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Santé publique au Maroc.. un système sous perfusion


Rédigé par le Mercredi 24 Septembre 2025

Le Maroc vit une contradiction criante. Alors que le pays s’apprête à investir des milliards dans la préparation de la Coupe du Monde 2030 et affiche une ambition internationale grandissante, ses hôpitaux publics, eux, se dégradent à vue d’œil. La santé, pilier fondamental de toute société moderne, est aujourd’hui le miroir d’inégalités profondes et d’une gouvernance fragilisée par la corruption, le manque de ressources et l’absence de volonté politique durable.



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Quand les hôpitaux publics deviennent le maillon faible

À Agadir, l’hôpital Hassan II illustre tragiquement cette réalité. Devenu tristement célèbre pour les décès mystérieux de plusieurs femmes, il est désormais surnommé par la population « l’hôpital de la mort ». Derrière ce symbole, ce sont des millions de Marocains qui constatent quotidiennement l’effondrement d’un système censé les protéger. Couloirs surchargés, manque d’équipements de base, pénurie de médecins et d’infirmiers : la promesse d’un accès égalitaire aux soins se dissout dans l’attente interminable et la douleur.

À ce tableau déjà sombre s’ajoute un contraste choquant. Tandis que le secteur public agonise, le privé prospère. De grands groupes hospitaliers, comme Akdital, étendent leur réseau à travers le pays, offrant des infrastructures modernes et des soins rapides… mais à des tarifs inaccessibles pour la majorité. Le financement de l’assurance maladie, qui devrait soutenir l’hôpital public, alimente largement ce secteur privé florissant. Résultat : un Maroc à deux vitesses, où l’argent ouvre les portes des cliniques, tandis que la pauvreté condamne à patienter — parfois jusqu’à l’irrémédiable.

​Le problème n’est pas seulement budgétaire. Transparency International a récemment pointé la régression du Maroc dans son indice de perception de la corruption. Le secteur de la santé est en première ligne : "favoritisme dans les recrutements, détournements de fonds, achats d’équipements gonflés, contrats douteux"selon Transparency International !

Chaque scandale fragilise davantage la confiance des citoyens et alimente la colère. Le gaspillage de ressources, dans un domaine où chaque dirham devrait sauver des vies, devient insupportable.

Santé en crise, citoyens en colère : le test du système marocain

Ce qui choque encore plus, c’est la hiérarchie des priorités nationales. Les milliards débloqués pour la Coupe du Monde 2030 contrastent avec les budgets faméliques alloués aux hôpitaux. Beaucoup de Marocains se demandent pourquoi le pays trouve les moyens de financer des stades sans en contester la pertinence, mais peine à offrir un lit propre, une seringue stérile ou un respirateur fonctionnel à ses malades. La santé publique n’est pas un luxe ; elle devrait être la première ligne de défense d’une nation.

Face à ces manquements, les manifestations se multiplient. Dans les grandes villes comme dans les villages reculés, la demande est claire : de meilleurs hôpitaux, des routes praticables pour y accéder, des réseaux mobiles pour alerter et informer. La santé devient un cri collectif, un marqueur de la dignité bafouée. La colère populaire ne vise pas seulement les carences du système, mais aussi les promesses répétées du gouvernement restées lettre morte.

La crise actuelle ne peut être réduite à une question d’infrastructures vétustes. Elle pose un problème de gouvernance. Elle révèle la distance grandissante entre un État qui multiplie les annonces (Des CHU en cours de construction dans chaque région) et une population qui n’y croit plus. Elle montre aussi que le développement économique vanté dans les rapports officiels ne profite pas aux services de base. La santé est le thermomètre du contrat social : quand elle décline, c’est tout le pacte national qui vacille.

Il est encore temps d’agir. Le Maroc dispose d’un vivier de compétences médicales, souvent parties à l’étranger faute de perspectives locales. Il possède des capacités budgétaires, prouvées par l’ampleur des investissements consentis dans d’autres domaines. Ce qui manque, c’est une volonté claire de placer la santé au sommet des priorités, loin des logiques de rente et des calculs électoraux. Sans ce sursaut, la fracture entre public et privé continuera de s’élargir, transformant la santé en privilège réservé aux plus aisés.

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Admin Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 24 Septembre 2025

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