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Quand le destin du Haut-Karabakh bascule - ( Deuxième partie )


Rédigé par le Mardi 3 Octobre 2023

Dans le piège de cristal de Staline !




En 1994, éclate une guerre de haute intensité remportée par les Arméniens du Haut-Karabakh. C'est le premier conflit armé dans cette région depuis la chute de l'URSS .

 L'Arménie ne déclare pas la guerre directement à l'Azerbaïdjan, mais bien sûr, entre-temps, Erevan soutient les Arméniens du Karabakh et on arrive à une situation dans laquelle les Arméniens du Karabakh ont récupéré 80% de l'enclave, mais aussi toute une zone tampon qui entoure cette enclave et qui va se solder par la mise en fuite de 800 000 réfugiés azéris.

 Toutes les villes azerbaïdjanaises qui étaient autour sont systématiquement détruites. ​C'est énorme !
Un profond traumatisme dans la société azerbaïdjanaise est créé ainsi qu'une profonde soif de revanche et de vengeance. Ce qu'il faut comprendre, c'est l'impact de cette victoire militaire qui se solde par la perte de 14% de territoire azerbaïdjanais.

Les Arméniens considèrent que c'est une zone de sécurité, une zone tampon, une profondeur stratégique qui va leur permettre de négocier, en quelque sorte, la paix contre les territoires qui sont autour du Karabakh.

Mais le drame, c'est qu'on est tout juste après 1994, donc le gouvernement arménien qui est présidé par Levon Ter-Petrossian, plutôt proche [du président russe de l’époque] Boris Eltsine. Levon Ter-Petrossian est un pragmatique, il considère qu'il est impératif de négocier une paix juste sur la base de concessions mutuelles : on rend tous les territoires, on fait un référendum pour l'autodétermination.

Ce dernier était persuadé que le statu quo n'était pas tenable et que les Azéris pourraient renverser le rapport de force. Il n’avait pas tort, mais il a été renversé en 1998 par sa garde rapprochée qui était composée en totalité par des gens du Karabakh. Ces derniers étaient des partisans d'une solution « maximaliste ».

C'est-à-dire, qu’aux yeux des dirigeants du Karabakh, il n’y avait pas de paix sans leur condition, à savoir la reconnaissance pleine et entière de l'indépendance du Karabakh ou de son rattachement à l'Arménie sans concessions.

Cette stratégie, ils l’ont payée très cher : Levon Ter-Petrossian est remplacé par Robert Kotcharian, son Premier ministre, précédemment président du Karabakh. C’est un nationaliste pro-russe qui pensait que tant que l'Arménie serait l'allié de la Russie, cela serait une forme d’assurance-vie, parce que la Russie avait besoin de l’Arménie à l'époque comme seul allié fiable dans la région du Caucase.

Le problème, c'est que progressivement, l'Azerbaïdjan est monté en puissance : à partir de 2002, le gazoduc Bakou -Tbilissi (en Géorgie)-Ceyhan (en Turquie) est mis en activité. L'Azerbaïdjan commence à voir son PIB grandir et surtout ses dépenses en armement.

Tout au long des années 2000 et 2010, on voit une diplomatie azerbaïdjanaise extrêmement proactive, multilatérale et faisant des alliances avec l'Asie, Israël, l'Angleterre et même avec la Russie.

Pendant ce temps, les Arméniens vont confier leur sécurité uniquement à la Russie. Ils vont rater ce qu'ont réussi à faire les Azéris : avoir des alliances avec toutes les grandes puissances, même si elles sont antagonistes (Pakistan et Israël, par exemple). Les Arméniens restent dans l’illusion que les Russes sont là pour toujours !
Mais le contexte a changé en 2016 avec la guerre de « Quatre jours ».


 

La chute du Haut-Karabakh était-elle prévisible ?

En 2016, pendant ces quatre jours, l'Azerbaïdjan enfonce les défenses arméniennes et au bout de quatre jours, la Russie négocie un cessez-le-feu.

A  ce moment-là, on se rend compte du décalage des rapports de force et que les Arméniens n'ont pas l'avantage militaire. Et puis quatre ans plus tard, arrive la pandémie de COVID et les élections aux États-Unis.

L'Azerbaïdjan lance une phase offensive, mais cette fois-ci, la grande nouveauté, c'est que l’armée turque est avec eux. Avant, l’armée turque n'était pas présente sur le terrain, elle envoyait des conseillers, mais n'était pas aux commandes.

Là, l'armée turque participe à la guerre via ses forces spéciales, via son armée de l'air et via les jihadistes qu'elle recrute en Syrie. C'est une défaite totale des Arméniens, parce qu'ils sont face à l'armée turque et l'armée azerbaïdjanaise, avec du matériel israélien qui fait des ravages dans tous les systèmes de défense antiaérienne.

En parallèle, les Russes finalement ne peuvent pas s'aliéner la Turquie et l'Azerbaïdjan, parce qu'ils ont vraiment besoin d’eux pour leurs intérêts géostratégiques. Alors, les Arméniens se sentent un peu abandonnés par les Russes.

À Erevan, il y a cette conviction que la Russie s’est éloignée, parce que le gouvernement de Nikol Pachinian qui a pris le pouvoir en 2018, au terme d'une révolution de velours, a un agenda pro-occidental.
Pour la Russie, c'est inacceptable et donc ils leur font payer.

De 2020 à 2023, l’Azerbaïdjan mène une guerre hybride contre les Arméniens. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas rempli leurs objectifs.
L'Azerbaïdjan a trois objectifs : premièrement, anéantir le Karabakh arménien, ce qui est maintenant réalisé grâce au nettoyage ethnique qui est en cours.

Puis le second objectif : mettre en place un corridor extraterritorial dans le sud de l’Arménie qui donne une continuité territoriale avec la Turquie. Ce corridor est important pour les Turcs parce que c'est par cet endroit que vont passer les tuyaux du futur gazoduc.

Ils souhaitent l’avoir de gré ou de force. Et le troisième objectif, c’est un accord de paix avec l'Arménie, mais qui est plutôt un accord de capitulation sur la base de nouvelles concessions territoriales. Voilà ce qui est en jeu Aujourd'hui.


Avec RFI 





Hafid Fassi fihri
Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne,... En savoir plus sur cet auteur
Mardi 3 Octobre 2023

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