Un marché d’assurance sous-développé mais des signes encourageants
Selon le dernier rapport officiel sur le marché des assurances en Mauritanie (exercice 2022), la contribution du secteur au PIB national atteint 0,33 %, en légère hausse comparée aux 0,27 % de 2019. Mais ce ratio reste très en deçà de la moyenne africaine, estimée à 2 % un écart révélateur de l’immaturité du marché local.
Autre observation : l’assurance auto accapare à elle seule 74 % des assurés. Ce déséquilibre montre à quel point le secteur est dépendant d’un seul type de couverture, au détriment de domaines aussi essentiels que la santé, l’habitation, les sinistres professionnels ou les risques agricoles. Le constat ? Malgré une population de près de cinq millions d’habitants et 17 compagnies d’assurances en activité, le marché peine à diversifier son offre.
Pourtant, un regain de dynamisme se dessine depuis 2020, notamment dans les segments non‑vie, selon le diagnostic confié au cabinet Finactu consulting et corporate finance, basé à Casablanca. Ce dernier évoque un « fort potentiel de croissance » : avec les réformes appropriées, la taille du marché pourrait être multipliée par trois voire par neuf.
Si cette projection peut paraître ambitieuse, elle s’appuie sur un constat simple : le besoin d’assurance reste largement sous‑exploité en Mauritanie un terreau fertile, à condition de structurer une offre adaptée et accessible.
Réformes en cours et perspectives autour de la Bourse de Nouakchott
La tenue de ces États généraux intervient dans le sillage d’une nouvelle législation adoptée en septembre 2025, transférant la supervision du secteur à la BCM. L’objectif affirmé : impulser une réforme profonde, moderniser les cadres réglementaires et stimuler l’investissement institutionnel.
Un des volets les plus ambitieux de cette réforme : le rôle assigné aux compagnies d’assurances comme investisseurs institutionnels au sein de la future Bourse de Nouakchott. En avril 2025, la BCM a signé, avec la Bourse de Casablanca, un protocole de coopération visant à accompagner la création de ce marché, apporter son expertise technique, et former les acteurs locaux.
Ce partenariat symbolise une volonté plus large de renforcer la coopération Sud‑Sud, d’inciter l’épargne nationale à servir l’investissement productif, et d’intégrer la Mauritanie dans les circuits financiers internationaux.
Pour le Maroc, et plus particulièrement pour les lecteurs marocains de L’ODJ Média, ce projet rappelle l’importance d’un secteur assurantiel solide et diversifié un pilier incontournable pour la stabilité sociale et le soutien de l’économie réelle, y compris dans des pays partenaires.
Pourquoi ce rendez-vous est crucial et ce qu’il reste à faire
Ces Assises de Nouakchott se veulent une étape décisive. Elles doivent aboutir à un contrat programme entre la BCM et les compagnies d’assurances, et plus symbolique encore à l’adoption d’un nouveau code des assurances destiné à remplacer la loi de 1993.
Mais au-delà du cadre légal, c’est la confiance des citoyens qui est en jeu. Pour que l’assurance cesse d’être un simple réflexe pour l’auto, il faudra développer des produits adaptés : santé, habitation, risques naturels… L’éducation financière, la transparence, la communication vont jouer un rôle central.
D’un autre côté, le succès de la Bourse de Nouakchott dépend également de l’attractivité des instruments financiers proposés et de la capacité des assureurs à mobiliser des capitaux. Si la vision est claire, la mise en œuvre exigera rigueur, gouvernance et volonté politique réelle.
La Mauritanie est à un tournant. Avec ces États généraux, elle ne se contente plus de constater un retard : elle s’engage à le combler. Pour le marché des assurances, c’est l’heure de la vérité un moment propice à l’espoir, mais aussi à l’exigence. Si les promesses se traduisent en actes, la population, les entreprises et l’économie tout entière y gagneront. À condition de ne pas louper le coche.
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