Un incident révélateur à Marrakech :
L’émotion a été immédiate : indignation des internautes, débats sur la légitimité des VTC (voitures de transport avec chauffeur), rappel au rôle des autorités compétentes. Mais surtout, cet épisode éclaire une fracture béante au Maroc : celle entre le transport traditionnel et les nouvelles mobilités numériques.
Les taxis au Maroc n’ont jamais vu d’un bon œil l’arrivée des applications comme Uber, Careem (avant son retrait du marché), Heetch ou aujourd’hui InDrive.
Leur argument : concurrence déloyale, absence de licences coûteuses, non-respect des réglementations strictes imposées aux taxis.
Du côté des utilisateurs, le constat est inverse : manque de transparence des taxis, refus fréquent de courses, tarifs négociés au hasard, état des véhicules parfois médiocre. Les applications, elles, offrent des prix affichés, un suivi GPS, une notation des conducteurs et une expérience perçue comme plus « moderne ».
Ce bras de fer, qui existe depuis près de dix ans, s’est accentué avec l’explosion des smartphones et la généralisation du paiement digital. Mais aucune solution claire n’a encore été trouvée, malgré les promesses de régulation répétées.
Le gouvernement marocain oscille depuis des années entre répression et tolérance pragmatique. D’un côté, des arrêtés locaux interdisent formellement l’exercice de ces applications. De l’autre, les usagers continuent à les utiliser massivement, et les autorités ferment souvent les yeux, faute d’alternative crédible.
Résultat : une zone grise juridique où chacun campe sur ses positions. Les taxis multiplient les manifestations et parfois les intimidations, tandis que les plateformes continuent de recruter des chauffeurs, profitant du vide réglementaire.
La question n’est plus anecdotique. D’ici cinq ans, le Maroc accueillera avec l’Espagne et le Portugal des millions de touristes pour la Coupe du monde 2030.
Imagine-t-on ces visiteurs, arrivés de Tokyo, Berlin ou Buenos Aires, forcés de négocier leur course dans un petit taxi sans compteur ?
Peut-on accepter que des scènes de poursuite entre taxis et VTC deviennent la vitrine internationale d’un pays censé démontrer sa modernité et son hospitalité ?
La mobilité urbaine est l’un des premiers contacts entre un touriste et une ville. Une mauvaise expérience peut ternir l’image d’un pays bien plus vite qu’un monument majestueux ou qu’une gastronomie raffinée ne peuvent la redorer.
Le Maroc n’est pas seul face à ce dilemme :
Pour le Maroc, plusieurs leviers s’imposent :
L’épisode de Marrakech n’est pas un simple fait divers. Il met en lumière un malaise profond : l’absence de confiance entre usagers, chauffeurs et institutions.
Les Marocains comme les touristes veulent juste un transport sûr, fiable et abordable. Tant que la loi restera floue, tant que la modernisation sera repoussée, le secteur restera un champ de bataille. Et chaque vidéo virale viendra rappeler au monde que derrière le sourire d’accueil, le chaos peut surgir au premier carrefour.
Le Maroc n’a plus le luxe de tergiverser. À l’heure où il se prépare à accueillir la planète football, le pays doit trancher : soit il reste prisonnier d’un système hérité du siècle passé, soit il embrasse pleinement l’ère numérique et construit un modèle hybride adapté à ses réalités.
Car une Coupe du monde ne se gagne pas seulement sur la pelouse. Elle se joue aussi dans un taxi, un VTC, un bus ou une application. Et c’est là que se construit l’image d’un Maroc moderne, digne et tourné vers l’avenir.
Les taxis au Maroc n’ont jamais vu d’un bon œil l’arrivée des applications comme Uber, Careem (avant son retrait du marché), Heetch ou aujourd’hui InDrive.
Leur argument : concurrence déloyale, absence de licences coûteuses, non-respect des réglementations strictes imposées aux taxis.
Du côté des utilisateurs, le constat est inverse : manque de transparence des taxis, refus fréquent de courses, tarifs négociés au hasard, état des véhicules parfois médiocre. Les applications, elles, offrent des prix affichés, un suivi GPS, une notation des conducteurs et une expérience perçue comme plus « moderne ».
Ce bras de fer, qui existe depuis près de dix ans, s’est accentué avec l’explosion des smartphones et la généralisation du paiement digital. Mais aucune solution claire n’a encore été trouvée, malgré les promesses de régulation répétées.
Le gouvernement marocain oscille depuis des années entre répression et tolérance pragmatique. D’un côté, des arrêtés locaux interdisent formellement l’exercice de ces applications. De l’autre, les usagers continuent à les utiliser massivement, et les autorités ferment souvent les yeux, faute d’alternative crédible.
Résultat : une zone grise juridique où chacun campe sur ses positions. Les taxis multiplient les manifestations et parfois les intimidations, tandis que les plateformes continuent de recruter des chauffeurs, profitant du vide réglementaire.
La question n’est plus anecdotique. D’ici cinq ans, le Maroc accueillera avec l’Espagne et le Portugal des millions de touristes pour la Coupe du monde 2030.
Imagine-t-on ces visiteurs, arrivés de Tokyo, Berlin ou Buenos Aires, forcés de négocier leur course dans un petit taxi sans compteur ?
Peut-on accepter que des scènes de poursuite entre taxis et VTC deviennent la vitrine internationale d’un pays censé démontrer sa modernité et son hospitalité ?
La mobilité urbaine est l’un des premiers contacts entre un touriste et une ville. Une mauvaise expérience peut ternir l’image d’un pays bien plus vite qu’un monument majestueux ou qu’une gastronomie raffinée ne peuvent la redorer.
Le Maroc n’est pas seul face à ce dilemme :
- En France, après des années de conflits, le gouvernement a encadré les VTC via une réglementation spécifique (licences, assurances, obligations fiscales) tout en maintenant le système de taxis.
- En Égypte, Careem et Uber ont été légalisés en 2018, soumis à une taxe et à une réglementation particulière, ce qui a apaisé les tensions.
- En Afrique du Sud, les taxis collectifs ont longtemps résisté à Uber, parfois violemment. Mais la régulation a fini par reconnaître les deux systèmes, chacun répondant à des besoins différents.
Pour le Maroc, plusieurs leviers s’imposent :
- Légaliser les applications VTC : mettre fin à l’hypocrisie juridique en adoptant une loi claire définissant leurs obligations (fiscales, sécuritaires, sociales).
- Réformer le secteur des taxis : repenser le système des licences souvent décrié, imposer le respect du compteur, encourager la modernisation des véhicules.
- Protéger les chauffeurs : créer des passerelles pour que les taximen puissent eux-mêmes rejoindre les plateformes numériques sans perdre leurs acquis.
- Préparer l’échéance 2030 : lancer dès maintenant un plan national de mobilité moderne, intégrant taxis, VTC, bus électriques et autres solutions, pour éviter une improvisation catastrophique.
L’épisode de Marrakech n’est pas un simple fait divers. Il met en lumière un malaise profond : l’absence de confiance entre usagers, chauffeurs et institutions.
Les Marocains comme les touristes veulent juste un transport sûr, fiable et abordable. Tant que la loi restera floue, tant que la modernisation sera repoussée, le secteur restera un champ de bataille. Et chaque vidéo virale viendra rappeler au monde que derrière le sourire d’accueil, le chaos peut surgir au premier carrefour.
Le Maroc n’a plus le luxe de tergiverser. À l’heure où il se prépare à accueillir la planète football, le pays doit trancher : soit il reste prisonnier d’un système hérité du siècle passé, soit il embrasse pleinement l’ère numérique et construit un modèle hybride adapté à ses réalités.
Car une Coupe du monde ne se gagne pas seulement sur la pelouse. Elle se joue aussi dans un taxi, un VTC, un bus ou une application. Et c’est là que se construit l’image d’un Maroc moderne, digne et tourné vers l’avenir.












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