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Maroc à une seule vitesse le pari d’une convergence et d'une synchronisation réelle entre territoires
Le moment fort vient avec Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l'Istiqlal. Chiffres à l’appui, il remonte le fil des contrastes entre cartes et réalités : la pauvreté frappe quatre fois plus le rural (13 %) que l’urbain (3 %) ; trois régions pèsent 60 % du PIB ; au second semestre 2025, l’urbain gagne 113 000 emplois quand le rural en perd 107 000. L’accès aux services raconte la même histoire : en ville, l’eau potable frôle l’universalité (100 %), quand la campagne reste à 50 % ; 6,2 % des ménages urbains et 22 % des ménages ruraux n’ont pas Internet. L’indice de Gini, qui remonte de 38,5 à 40,5 entre 2019 et 2022, sonne comme un avertissement. Baraka nuance pourtant : cap maintenu sur l’investissement, avec plus de 55 milliards de dirhams pour désenclaver, et une électrification passée de 18 % en 1995 à 99 % en 2024. L’objectif n’est pas de freiner les régions performantes, mais de synchroniser les rythmes : locomotive en tête, wagons accrochés.
Le terrain de l’emploi reste le nœud de l’histoire. La jeunesse paie le prix le plus lourd : 35,8 % de chômage chez les 15–24 ans, 21,9 % chez les 25–34 ans, et 19 % chez les diplômés. Derrière ces chiffres, 1,5 million de jeunes hors emploi, études ou formation, majoritairement ruraux et féminins (58 % et 72 %). Autre angle mort : seules 20 % des femmes cherchent activement un travail, preuve que l’obstacle est autant culturel qu’économique.
L’école amplifie la fracture : alphabétisation inégale, 17 % d’analphabètes en ville contre 38 % en rural, et 34,4 % chez les femmes ; scolarité moyenne de 7,9 ans en urbain contre 3,2 ans en rural ; non-scolarisation initiale deux fois plus élevée à la campagne (62,7 % contre 29,9 %). L’accès au collège suit la même pente : 46,9 % en ville, pour 15,3 % en rural. En santé, la carte penche encore : 13,45 médecins pour 10 000 habitants à Rabat–Salé–Kénitra contre 2,92 à Drâa–Tafilalet ; 99 % des accouchements en établissement en ville, contre 75 % au rural ; et un besoin d’environ 30 000 médecins supplémentaires.
Que faire ? M. le ministre de l'équipement et de l'eau trace sept axes de marche : refonte de l’architecture territoriale et de la gouvernance ; programmes intégrés de développement rural ; diversification des revenus (agritourisme, agrotransformation, énergies locales) ; réforme de la protection sociale par les résultats ; maillage polycentrique et interconnecté ; consécration des femmes et des jeunes comme moteurs ; pacte moral et civique. Baraka pousse une idée simple et concrète : une « maison des services » dans chaque commune rurale, et un pacte des services publics dédié au monde rural.
Dans la foulée, Ryad Mezzour, membre du comex du parti de l'Istiqlal, prend le relais et revendique une méthode : diagnostic d’abord, action ciblée ensuite. Il décrit une coordination plus dense entre ministères et collectivités, et assume une vérité : le pays avance à des vitesses différentes, mais avance. Les outils esquissés veulent réduire l’attente citoyenne : sociétés régionales multiservices, groupes sanitaires territoriaux, réponses courtes et humaines à des besoins de long terme.
Le débat bascule ensuite vers l’efficacité des politiques. Zakaria Garti membre de l'alliance des économistes Istiqlalien, rappelle que le PIB a doublé en moins de deux décennies, mais que l’État évalue trop peu. Il propose d’aligner compétences et emplois, de muscler les politiques actives de l’emploi et de rehausser la productivité. Il défend aussi une voie rapide pour les NEET : bourses automatiques orientées vers l’OFPPT, exonération des frais, et un statut d’auto-entrepreneur renforcé pour sortir de l’informel. Le numérique devient une ligne de fracture annoncée : à l’horizon 2030, près de trois millions de Marocains risquent d’être hors réseau. Garti prône une tarification différenciée selon les zones.
Sur le terrain, Nadia Zeddou, fondatrice et DG de Green Wave voit la clé dans la convergence des politiques publiques : tant que la population n’est pas associée dès la conception, les grands projets restent des îlots. Elle plaide pour une ingénierie sociale à la bonne échelle : diagnostics fins, implication de la société civile, montée en compétences des décideurs locaux, accélération de la formation et de la digitalisation.
Casablanca s’invite au cœur du débat par la voix d’Abdellatif Maazouz, président du conseil régional et président de l'alliance des économites Istiqlalien, : ville vitrine, investissements lourds, emplois trop rares, poches de pauvreté qui persistent. Sa réponse : créer des centres émergents, de vraies mini-capitales au sein des collectivités, concentrant services publics et sociaux de proximité. En matière de ressources humaines territoriales, il veut donner davantage de latitude aux gestionnaires locaux : recruter, fixer les fonctions et les rémunérations, attirer les talents au plus près des besoins.
En contrechamp, Allal Amraoui, président du groupe parlementaire Istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme met en garde : la marge d'action des parlementaires demeure très limitée, et la régionalisation avancée n’en est qu’à ses débuts. La répartition des investissements publics au PLF 2026 lui paraît globalement tenable, malgré des écarts entre régions. Mais, selon lui, tout se jouera dans l’exécution de la Charte de l’investissement.
Au sortir de la salle, le fil conducteur s’impose : synchroniser sans freiner ; évaluer sans alourdir ; rapprocher les services sans diluer les responsabilités. Un État évaluateur, des régions responsabilisées et un maillage de proximité peuvent faire passer le Maroc de la promesse au déclic. L’égalité réelle n’est pas un slogan : c’est une synchronisation et une cadence à prendre et à tenir.
Le terrain de l’emploi reste le nœud de l’histoire. La jeunesse paie le prix le plus lourd : 35,8 % de chômage chez les 15–24 ans, 21,9 % chez les 25–34 ans, et 19 % chez les diplômés. Derrière ces chiffres, 1,5 million de jeunes hors emploi, études ou formation, majoritairement ruraux et féminins (58 % et 72 %). Autre angle mort : seules 20 % des femmes cherchent activement un travail, preuve que l’obstacle est autant culturel qu’économique.
L’école amplifie la fracture : alphabétisation inégale, 17 % d’analphabètes en ville contre 38 % en rural, et 34,4 % chez les femmes ; scolarité moyenne de 7,9 ans en urbain contre 3,2 ans en rural ; non-scolarisation initiale deux fois plus élevée à la campagne (62,7 % contre 29,9 %). L’accès au collège suit la même pente : 46,9 % en ville, pour 15,3 % en rural. En santé, la carte penche encore : 13,45 médecins pour 10 000 habitants à Rabat–Salé–Kénitra contre 2,92 à Drâa–Tafilalet ; 99 % des accouchements en établissement en ville, contre 75 % au rural ; et un besoin d’environ 30 000 médecins supplémentaires.
Que faire ? M. le ministre de l'équipement et de l'eau trace sept axes de marche : refonte de l’architecture territoriale et de la gouvernance ; programmes intégrés de développement rural ; diversification des revenus (agritourisme, agrotransformation, énergies locales) ; réforme de la protection sociale par les résultats ; maillage polycentrique et interconnecté ; consécration des femmes et des jeunes comme moteurs ; pacte moral et civique. Baraka pousse une idée simple et concrète : une « maison des services » dans chaque commune rurale, et un pacte des services publics dédié au monde rural.
Dans la foulée, Ryad Mezzour, membre du comex du parti de l'Istiqlal, prend le relais et revendique une méthode : diagnostic d’abord, action ciblée ensuite. Il décrit une coordination plus dense entre ministères et collectivités, et assume une vérité : le pays avance à des vitesses différentes, mais avance. Les outils esquissés veulent réduire l’attente citoyenne : sociétés régionales multiservices, groupes sanitaires territoriaux, réponses courtes et humaines à des besoins de long terme.
Le débat bascule ensuite vers l’efficacité des politiques. Zakaria Garti membre de l'alliance des économistes Istiqlalien, rappelle que le PIB a doublé en moins de deux décennies, mais que l’État évalue trop peu. Il propose d’aligner compétences et emplois, de muscler les politiques actives de l’emploi et de rehausser la productivité. Il défend aussi une voie rapide pour les NEET : bourses automatiques orientées vers l’OFPPT, exonération des frais, et un statut d’auto-entrepreneur renforcé pour sortir de l’informel. Le numérique devient une ligne de fracture annoncée : à l’horizon 2030, près de trois millions de Marocains risquent d’être hors réseau. Garti prône une tarification différenciée selon les zones.
Sur le terrain, Nadia Zeddou, fondatrice et DG de Green Wave voit la clé dans la convergence des politiques publiques : tant que la population n’est pas associée dès la conception, les grands projets restent des îlots. Elle plaide pour une ingénierie sociale à la bonne échelle : diagnostics fins, implication de la société civile, montée en compétences des décideurs locaux, accélération de la formation et de la digitalisation.
Casablanca s’invite au cœur du débat par la voix d’Abdellatif Maazouz, président du conseil régional et président de l'alliance des économites Istiqlalien, : ville vitrine, investissements lourds, emplois trop rares, poches de pauvreté qui persistent. Sa réponse : créer des centres émergents, de vraies mini-capitales au sein des collectivités, concentrant services publics et sociaux de proximité. En matière de ressources humaines territoriales, il veut donner davantage de latitude aux gestionnaires locaux : recruter, fixer les fonctions et les rémunérations, attirer les talents au plus près des besoins.
En contrechamp, Allal Amraoui, président du groupe parlementaire Istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme met en garde : la marge d'action des parlementaires demeure très limitée, et la régionalisation avancée n’en est qu’à ses débuts. La répartition des investissements publics au PLF 2026 lui paraît globalement tenable, malgré des écarts entre régions. Mais, selon lui, tout se jouera dans l’exécution de la Charte de l’investissement.
Au sortir de la salle, le fil conducteur s’impose : synchroniser sans freiner ; évaluer sans alourdir ; rapprocher les services sans diluer les responsabilités. Un État évaluateur, des régions responsabilisées et un maillage de proximité peuvent faire passer le Maroc de la promesse au déclic. L’égalité réelle n’est pas un slogan : c’est une synchronisation et une cadence à prendre et à tenir.












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