Le Maroc vieillit à grande vitesse. Selon l’Institut royal des études stratégiques (IRES), la part des Marocains âgés de 60 ans et plus est passée de 9,4% en 2014 à 12,7% en 2023 et pourrait atteindre 23,2% en 2050.

Cette évolution démographique n’est pas sans conséquence pour le marché du travail et l’économie nationale.

Le vieillissement s’explique par l’allongement de l’espérance de vie et la baisse de la fécondité.

Le HCP prévoit que la population jeune entrant sur le marché du travail (18-24 ans) continuera de croître jusqu’en 2032, avant de décliner jusqu’à 3,8 millions en 2050. À l’inverse, la tranche des 50-59 ans augmentera de 22%, passant de 21,1 à 25,7 millions.

Conséquence : une offre de travail qui va se transformer et qui demandera des ajustements rapides de la part des entreprises.

Les secteurs les plus touchés seront la santé et les services aux personnes âgées.

L’étude de l’IRES souligne que la demande pour ces métiers va exploser, créant de nouvelles opportunités mais aussi des coûts supplémentaires pour les entreprises, notamment en matière de formation et de gestion des départs à la retraite.

Les dépenses de santé vont augmenter, et avec la généralisation de la couverture maladie, le coût du travail pourrait grimper, affectant l’épargne et les investissements.

Pour les secteurs exigeant du travail qualifié, deux options se présentent : prolonger la carrière des seniors, coûteuse et difficile à reconvertir, ou recruter des jeunes moins payés, ce qui améliorerait la compétitivité des entreprises à l’international.

Mais à moyen terme, une pénurie de main-d’œuvre qualifiée pourrait se faire sentir. Dans le secteur informel, où 60% des actifs travaillent, l’auto-emploi prolongera l’activité des seniors, mais avec un impact négatif sur la qualité du travail et les revenus.

Pour anticiper cette transition, le Maroc doit agir sur plusieurs fronts : raccourcir les cycles de formation, augmenter le taux d’activité des femmes et des seniors, inciter à puiser des talents dans le secteur informel, et amorcer la robotisation de l’industrie et l’intégration de l’IA dans les services.

Ces mesures permettront de retarder la pénurie de main-d’œuvre et de préparer le pays à un marché du travail plus équilibré.

Le Maroc se trouve à un tournant : comment concilier une population vieillissante avec la compétitivité économique et l’emploi des jeunes ?

Les prochains choix politiques et économiques détermineront si le pays saura transformer ce défi démographique en opportunité ou s’il se heurtera à des tensions sur le marché du travail. Une chose est sûre : le chrono est lancé, et chaque année comptera.