdre l’identité culinaire marocaine :

– Introduire des sardines grillées plus souvent dans les repas familiaux.
– Privilégier les œufs fermiers et les huiles saines.
– Consommer des produits enrichis en vitamine D (certains laits ou céréales locales commencent à l’être).

Mais la vérité est simple : aucune alimentation ne peut remplacer complètement l’exposition solaire.

Une question de santé publique

Face à l’ampleur du phénomène, certains acteurs de santé plaident pour des politiques de prévention à grande échelle. Des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les entreprises pourraient rappeler les bienfaits d’une exposition solaire maîtrisée; une quinzaine de minutes par jour, bras et visage découverts, suffisent souvent à maintenir un bon taux de vitamine D.

Dans les régions rurales, où le soleil est plus fort mais où la nutrition reste parfois déséquilibrée, l’enjeu est différent : il s’agit d’enrichir les produits de base et de faciliter l’accès aux compléments. Des initiatives locales voient déjà le jour : certaines coopératives féminines produisent des huiles végétales enrichies, tandis que des pharmacies proposent des suppléments adaptés aux besoins climatiques marocains.

Le double visage du soleil

Le défi réside dans l’équilibre. Trop peu de soleil affaiblit le corps, mais trop d’exposition favorise le vieillissement cutané et augmente le risque de cancer de la peau. Les dermatologues rappellent qu’il ne s’agit pas de s’exposer aux heures les plus chaudes, mais de retrouver un lien raisonné avec la lumière. Le Maroc, grâce à son climat exceptionnel, pourrait devenir un modèle de prévention solaire intelligente, une approche qui conjugue tradition, science et bon sens.

En réalité, le problème n’est pas le soleil lui-même, mais la façon dont la modernité a transformé notre rapport à lui : nous avons délégué notre santé à des crèmes, des filtres et des suppléments, oubliant que la lumière reste une médecine gratuite, naturelle et universelle.

Retrouver la sagesse du rythme solaire

Nos ancêtres avaient intégré cette relation à la lumière dans leur mode de vie : se lever tôt, travailler à la fraîche, se reposer aux heures brûlantes, dîner avant la tombée de la nuit. Leur équilibre biologique suivait le cycle solaire. Aujourd’hui, l’électricité et les écrans ont effacé cette harmonie. Réapprendre à vivre avec le soleil, c’est aussi réapprendre à écouter son corps.

Quelques gestes simples peuvent tout changer :

Marcher quinze minutes le matin, ouvrir les fenêtres, préférer les terrasses aux bureaux clos, planifier ses activités extérieures aux heures douces. Ces habitudes, aussi anodines qu’elles paraissent, participent à un rééquilibrage profond du bien-être.

Un rayon d’avenir

Le paradoxe marocain de la vitamine D raconte bien plus qu’une simple histoire de nutrition : il révèle la tension entre tradition et modernité, entre progrès et nature. Et si, dans un monde saturé d’écrans, le véritable luxe était de prendre un bain de soleil conscient, sans culpabilité ni excès ?

La santé du futur ne réside peut-être pas dans les comprimés, mais dans un retour raisonné à la lumière : celle qui, chaque matin, se lève gratuitement sur le Royaume.

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Mercredi 5 Novembre 2025



Rédigé par Salma Chmanti Houari le Mercredi 5 Novembre 2025


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