Le bilan présenté lundi 1er décembre par le ministère de la Santé confirme que l’incidence reste faible 0,03 pour 1.000 habitants mais les disparités sont flagrantes. Les personnes les plus exposées affichent des taux très au-dessus de la moyenne : 2,2 % chez les professionnelles du sexe, 5,3 % chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, 5,3 % chez les personnes qui s’injectent des drogues, et 4,6 % chez les migrants.
 

Ces populations et leurs partenaires représentent 67 % des nouvelles infections. Autre élément marquant : trois régions concentrent 64 % des cas notifiés – Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Souss-Massa. À fin 2024, 66 % des personnes diagnostiquées étaient asymptomatiques, signe d’un dépistage renforcé mais aussi d’un virus qui circule silencieusement.
 

Le Maroc enregistre néanmoins une avancée importante : les nouvelles infections ont reculé de 22 % entre 2013 et 2024. Cette baisse s’explique par une forte progression du dépistage. La proportion de personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut est passée de 49 % à 80 %. Et parmi elles, 95 % reçoivent un traitement antirétroviral, un taux conforme aux standards internationaux.
 

Mais derrière ces progrès, une alerte persiste : celle de l’usage de drogues injectables. Les troubles liés aux substances psychoactives représentent 5,55 % des troubles mentaux dans le pays, soit près de 340.000 cas. Les injecteurs de drogues, estimés à 1.600 personnes en 2024, affichent une prévalence du VIH de 5,3 % – plus de 60 fois supérieure à celle de la population générale – et un taux dramatique d’hépatite C : 36,7 %.
 

Les hépatites virales restent également un défi. Selon l’enquête nationale 2019, la prévalence est de 0,5 % pour l’hépatite C, 0,7 % pour l’hépatite B, mais grimpe à 60 % chez les hémodialysés et les personnes injectrices de drogues. Des chiffres qui montrent que l’épidémie se concentre dans des groupes vulnérables et difficiles à atteindre.
 

Pendant ce temps, l’Afrique avance sur de nouvelles solutions thérapeutiques. Les premières injections de lenacapavir, un traitement préventif long-acting jugé très prometteur, viennent de débuter en Afrique du Sud, Eswatini et Zambie. Une avancée qui pourrait, à terme, transformer la prévention du VIH sur le continent le plus touché.