Óliver Laxe, primé au dernier Festival de Cannes pour son film Sirat, a une histoire singulière, faite de voyages, de spiritualité et d’un profond attachement à la culture marocaine. Né à Paris en 1982 de parents galiciens, il a grandi entre plusieurs mondes. Mais c’est au Maroc, où il a vécu quelques années, qu’il a trouvé une résonance particulière, une continuité de valeurs qui l’a marqué à vie.

Óliver Laxe n’est pas qu’un simple réalisateur, c’est un conteur d’histoires universelles. Dans Sirat, le film qui lui a valu le Prix du Jury à Cannes, il nous emmène dans un désert sans fin, où un homme cherche désespérément sa fille, perdue dans des raves illégales. « C’est une quête qui est aussi le destin même », explique-t-il. Derrière cette intrigue, se cache une réflexion profonde sur la vie, la foi et les relations humaines.

Pour Laxe, le Maroc a été une terre d’apprentissage, un miroir de sa propre culture paysanne galicienne. « En Espagne, nous sommes les enfants de trois cultures, et je vois qu’il y a clairement des vases communicants entre nous et l’islam », confie-t-il. Ce voisinage culturel, il l’a vécu intensément, entre les souks animés, l’hospitalité marocaine et une spiritualité omniprésente.

Dans Sirat, le désert devient un personnage à part entière. Immense, silencieux, presque oppressant, il reflète la solitude et l’errance intérieure de son héros. Mais ce n’est pas tout : le film est aussi une tentative de reconnecter avec une génération déconnectée. « J’ai conçu ce film pour atteindre ce public jeune qui n’a pas de repères, qui ne va plus au cinéma depuis longtemps », confie Laxe. Un pari audacieux dans un monde où TikTok et Netflix règnent en maîtres.

Pourtant, Sirat ne cherche pas à séduire à tout prix. Il interpelle, il dérange, il invite à la réflexion. Et c’est précisément ce qui le rend si puissant. Les images hypnotiques du désert, les silences habités et les dialogues minimalistes ne laissent personne indifférent. « J’espère que les images auront un effet sur eux et leur donneront envie de retourner au cinéma voir un autre film de ce type », ajoute-t-il.

Mais ce qui distingue vraiment Óliver Laxe, c’est sa spiritualité. Loin des clichés, il parle du Coran comme d’un texte qui l’apaise et l’inspire. « Le Coran m’enivre. Le Coran me soulage », dit-il. Pour lui, la foi, c’est avant tout accepter la vie telle qu’elle est, avec ses tragédies et ses cadeaux cachés. Une philosophie qui se reflète dans son cinéma, empreint de poésie et de mysticisme.

Ce que « Sirat » raconte sur notre époque

Avec Sirat, Óliver Laxe pose une question qui résonne particulièrement aujourd’hui : comment trouver des repères dans un monde en perpétuel mouvement ? Sa réponse, il la trouve dans la spiritualité, dans le lien avec la nature, et dans une certaine forme de simplicité. C’est une invitation à ralentir, à écouter, à ressentir.