Régionalisation avancée : 72% des emplois concentrés dans 5 régions
Ce déséquilibre met en lumière les limites de la régionalisation avancée, un projet pourtant présenté comme une solution pour réduire les disparités territoriales. Adoptée en 2015, cette politique visait à transférer davantage de compétences et de ressources financières aux régions, dans le but de stimuler leur développement économique. Cependant, force est de constater que les résultats tardent à se concrétiser, notamment dans les régions les plus enclavées, comme Drâa-Tafilalet ou l’Oriental, qui continuent de souffrir d’un manque criant d’investissements et d’infrastructures.
Plusieurs facteurs expliquent cette concentration des emplois, d’une part, les grands pôles urbains, comme Casablanca ou Tanger, bénéficient de la présence d’infrastructures modernes, d’un accès facilité aux marchés et d’un écosystème entrepreneurial dynamique. D’autre part, les régions rurales peinent à attirer les investisseurs, en raison de leur enclavement géographique, de l’insuffisance des services publics et d’un capital humain souvent sous-qualifié.
Ce phénomène n’est pas propre au Maroc, de nombreux pays connaissent des déséquilibres similaires. En France, par exemple, l’Île-de-France concentre une grande partie des emplois, malgré des politiques de décentralisation mises en place depuis plusieurs décennies. Cependant, certains pays ont réussi à atténuer ces disparités grâce à des mesures incitatives. En Espagne, par exemple, des zones franches ont été créées pour encourager les entreprises à s’installer dans les régions moins développées.
Pour le Maroc, plusieurs pistes peuvent être envisagées pour corriger ces déséquilibres. Tout d’abord, il serait nécessaire de renforcer les incitations fiscales pour les entreprises souhaitant investir dans les régions rurales. Ensuite, un effort particulier doit être fait en matière de formation professionnelle, afin d’adapter les compétences des travailleurs locaux aux besoins du marché. Enfin, le développement des infrastructures, notamment les routes et les réseaux de télécommunication, est indispensable pour désenclaver ces régions.
Les conséquences de cette concentration des emplois sont multiples, elle limite le potentiel de croissance des régions rurales, tout en accentuant la pression sur les infrastructures des grandes villes, déjà saturées et contribue à creuser les inégalités et à alimenter l’exode rural, avec des conséquences négatives sur la cohésion sociale.
En conclusion, la répartition déséquilibrée des emplois au Maroc illustre les défis auxquels le pays est confronté dans sa quête d’un développement régional équilibré. Si des progrès ont été réalisés, notamment dans certaines régions comme Tanger-Tétouan-Al Hoceima, beaucoup reste à faire pour que la régionalisation avancée tienne toutes ses promesses. Une approche plus proactive, associant l’État, les collectivités locales et le secteur privé, sera nécessaire pour réduire ces disparités et offrir à chaque région les moyens de son développement.