Une musique qui brise le silence
Et le problème n’est pas dans ce qu’il dit. Il est dans ce qu’il révèle. Comme la vague des révoltes socio-politiques de 1968 en France, en Allemagne, à l’université de Berkeley au Etats Unis avant d’atteindre le reste du monde, le rap est devenu une sorte de cartographie sonore de nos fissures collectives. Il ne crie pas, il hurle un état des lieux : la rue, les failles, les colères et les rêves brisés.
De New York à Casablanca : chronologie d’un bouleversement
Poésie de rue et brutalité stylisée
Le rap, c’est la musique du verbe cru et du rythme qui balance. Une musique du mot brut qui bouscule les définitions de ce que l’on appelle musique. C’est n’est pas une faute de goût. C’est une autre esthétique qui s’en fout de la bonne tenue et de la bienséance. D’où Qawad’-ha, le mot par lequel le scandale est arrivé. S’étant au moins penché sur son étymologie ? Il est dérivé du verbe qada, yaqoudou (a dirigé, dirige), et du mot verbale Quiada (direction) qui ont donné caïd, titre d’un respectable agent d’autorité ; Qa’-ide (chef, guide et leader), dont fort probablement est issu en dialectal le terme qwade (proxénète) qui va accoucher à son tour du fameux qawad’-ha d’ElGrande Toto. Il peut signifier de manière égale : a fait une bêtise ou commis un gros impair, a tout raté ou encore a tout bousillé.
Un langage qui éclate la langue
Les réseaux sociaux aidant, il défie la censure et les convenances. Il devient selon une expression que je trouve éloquente, une ‘’forme d’activisme sonore’’. Le rap nargue les conservatismes, explose les normes bourgeoises de la bonne tenue en société.
On a souvent essayé d’établir un parallèle entre le rap et le slam. La comparaison tient mais dans des limites. Le slam est plus poli (de polir), plus lent quand le rap est percussif, rapide, syncopé. Deux formes d’oralité que traduit finement une définition que j’ai lue dans un post : ‘’ le rap danse avec les mots, tandis que le slam matche avec eux’’.
Héritiers du ‘’Bronx marocain’’ ?
Ils disent la même chose, mais pas de la même manière d’une jeunesse qui n’a pas attendu ElGrande Toto, le plus extrême et le moins musical de ses consorts, pour planer soft ou se shooter hard, mais dont il est quelque part le produit avant de devenir par ce qu’il faut appeler son art, son porte-parole autoproclamé avant d’être plébiscité par elle dans cette fonction.
On n’y fait pas très attention, mais le rap est aujourd’hui un exutoire et de ce fait en même temps une soupape de sécurité sociale. Est-ce un hasard s’il est bien intégré dans le circuit du soft power culturel marocain que représentent Mawazine, Jazzablanca, L’Boulevard… bénéficiant de parrainages, de sponsors, de campagnes officielles et autres clips subventionnés ?












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