Un intérêt concentré et des mouvements marqués.
Derrière ces pourcentages, des évolutions frappantes. Le secteur bancaire, par exemple, a vu le volume transigé passer de 2,1 milliards de dirhams (MMDH) en 2023 à 2,5 MMDH en 2024. Même dynamisme dans le BTP/Matériaux : les échanges sont passés de 392 millions de dirhams à 1,1 MMDH un bond significatif.
Ces chiffres révèlent une préférence nette des investisseurs étrangers pour des valeurs « classiques », perçues comme stables ou à rendement certain plutôt que pour des secteurs plus volatils ou émergents. Ce comportement illustre une stratégie prudente, orientée vers le rendement, la stabilité et peut‑être un repositionnement post‑crise.
Une prudence marquée des étrangers malgré l’embellie générale
Pourtant, si ces quatre secteurs captent l’essentiel des volumes étrangers, les étrangers dans leur ensemble ne pèsent pas lourd dans l’ensemble des échanges. Selon l’AMMC, en 2024, la part des investisseurs étrangers dans le volume global transigé sur le marché central reste modeste, autour de 5 % en recul de 5 points par rapport à 2023.
Paradoxalement, la valeur des actions détenues par les investisseurs étrangers a grimpé à 182 milliards de dirhams, +7,8 % sur un an, tirée par la hausse de l’indice de la Bourse de Casablanca qui a gagné +22,16 % en 2024.
Ce constat révèle une logique : moins d’opérations, mais des positions plus longues, davantage de conservation. Les étrangers semblent privilégier l’investissement de moyen/long terme, misant sur l’appréciation de leurs portefeuilles plutôt que sur un trading actif.
Pourquoi cette concentration ?
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer :
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Liquidité et visibilité : banques, BTP, distribution, télécoms sont des secteurs bien établis, avec des titres liquides et un historique de résultats, rassurant pour les investisseurs étrangers.
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Performance macro‑économique : la reprise économique post‑pandémie, la dynamique de la construction et les besoins en infrastructures peuvent rendre le BTP attrayant. Quant aux banques ou télécoms, elles bénéficient d’un portefeuille de clients large, ce qui offre une certaine résilience.
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Rendement et dividendes : ces secteurs sont souvent perçus comme versant des dividendes réguliers, un critère prisé quand on cherche la stabilité.
Ce profil d’investissement concentré sur quelques secteurs montre que le marché reste bien segmenté, structuré autour de piliers historiques. Pour les étrangers, le risque est limité. Mais cela révèle aussi un manque relatif de diversification : des secteurs comme l’industrie, les nouvelles technologies, les services innovants ou les PME émergentes semblent moins captiver les flux étrangers.
Pour le Maroc, c’est un signal : l’appel à un développement plus large, à une diversification des secteurs cotés, et à l’ouverture vers l’économie de la connaissance. Cela pourrait attirer un type d’investisseur différent plus orienté croissance, innovation, et long terme.
L’analyse du rapport 2024 de l’AMMC montre un marché actions marocain où l’argent étranger circule de façon concentrée : quatre secteurs dominent deux tiers des échanges. Cela reflète à la fois une préférence pour la sécurité et la stabilité, et une certaine timidité à s’aventurer dans des segments plus risqués ou innovants. Pour le Maroc, le défi est clair : stimuler la diversification, rendre attractives de nouvelles niches, et élargir le pactole au-delà des valeurs traditionnelles. Ce serait un pas vers un marché capital plus inclusif et un signal d’espoir pour les investisseurs marocains et internationaux attirés par l’avenir du Royaume.
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