Investir pour renforcer la souveraineté économique
Cette souveraineté repose sur trois leviers :
- La souveraineté productive, à travers la montée en gamme industrielle, la fabrication locale d’équipements, la substitution intelligente aux importations et la valorisation des filières stratégiques (automobile, aéronautique, hydrogène vert, pharmacie, agroalimentaire, défense).
- La souveraineté énergétique, grâce à l’accélération des projets solaires, éoliens et hydrogène, et l’intégration régionale (interconnexions avec l’Afrique et l’Europe).
- La souveraineté logistique et maritime, pierre angulaire encore sous-estimée de notre autonomie nationale.
- La souveraineté numérique, en développant des infrastructures de data centers, des plateformes d’interopérabilité publique et des solutions Cloud & IA souveraines pour la gouvernance et la productivité.
L’État doit ainsi devenir un investisseur stratégique et non plus seulement un régulateur, en s’appuyant sur une ingénierie financière modernisée :
- Partenariats public-privé (PPP) plus flexibles, adaptés aux risques sectoriels,
- Fonds souverains régionaux appuyés par des ressources locales,
- Banques de développement territoriales capables de financer des projets structurants au plus près du terrain.
Rééquilibrer le territoire : l’investissement au service de l’équité
Le PLF 2026 devra consolider la logique de régionalisation économique, déjà amorcée avec les Programmes de Développement Intégré (PDI) et les Contrats-Programmes Régionaux. Mais cette régionalisation doit changer de nature : elle ne doit plus être une simple déclinaison budgétaire, mais une stratégie d’investissement différenciée par territoire.
- Dans le Nord, priorité à la logistique, à l’industrie exportatrice et à la formation technique.
- Dans le Centre, consolidation du tissu PME et promotion de l’innovation.
- Dans le Sud et l’Oriental, développement des zones franches, valorisation du foncier public, et soutien aux filières agro-industrielles et touristiques.
L’investissement doit devenir un outil de cohésion territoriale, au même titre que la fiscalité ou les politiques sociales. L’équité territoriale ne consiste pas à égaliser les dépenses, mais à maximiser le potentiel économique de chaque région selon ses avantages comparatifs.
Un modèle d’investissement public renouvelé
Le PLF 2026 devrait introduire une culture d’évaluation et d’impact, basée sur trois piliers :
- Planification stratégique intégrée : aligner les projets d’investissement sur les objectifs du NMD et les priorités régionales.
- Efficacité d’exécution : réduire les délais, simplifier les procédures de passation et digitaliser la chaîne d’investissement public.
- Mesure de la rentabilité socio-économique : instaurer des indicateurs de retour sur investissement public, incluant les dimensions sociales, environnementales et territoriales.
L’enjeu est de passer d’une logique de “dépense publique” à une logique de “capital public productif”. Les Établissements et Entreprises Publics (EEP) doivent être au cœur de cette dynamique, en renforçant leur autonomie et leur responsabilité financière, tout en intégrant des mécanismes de reddition de comptes transparents.
Stimuler l’investissement privé et étranger
- Amélioration du climat des affaires (réduction des délais, sécurisation juridique, stabilité fiscale);
- Décentralisation des décisions d’investissement, via les Centres Régionaux d’Investissement (CRI) renforcés et dotés de pouvoirs réels.
Les Investissements Directs Étrangers (IDE) doivent être mieux ciblés, orientés vers les secteurs à externalités positives et intégration locale forte.
Mais surtout, il faut miser sur le capital marocain : les fonds souverains, les institutionnels, la diaspora marocaine et les grands groupes nationaux doivent devenir des acteurs de co-développement.
L’un des leviers clés sera la mobilisation des Marocains du monde : non plus comme simples épargnants, mais comme co-investisseurs stratégiques dans les filières d’avenir et les territoires d’origine.
Soutenabilité financière et gouvernance
Le financement de l’investissement doit reposer sur des mécanismes innovants :
- Obligations vertes et sociales,
- Financement mixte (blended finance) pour les projets durables,
- Mobilisation du foncier public comme actif financier au service de l’investissement productif.
La transparence et la gouvernance devront être au centre de ce nouveau paradigme. Chaque projet financé doit être traçable, évaluable et communicable : la confiance des citoyens et des investisseurs passe par la clarté de la gestion publique.
De la dépense à la puissance d’investissement
C’est par lui que le Maroc consolidera sa souveraineté, réduira ses inégalités territoriales et préparera l’émergence d’une économie résiliente, compétitive et inclusive.
L’histoire économique des nations montre que ceux qui investissent au bon moment, dans les bons secteurs, avec la bonne gouvernance, sont ceux qui écrivent leur propre destin. Le Maroc a cette opportunité. Le PLF 2026 doit en être la boussole.
Par Saad Faouzi : CTO de Digitum Business - Expert en transformation digitale, innovation technologique et leadership stratégique.












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